(Unità Naziunale – Lutte de masse – Lutte institutionnelle – Publié le 2 mai 2021) Dans un communiqué de presse parvenu à notre rédaction, sept militants nationalistes historiques lancent un appel aux leaders politiques nationalistes élus, dans une lettre ouverte.
Chjama à i Capizzoni pulitichi naziunalisti eletti
Appel aux leaders politiques nationalistes élus
Ni soutien inconditionnel, ni caution, ni blanc-seing
Depuis les années 70, nous avons été, avec d’autres, de toutes les luttes, de tous les combats, sur tous les terrains pour défendre le peuple corse et revendiquer la reconnaissance de ses droits collectifs sur sa terre et de son droit à la maîtrise de son destin..
Durant près de cinquante ans, habités et portés par nos fondamentaux, nos seules convictions et notre foi, – et non par une recherche quelconque de mandats, de postes ou d’honneurs-, nous avons œuvré pour la juste cause du peuple corse.
Nous avons connu la répression, les barbouzes, le harcèlement judiciaire et policier, la prison, (près de 3000 ans cumulés..), le maquis, les assignations à résidence, les exils, les provocations, les pressions, les menaces de toutes sortes… Nous avons vu beaucoup des nôtres disparaître tragiquement, de tous les bords. Nous avons souffert dans notre chair et dans notre âme, au vu des attaques et des agressions subies par la Corse et les Corses… Nos familles, nos pères, nos mères, nos enfants, nos amis ont subi les conséquences de notre engagement.
Beaucoup des nôtres ont laissé la vie, ont tout sacrifié, se sont sacrifiés, ont délaissé ou perdu leur travail…
Nous nous sommes égarés sur des chemins perdus, victimes de nos errements, de nos erreurs, de nos fautes.. D’autres sont encore, hélas, toujours en prison, d’autres toujours recherchés… et une vingtaine d’autres condamnés à des parties civiles à des sommes allant du million d’euros voire à plus d’un million sept cent mille euros, et leurs maisons placées sous hypothèque conservatoire…
Nous avons vécu des temps difficiles, connu le doute, le découragement, la lassitude, le désenchantement… traversé de dures périodes d’affrontements, de tensions et de drames… Mais nous nous n’avons jamais perdu espoir, et n’avons jamais un seul instant cherché refuge dans l’abandon et le reniement, car notre engagement a toujours été porté par le sens du devoir, la défense du bien public, de l’intérêt commun et la nécessité de sauver ce peuple pour lui donner les moyens d’être reconnu dans ses droits, de s’émanciper et de s’épanouir chez lui dans la liberté et la dignité de tous.
“Tamanta strada”, credo répété à l’envi par certains élus de la CdC, nous, nous l’avons faite cette route, nous y étions sur cette route avec vos pères et vos oncles, avec vos parents, proches ou lointains, ce qui n’est le cas que pour très peu d’entre vous.
Nous avons applaudi, dans la joie et l’allégresse, à votre victoire, à notre victoire en 2015, puis en 2017. L’émotion nous a submergés et nous nous sommes laissé porter par l‘espoir de voir enfin, après tant d’années, un début de concrétisation de nos rêves, de notre rêve commun à toutes et à tous…
Nous vous avons épaulés, soutenus du mieux possible, conscients de l’immensité de votre tâche et des difficultés qui vous attendaient avec les embûches et obstacles que l’Etat et les revanchards de tous bords multipliaient sous vos pas pour vous empêcher d’avancer, surtout notamment avec la disparition de leurs sphères de pouvoirs liées aux Conseil Généraux..
Le pouvoir que nous avons contribué à vous donner avec le peuple, en vous plaçant aux commandes des institutions actuelles de l’île représentait une mission que vous deviez accomplir au service de la sauvegarde de la Corse et de son peuple, et ne signifiait nullement la fin du chemin et des luttes vers l’émancipation. Avec près de 57% des suffrages vous aviez une force politique incontestable face à l’Etat et aux oppositions à nos idées pour imposer le dialogue.. et de véritables négociations sur des évolutions nécessaires dans tous les domaines vers une une réelle autonomie politique, – dotée d’un pouvoir législatif spécifique, dévolu à notre île-, qu’il nous faut tous ensemble arracher, pour, enfin, rejetant la sujétion, l’assistanat et le clientélisme, commencer à construire une Corse économiquement viable et tournée vers l’avenir, la modernité et le progrès social pour tous durant votre mandature à venir…
Et puis le temps a passé, et au fil des mois et des années, nous n’avons rien senti venir ou avancer, nous n’avons rien vu, ou pas grand chose, changer, et nous avons commencé à nous interroger, à nous demander si nous ne nous étions pas tous laissé bercer d’illusions et endormir.
