Coronavirus : familles, associations et partis politiques alertent sur la situation des prisonniers politiques corses depuis début mars- #Corse #Covid19

(Unità Naziunale Publié le 16 avril 2020) A la veille de la journée internationale des prisonniers politiques du « 17 avril » (crée en 1975 et 2004 lien ici), la situation des prisonniers politiques corses incarcérés en pleine pandémie préoccupe les familles, les associations et les partis politiques.

Retour sur les premiers communiqués et la montée en puissance virtuelle de la question sanitaire des prisonniers politiques en pleine période de pandémie covid-19.

Actuellement il y aurait 10 prisonniers politiques corses, 1 personne assignée à résidence: 

  1. Alessandri Petru, condamné à perpétuité, interpellé en 99, période de sûreté étant arrivée à échéance le 25 mai 2017, conditionnelle depuis 2017;
  2. Albertini Jean-Christophe, condamné 5 ans de prison, incarcéré le 23 août 2019;
  3. Courbey Cédric, condamné à 12 ans de prison, incarcéré le 4 avril 2014;
  4. Colonna Yvan, condamné à perpétuité, interpellé en 2003; période de sûreté terminée en 2021??
  5. Ferrandi Alain, condamné à perpétuité, interpellé en 99, période de sûreté étant arrivée à échéance le 25 mai 2017, conditionnelle depuis 2017;
  6. Garelli Ghjilormu, en préventive depuis décembre 2019;
  7. Matarise Adrien, en préventive depuis décembre 2019;
  8. Muselli Julien, en préventive depuis décembre 2019;
  9. Paoli Franck, condamné à 5 ans de prison, incarcéré depuis le 12 septembre 2017;
  10. Pes Antoine, condamné à 10 ans de prison dont 2/3 de sûreté, incarcéré le 25 octobre 2015.

Nathalie Vincensini assignée à résidence à Marseille

Dans un premier temps, chronologiquement, c’est l’Associu Patriotti qui le 12 mars 2020, rappelle qu’il ne pas oublier de prendre les mesures sanitaires aussi pour les détenus et les prisonniers politiques.

Mais la demande de libération des prisonniers politiques commence avec la communication de Corsica Libera.

Le 19 mars 2020, le parti indépendantiste Corsica Libera demande solennellement la libération immédiate de l’ensemble des prisonniers politiques incarcérés.

Le 20 mars l’Associu Patriotti et l’Associu Sulidarità emboîtent le pas de Corsica Libera pour demander la libération des prisonniers politiques. La première demande à la Collectivité Territoriale de prendre l’initiative politique, la seconde en appelle aux Présidents Talamoni et Simeoni, ainsi qu’aux Députés français de la région Corse.

Le 21 mars 2020, l’Associu Sulidarità lance sur les réseaux sociaux une pétition pour demander la libération des prisonniers politiques. A ce jours, la pétition réunit moins d’un millier de signataire (713).

Le 25 mars 2020, l’Associu Patriotti réitère sa demande. Puis c’est au tour de Core In Fronte de publier à son tour un communiqué le 30 mars 2020

Le 3 avril 2020 : les familles des jeunes Ghjilormu Garelli, Adrien Matarise et Julien Muselli soutenues par l’association A Fianc’à noi, ont pris également position dans un communiqué publié aussi sur les réseaux sociaux. Sans oublier le cas de Nathalie Vincensini toujours assignée à résidence en France.

Le 4 avril 2020, Femu a Corsica, le parti de Gilles Simeoni, demande in fine, la même chose que les intervenants précédents.

Le 17 avril 2020, la Conférence des Présidents (+CESEC, Giuventù) font une déclaration solennelle pour demander que tous les prisonniers corses puissent bénéficier de la mesure présentée par la Ministre, quel que soit le motif de l’incarcération.

Le 18 avril 2020, l’Associu A Fianc’à Noi publie les réponses du Président de l’Exécutif, du Président du Groupe Femu a Corsica, et du Conseiller Technique du Président de l’Assemblée de Corse

Le 21 avril 2020 à 18h00 : La colère des détenus monte dans les prisons corses d’Ajaccio et de Borgo. Des pétitions circulent pour dénoncer l’ordonnance du 25 mars 2020 (qui a entre autres conséquences le prolongement des détentions provisoires, la suspension des permissions et aménagements de peine), et les détenus ont débuté une grève des plateaux-repas. (Source : France 3 Corse Viastella)

Le 21 avril 2020 à 23h00 – La LDH CORSICA et le Batonnier de Bastia montent au créneau pour les détenus en grève de la faim contre l’ordonnance du 25 mars 2020.

