Dans le cadre de l’histoire de la LLN (Premiers attentats, premiers procès – procès d’un peuple)
Dans la nuit du 25 au 26 mars 1977 : Un commando de 8 hommes armés du F.L.N.C, investit le Relais de Fort LACROIX, ils désarment les sentinelles, les attachent à un arbre et minent le complexe militaire.
Dans la nuit du 25 au 26 mars 1977, Francis Lorenzi, Paul Anziani, Baty Darnaud, Antoine Dominique Mattéi et moi-même (Pantaleon Alessandri) étions prêts à passer à l’attaque.
Notre cible : le relais hertzien militaire de Fort Lacroix, installé au-dessus de Bastia dans un bâtiment datant de 14-18. Le FPCL avait toujours voulu mener cette action et avait chaque fois reculé, aussi, la réaliser nous-mêmes nous permettait de prouver notre détermination. Cette fois, c’était directement l’État français que nous visions. Les lieux avaient été surveillés pendant des jours et des nuits. Nous savions tout, ou presque… Un grillage cisaillé, quelques enjambées, quand soudain je le vis face à nous. Il hésitait. Nous l’avions vu lors des repérages et la décision avait été prise de le neutraliser en le poignardant. Le temps de nous interroger du regard – qui va l’abattre ? – qu’il reculait déjà, ventre au sol, crevant de peur. Il n’a plus bougé, n’a pas aboyé. Le chien venait de sauver sa peau. Voie libérée, nous avons foncé vers le corps de garde pour prendre sans peine les trois militaires.
« FLNC, tout va sauter, y a-t-il quelqu’un d’autre que vous dans le bâtiment ?
– On a un homme en bas, bafouilla l’un d’eux. Il dort, il s’est foulé la cheville dans la journée et n’est pas rentré chez lui. »
L’imprévu était de taille ! Nous n’avions compté que trois hommes de garde, la nuit, au fort.
Nous précipitant dans un autre bâtiment en contrebas, nous avons effectivement trouvé le quatrième garde, profondément endormi et bien décidé à le rester.« Debout, FLNC, réveille-toi, tout va sauter.
– Ça va, les gars, je suis crevé, laissez-moi dormir. »
Se retournant contre le mur, il s’était déjà rendormi !
« FLNC, t’as pas compris ! On n’est pas tes copains.
– C’est ça ! Fous-moi la paix. J’ai pas envie de rigoler, je veux dormir. »
Je fus obligé de le saisir par l’épaule et de le tirer face à nous tandis que l’un d’entre nous cassait son arme, lui montrait le barillet plein, la refermait et la lui collait sur la tempe.
« T’as compris ? »
Sa réaction fut l’inverse de celle que nous voulions provoquer. Pris de terreur, le bidasse était totalement incapable de se lever et tremblait de tous ses membres. Nous avons été obligés de le soulever, de le tenir et de lui passer nous-mêmes son pantalon pour enfin le porter à l’abri. La scène était cocasse !
Une fois les quatre militaires ligotés sous des arbres suffisamment éloignés de l’explosion, nous avons activé nos charges et sommes repartis en empruntant la 4L de l’armée.
Le corps de garde, gravement endommagé, dut être rasé, et le pylône du relais, bien qu’encore debout, avait vacillé sur sa base et était hors service. Une partie de la surveillance en Méditerranée n’était plus assurée. Mais nous n’avions pas détruit ce que nous ignorions être le plus important : la salle technique du relais. L’impact de notre action fut pourtant considérable.
Extrait du livre de PANTALEON ALESSANDRI « INDÉPENDANTISTE CORSE »
Dans la même nuit : 6 attentats dans la région de Bastia et d’Ajaccio. (Villas et dépôts commerciaux sont ciblés par le FLNC, dont le relais de Fort Lacroix)
Selon le journal d’ANTENNE 2 de l’époque ces actions auraient été mené pour s’opposer à la vente d’un terrain immobilier et touristique de 2700 hectare dans l’extrême sud
JEUDI 31 MARS 1977 : « Le domaine de Testa Ventilegne a été vendu hier à Paris pour 57.500.010 F ». Quelques dizaines de corses étaient venus assister, cet après-midi, au palais de justice de Paris, à la vente aux enchères du domaine de ‘Testa Ventilegne’, un ensemble de 2545 hectares de terrains situés sur les communes de Bonifacio et Figari. Il a été adjugé sur une seule enchère de 57 Millions à un client non encore connu de Maitre Touny. Le lot mis en vente hier provient de la liquidation des biens de six sociétés faisant partie du groupe Lefort constitué au total de cinq sociétés, toutes tombées en faillite. Ces 2545 hectares, composés de terre, maquis, rochers, étangs, marais, chênes lièges, pins et oliviers, avec 17km de côtes appartenaient jadis aux familles Pietri, Nicolai et Giovanangeli. Celles-ci ont vendu leurs terrain en 1958, 1970 et 1971 à deux sociétés qui les ont-elles-mêmes cédés au groupe Lefort en vue de l’édification d’un complexe de vacances. Mais ce groupe a fait faillite.
Après la vente, plusieurs corses ont exprimé leur inquiétude. Ce site exceptionnel ne risque- t-il pas d’être endommagé dans des conditions irréparables ?