Nous avons alors commencé à douter des succès et des résultats dont vous vous glorifiez, de votre action et de vos engagements, du pourquoi de vos échecs, que vous imputiez toujours in fine à la politique de l’Etat, sans songer un seul instant à vous remettre en question quant à votre politique et à vos pratiques.
Nous ne vous avions pas élus que pour “une meilleure gestion”, mais pour des évolutions et des changements en profondeur, pour porter et exprimer toujours avec force, détermination et conviction, chaque jour, dans toutes vos décisions et vos prises de position, – de la plus insignifiante à la la plus importante-, la continuité et la réaffirmation permanente de l’axe essentiel et de la philosophie de votre rôle d’élus du peuple corse : La défense prioritaire des Corses en toute chose et la reconnaissance de nos droits individuels et collectifs, de notre droit à la maîtrise de notre destin.
Et puis sidérés, le temps passant, nous sommes allés de déception en déception, de désillusions en désillusions quand nous avons vu et nous voyons ce qu’est devenue notre Corse, déjà si malmenée avant, depuis 2015…
Les dangers courus et les attaques subies par la Corse et les Corses, que nous dénoncions et combattions avant 2015, non seulement n’ont pas été contrecarrés, mais elles se sont amplifiés et nos ennemis, nos adversaires de toujours, les opposants à nos idées, avec lesquels vous avez cru innocemment pouvoir composer, ont peu à peu repris du poil de la bête, assurés qu’ils sont du soutien des autorités et de l’administration françaises dans l’île.
Les forces de l’argent, relayées par les affairistes de toutes sortes, y compris locaux, et les intérêts mafieux, quant à elles, ont poursuivi, et amplifié depuis, leur destruction de notre Corse et de notre âme, comme si rien ne s’était passé dans cette île durant plusieurs décennies, comme si le peuple ne vous avait pas élus pour vous opposer à elles.
Et aujourd’hui, vous vous représentez en ordre dispersé aux suffrages, votre alliance n’est plus celle de 2015 et 2017 ! Serait-ce une preuve de plus que vos intérêts partisans ont pris le dessus sur les intérêts collectifs et supérieurs de la Corse ?
Qu’avez-vous fait du Ghjuramentu de 2015, quand, renouant avec les « Cunsulte » historiques paolistes, vous avez prêté serment, de “servir l’intérêt collectif du peuple corse” ? (« Giustificazione », 1758).
Nous le disons clairement, non seulement nous ne serons pas, ou plus, vos soutiens inconditionnels, mais nous ne voulons pas, ou plus, en aucun cas, vous servir de caution face à l’histoire, lorsque vous invoquez votre continuité du nationalisme des dernières décennies.. Et nous ne vous donnerons pas un blanc- seing d’office pour ces élections.
Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini,
Nous savons que vous vous retrouverez majoritairement ensemble au second tour.
Nous savons aussi que le retour des revanchards et de la réaction aux responsabilités à la CdC constituerait assurément un retour en arrière, ce que nous ne souhaitons pas, en aucune façon.
Mais pour autant, nous tenons à vous le dire :
La politique que vous avez suivie depuis 2015, n’est pas la nôtre et votre bilan, qui ne peut évidemment qu’être meilleur par rapport à celui plus que nocif et négatif de vos prédécesseurs, ne nous suffit pas.
Nous vous interrogeons et vous interrogeons publiquement :
– Quid des dossiers serpents de mer liés aux déchets, aux Transports ?
– Quid d’une politique économique, découlant d’un projet de société dont la défense de notre identité, de notre culture, de notre langue, de ses traditions, pour plus de justice sociale et d’équité constituerait l’axe, le pivot central, soutendant tout projet quel qu’il soit, surtout face à la minorisation des Corses sur leur propre sol ?
– Quid de l’alternative au tout-tourisme et au tout libéralisme, les Corses n’en récoltant que les miettes et subissant les nuisances et les inconvénients ?
– Quid de la Spéculation immobilière.. et foncière, confinant l’île à n’être qu’une simple zone résidentielle ? La flambée des prix au m2, plus de 200000 euros pour 1000 m2, ne permet pas à nos enfants et à la majorité des Corses, d’acheter un terrain pour construire leur maison..
– Quid du sort des sites sanctuarisés, à Scandula, Bonifaziu, Porti Vechju, a Balagna.. et d’autres..