Le 22 avril 2020 : Aiutu Paisanu réagit à la grève des plateaux repas à Borgu et à Aiacciu



Il faut savoir aussi que des recours sont envisagés par différentes associations devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour contraindre la France dans ce dossier.



La revue de presse du dossier « familles et associations »

Article france 3 corse : lien ici

Prisons surpeuplées, difficultés à adopter les gestes barrières en détention, manque de matériel de protection et promiscuité : la situation des détenus en temps de crise sanitaire inquiète. Les proches des prisonniers dits politiques tirent la sonnette d’alarme.

« C’est la merde »

La prison en temps de Covid 19 ? « C’est la merde, résume un détenu corse incarcéré sur le Continent. Toutes les activités sont annulées, mais on nous envoie en promenade tous ensemble le matin et l’après-midi. Donc si quelqu’un a le virus, on l’attrape tous ».

Même chose pour l’accès au téléphone dans une très grande maison d’arrêt de France : « Ils nous laissent aller aux cabines (installées dans les unités et non en cellule, n.d.l.r.) mais les gens passent les uns après les autres à la file. Donc si quelqu’un est malade et touche l’appareil, tout le monde chope le virus », explique un autre prisonnier insulaire en prison en région parisienne.

« Si l’épidémie arrive en prison, on est foutus »

« On nous distribue des kits d’hygiène pour faire bien, se désole le prisonnier. Mais il y a seulement du papier toilette, du shampooing, un rasoir et du dentifrice. Bref, ça ne sert à rien. Si l’épidémie arrive en prison, on est foutus ». La situation des prisonniers pendant le confinement inquiète bien au-delà de ces témoignages isolés.

Et les autorités sont alertées depuis des semaines sur les innombrables difficultés : promiscuité, manque de matériel, manque de place et de produits d’hygiène, ou encore la quasi-impossibilité de faire respecter les gestes barrières. Dès l’annonce du confinement, des associations et des proches de prisonniers corses dits politiques ont alerté sur la situation de ces détenus dont ils réclament l’amnistie, ou à tout le moins le rapprochement à la prison de Borgo.

Libérer les prisonniers à mi-peine?

Le 20 mars, l’associu Sulidarità interpellait les élus corses sur la situation en publiant un communiqué sur les réseaux sociaux : « Il est impensable pour nous que les prisonniers politiques Corses soient encore incarcérés aujourd’hui au vu du contexte politique que la Corse connaît depuis près de 6 années mais surtout lorsqu’une épidémie vient mettre en péril leur santé et inquiéter leurs proches qui sont dans l’incapacité de les visiter du fait de la suspension des parloirs. La France, en cette période de pandémie et de choix cruciaux pour l’avenir, se grandirait à prendre en compte le problème politique corse et en libérant les prisonniers politiques dont presque tous ont effectué au moins la moitié de leur peine, si ce n’est plus. »

Adrien Matarise, Julien Muselli et Ghjilormu Garelli « particulièrement en danger »

Le 3 avril, les familles des jeunes Ghjilormu Garelli, Adrien Matarise et Julien Muselli (en détention préventive dans des établissements pénitentiaires parisiens et mis en examen pour des faits relevant de la justice anti-terroriste), soutenues par l’association A Fianc’à noi, ont pris également position dans un communiqué.

Selon elles, « Ghjilormu, Adrien et Julien sont particulièrement en danger dans ces établissements dont l’insalubrité classique est régulièrement dénoncée par quantité d’organisations françaises et internationales ». Au péril de voir se propager le virus en prison, s’ajoute une situation sanitaire déplorable et notamment une « absence totale de désinfection des cellules, parties communes, sanitaires, lieux de promenade, téléphones et de toutes sortes d’objets pouvant être vecteurs de la maladie ».

Les familles ont annoncé avoir saisis tous les responsables politiques corses, toutes tendances confondues, pour leur demander de se mobiliser sur la situation. Pour l’heure, aucune suite favorable n’a été donnée à ces demandes. 

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