(Revue de presse – Unità Naziunale Publié le 12 décembre 2020 – Journal de la Corse) Je ne puis accepter que l’on passe sous silence que des hommes qui se sacrifient pour une certaine idée de la Corse et ce sans causer la moindre souffrance à quiconque, soient soumis à d’immondes conditions carcérales et sanitaires.
Dans les années 1970, les éditorialistes des principaux titres de la presse écrite de Corse ne partageaient pas les idées nationalistes. A la une de Corse Matin-Corse, Jean Bisgambiglia affichait ses idées de droite. Ce qui s’inscrivait logiquement dans la ligne éditoriale d’un titre qui était alors sous la direction d’un ancien journaliste, Michel Bavastro, qui avait lié ses intérêts à ceux de la très réactionnaire famille Médecin qui régnait sur Nice et du grand patronat de cette ville. A la une du Provençal Corse, Paul Silvani portait le message de la gauche radical-socialiste. Il était en phase avec la ligne éditoriale d’un titre qui revendiquait être le « Journal des patriotes socialistes et républicains » selon la volonté de son propriétaire Gaston Defferre, alors maire socialiste de Marseille. Enfin Aimé Pietri, à la fois dirigeant, rédacteur en chef et éditorialiste du magazine Kyrn, usait d’une plume acérée et indépendante. Ce pouvoir de critiquer et sortir du cadre était fondé sur un important lectorat et des recettes publicitaires qui provenaient en majeure partie de chefs d’entreprises qui contestaient le système politique en place. Jean Bisgambiglia et Paul Silvani avaient bien entendu respectivement tendance à privilégier les prises de position et les réactions de la droite et de la gauche. Quant à Aimé Pietri, il pourfendait qui bon lui semblait et s’en tenait à une option régionaliste. Cependant, ces trois éditorialistes que tout semblait opposer ou du moins différencier, avaient un point commun : ils respectaient les hommes qui avaient à pâtir de la répression. En effet, s’il advenait que leurs écrits eussent la dent dure avec les mouvements nationalistes et notamment les organisations clandestines, ils n’accablaient jamais les prisonniers politiques, accordaient une place dans les colonnes à tout ce qui touchait au soutien à ces derniers (communiqués, conférences de presse, soirées de solidarité…) et n’hésitaient pas à préconiser de la retenue dans la répression, de la clémence dans les verdicts et que soient ouvertes au plus vite les portes des prisons. Les trois grands de la presse écrite corse des années 1970 n’avaient pas la fibre nationaliste mais avaient l’âme corse.
Silence coupable
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