– Quid de la dépendance liée aux importations, renforcée par la grande distribution et le Consortium corso-breton, au détriment des filières (bois, pierre, eau, énergie.. entre-autres) et des productions locales ?
– Quid de la défense de l’intérieur et du monde rural, – et notamment de l’agriculture sylvo-pastorale qui a fait notre richesse et l’instauration de circuits courts qui peuvent le faire aujourd’hui -, face à l’expansion de l’urbanisation et des zones littorales vouées au tout-tourisme et à la spéculation ?
– Quid de la défense, de la protection et du développement de notre patrimoine naturel, de notre environnement, de nos forêts, de nos rivages et de nos côtes ?
– Quid des cumuls de fonctions et de mandats, une pratique devenue pire qu’avec les vieux clans disparus, du pouvoir d’achat, du coût de la vie, du logement et de l’emploi pour les Corses ?
– Quid d’une concertation régulière avec le monde associatif et les syndicats et socio-professionnels, au-delà du monde politique et institutionnel ? 40 ans de luttes, de combats, de maillage de terrain avec les associations, les Collectifs, les syndicats, les Comités territoriaux… et puis plus rien, « sbandati! »
– Quid de la condamnation et de la dénonciation du poids de la délinquance sous toutes ses formes au sein de notre société ?
– Quid de la transparence et du contrôle des subventions et aides publiques dans tous les domaines, vous qui parliez d’une “maison de cristal” ?
Qu’allez-vous, qu’allons-nous, – au-delà du progrès, de la modernité, et de certaines nécessaires évolutions qui ne sont pas propres à notre île-, laisser en héritage aux futures générations..
Nous réaffirmons quant à nous que la nation corse existe et était reconnue par les puissances de la Méditerranée, – bien avant que la nation française ne soit constituée par les armes et la domination-.. et que son aspiration à l’émancipation est son droit légitime…
Nous vous demandons donc une réponse publique à nos questionnements et nos inquiétudes.. pour éclairer le peuple et nous éclairer sur vos intentions, votre feuille de route, vos propositions et vos ambitions.
Nous verrons alors en fonction de vos réponses, quelle sera notre position par rapport à cette prochaine échéance territoriale..
Pà una Corsica corsa Avvia u populu corsu Avvia a nazioni !
NB : Nous demandons aux femmes et les hommes de Corse qui souscrivent à cette interpellation et qui veulent la soutenir, de la signer, la divulguer, la partager et la reprendre en compte en fonction de leurs possibilités et de leurs moyens d’information..
Jo Peraldi : Détenu politique
Ghjuvan’ Battista Rotilj Forcioli : Aleria 75, Détenu politique
Pierrot Susini : Blessé à Aleria 75
Jean-Pierre Susini : Aleria 75, Recherché
Nanou Battestini : Recherché, Détenu politique
Louis Sarocchi : Aleria 75, Détenu politique
Pierre Poggioli : Aleria 75, Recherché, ancien élu CdC
Les réponses :
Jean Guy Talamoni ce 20 mai 2021 :
« Cari fratelli,
En ma qualité de président de l’Assemblée de Corse et de membre de l’un des deux principaux groupes de cette Assemblée, mais surtout en tant que militant nationaliste depuis 45 ans, je ne crois pas inutile de donner mon sentiment sur votre « appel aux leaders nationalistes élus” Venant d’être investi par ma formation pour conduire une liste aux prochaines élections territoriales, il m’appartient, comme à d’autres responsables, de réagir à vos propos.
Loin de moi l’idée de chercher à récupérer la lettre ou l’esprit de votre texte, qui relève de votre responsabilité exclusive. Je constate toutefois une identité évidente de points de vue entre votre appel d’une part, et les prises de position publiques de Corsica Libera d’autre part, et ce depuis au moins trois ans.
Exprimant votre déception, vous évoquez principalement deux points :
– Le fait que la majorité se cantonne à la gestion de la Collectivité : « Nous ne vous avions pas élus que pour une meilleure gestion . »
– La désunion de cette majorité se présentant aux élections « en ordre dispersé”
Sur le premier sujet, le mouvement et les élus de Corsica Libera sont intervenus publiquement et régulièrement depuis trois ans. Je citerai simplement à cet égard un extrait de la conférence de presse de Corsica Libera, publié dans Corse-Matin le 13 septembre 2018 : « Après une phase de redressement des institutions de la Corse, d’état des lieux et d’annonce d’objectifs politiques, les Corses attendent que notre mandature se traduise de façon plus forte par des réalisations qui déclinent les fondamentaux de notre combat” Les domaines évoqués lors de cette conférence de presse rejoignent largement ceux que vous mentionnez vous- mêmes parmi les priorités qui devaient être celles d’une mandature nationaliste : « Défense de la terre, de la langue, de l’agriculture, traitement des déchets, dossier maritime avec une compagnie maîtrisée par la puissance publique, développement économique respectueux… » S’agissant de ces différents domaines, ainsi que du rapport à l’administration d’État – question que vousabordez également -, force est de constater que nous n’avons pas toujours été entendus.
Sur le second point, celui concernant la dispersion des forces nationalistes à l’occasion des élections territoriales, beaucoup a été dit et écrit ces dernières semaines et nul n’ignore à présent les efforts fournis par Corsica Libera pour maintenii l’unité de « Per a Corsica’,’ ainsi que le respect des accords passés pour dix ans. Efforts demeurés vains, malheureusement.
En conclusion, nous espérons de tout cœur que la raison finira par s’imposer dans les esprits el que les calculs électoraux et politiciens s’effaceront devant l’intérêt supérieur de la Corse. Poui notre part, nous œuvrerons inlassablement en ce sens (…). »
Gilles simeoni le 29 mai 2021
Cari voi sette,
Vous m’avez adressé, ainsi qu’à d’autres responsables nationalistes élus, une lettre ouverte. Je vous y réponds par ce courrier, que vous rendrez public si vous le souhaitez. Vous rappelez d’abord dans votre lettre votre parcours, votre engagement et les sacrifices consentis au nom de notre idéal commun, la cause du peuple corse.
Vous soulignez également combien le combat mené a été difficile et douloureux, pour vous et pour des centaines de militantes et de militants, comme pour leurs familles et pour leurs proches. Nous n’oublions rien de ce passé douloureux et savons ce que nous vous devons, à vous et à celles et ceux qui ont été les premiers à se lever contre l’injustice.
En ce qui me concerne, je sais, à la fois comme militant et comme avocat, par où vous êtes passés.
Notre histoire est d’ailleurs largement commune : plusieurs d’entre vous m’ont vu naître et savent que j’ai fait partie, comme vos filles et fils, des enfants souvent privés de leur père et de leur mère, et confiés à des proches pendant les années de militantisme, de jour et de nuit, de cavale, et de prison. Votre vie a été consacrée à la Corse et à son peuple : la mienne aussi.
Je connais et apprécie chacun de vous individuellement et respecte profondément votre patriotisme, au-delà des désaccords politiques que nous avons pu, pouvons, ou pourrons avoir.
Rien ne vous autorise à douter du mien, ni à le mettre en cause. Dans ma vie de militant, dans mon exercice professionnel d’avocat, dans l’exercice de mes mandats électoraux, j’ai été totalement et irréductiblement fidèle à notre idéal, comme aux valeurs universelles de démocratie, de justice et d’éthique qui en sont pour moi des composantes essentielles.
« Comme seule boussole le serment prêté devant les Corses »
Depuis que les Corses m’ont fait l’immense honneur de m’élire Président du Conseil exécutif de Corse, j’ai consacré toutes mes forces et tout mon temps à être digne de la confiance qu’ils m’ont témoignée, en cherchant à faire les meilleurs choix pour nos idées et pour la Corse, et en veillant en permanence à renforcer les logiques d’apaisement et de cohésion au sein de la société corse.
Je l’ai fait avec comme seule boussole le serment prêté devant les Corses – U ghjuramentu – et la volonté de défendre l’intérêt général. Et en respectant strictement les engagements pris avec mes partenaires et devant les Corses, au nom de la liste que je conduisais en 2015 puis en 2017 : nous inscrire dans le fil historique du combat mené pour le peuple corse, et construire notre pays avec tous les Corses qui, sans être nécessairement d’accord avec toutes nos convictions, partagent sur l’essentiel notre vision de la Corse d’aujourd’hui et de demain.
Ceci étant rappelé, je veux répondre à vos questions et à vos critiques. Elles se développent à partir de deux axes principaux :
– La remise en cause de la politique menée depuis 2015 et l’insuffisance des résultats obtenus depuis lors ;
– Le fait que les différents courants du nationalisme se présentent séparés au premier tour de scrutin des élections territoriales de juin 2021 après avoir été unis pour trois d’entre eux en 2015 (au deuxième tour de scrutin) et 2017 (au premier tour de scrutin) ;
Sur le premier point, je peux comprendre votre impatience, vos attentes, vos déceptions, et certaines de vos critiques. J’ai notamment conscience du caractère imparfait de l’action qui a été menée, et donc de la nécessité de nous doter des moyens politiques, organisationnels et humains, de faire plus et mieux, notamment dans le mandat à venir.
Ce mandat durera six années et demie : il doit être celui de la poursuite de la révolution pacifique initiée en décembre 2015, de la concrétisation de notre projet, et de la transmission à la jeunesse, qui est la prunelle de nos yeux et pour laquelle nous nous battons.
Vous avez, dans cette œuvre de transmission, un rôle important à jouer. Et il appartient aussi aux élu(e)s et aux mouvements dont ils sont issus de mieux associer aux décisions les militantes et militants, et particulièrement les militantes et militants historiques.
Vous et beaucoup d’autres considèrent ne pas avoir eu suffisamment de lisibilité sur les décisions prises par les responsables politiques qu’ils ont contribué, par leur engagement et par leur vote, à faire élire.
Il y a là une carence qui relève principalement du fonctionnement, non des institutions, mais des mouvements et partis : elle doit être comblée. Je suis à votre disposition pour que nous abordions ces points dans le cadre d’une discussion politique générale et ai des propositions concrètes à vous faire à cet égard.
Vous m’interpellez ensuite sur la nécessité impérieuse d’obtenir des résultats plus forts et plus rapides pour les fondamentaux de notre combat, dans un contexte où des mécanismes puissants (ceux de la spéculation ; du recul de la langue ; de la fragmentation de la société corse ; de la logique des bandes et des factions) tendent à rendre chaque jour la situation plus dégradée, voire irréversible.
Je partage votre préoccupation : nous devons faire barrage à ces dangers mortels, par la mobilisation populaire et démocratique et par la force de notre projet.
« Construire notre pays (…) nécessitera encore du temps »
Je vous réponds aussi qu’on ne change pas une société qui a été profondément marquée par des décennies de colonialisme, d’aliénation, de clientélisme, de clanisme, de dépendance économique, sociale, et culturelle, en gagnant deux élections successives, fût-ce avec 56 % des suffrages exprimés, ni en six années.
Construire notre pays, obtenir une solution politique et une autonomie de plein droit et de plein exercice nécessitera encore du temps, de la volonté, du travail, et des luttes démocratiques, aussi bien dans le rapport à l’État que dans notre propre capacité à transformer profondément la société insulaire et à nous opposer aux puissances de l’argent ou aux logiques de prédation.
Vous me posez à cet égard plus d’une dizaine de questions sur les politiques mises en œuvre dans des domaines stratégiques comme l’économie, les déchets, les transports, la défense de l’intérieur et du monde rural, la langue, la défense de notre patrimoine naturel, la transparence et le contrôle des subventions…
Dans tous ces secteurs, nous avons commencé à changer profondément les choses, et à apporter des réponses concrètes aux problèmes de tous les jours auxquels est confrontée une grande majorité de Corses : cherté de la vie ; accès au logement ; droit au travail et à la santé ; qualité de vie.
Nous avons pris des décisions fortes, qui ont contribué à réduire les fractures sociales, générationnelles et territoriales qui minent la société corse, et à renforcer la solidarité, entre les citoyens comme entre les territoires.
Tout en faisant face aux urgences sanitaires, économiques, et sociales liées à la crise du Covid-19. Tout cela, nous l’avons fait avec des moyens institutionnels et budgétaires limités, et avec pour interlocuteurs un État et un Gouvernement opposés à toute solution politique. Et nous avons bien fait de le faire, car gérer le quotidien, c’est aussi gouverner.
« Le sens de l’histoire est de faire converger (…) tous les nationalistes »
Je vous propose que nous nous rencontrions pour que je vous présente de façon détaillée ce qui a été accompli et les résultats d’ores et déjà obtenus, et que nous échangions sur ce qu’il faut faire pour améliorer notre action.
De la même façon, je me tiens à votre disposition pour que nous parlions ensemble des raisons qui conduisent à ce qu’il y ait quatre listes nationalistes au premier tour de scrutin. En ce qui me concerne, je suis convaincu que le sens de l’histoire est de faire converger, travailler, et gouverner ensemble tous les nationalistes, et plus largement, toutes celles et ceux qui partagent la volonté de construire ce pays. Cet objectif a été le fil conducteur de mon action depuis que je me suis engagé en politique, et il continuera de l’être.