Le 11 Juin 2010 [12h57] : (Unità Naziunale, www.unita-naziunale.org – Corse – Lutte de masse) Le contexte répressif que connaît la Corse inquiète la Ligue des Droits de l’Homme qui a lancé un «Appel à la vigilance» à tous les citoyens, et particulièrement aux élus qui sont les garants de la démocratie.
La Ligue constate que «le recours à la justice d’exception, et donc des atteintes aux droits amplifiées, demeure une constante. La justice d’exception est désormais une technique de gouvernement, un moyen de contrôle des populations jugées dangereuses et les Corses appartiennent à cette catégorie». La Ligue s’inquiète «de l’accumulation des tensions que provoquent l’utilisation toujours plus extensive de l’accusation d’ « association de malfaiteurs» au contours particulièrement flous, et de l’utilisation qui semble sans limite de moyens d’investigations exorbitants donnés à la police.»
Vagues d’arrestations et de perquisitions qui ont touché plusieurs dizaines de familles, «activisme policier (qui) ne signifie pas que l’on arrête des coupables», multiplication des gardes à vue dérogatoires dans le cadre de la justice d’exception, pouvant durer jusqu’à 96 heures voire 144 dont 48 voire 72 sans avocat, transfert des militants à Paris, «ce qui signifie de par l’éloignement, encore plus de difficulté d’accès à un avocat»… la Ligue dénonce encore le fait «que la détention provisoire devient une atteinte à la présomption d’innocence lorsqu’elle est utilisée de manière abusive, qu’elle porte atteinte aux droits de la défense lorsqu’elle a pour conséquence un transfert du prévenu sur Paris ou sur Marseille pour la JIRS ; et au droit à la famille avec un droit de visite au coût exorbitant au fil des mois voire des années»
«Comment ne pas s’inquiéter lorsque la grève de la faim devient l’arme ultime de prévenus pour résister à l’arbitraire», rappelle encore la LDH à travers plusieurs cas, dont celui de Jean Daniel Geronimi, en détention provisoire depuis 30 mois, hospitalisé désormais, vu son état de santé particulièrement dégradé au terme de plus d’un mois de grève de la faim maintenant pour seulement réclamer d’être incarcéré à Borgo pour être rapproché de sa famille !
«À ces atteintes aux droits de la défense, à la présomption d’innocence, au droit à la famille viennent s’ajouter des atteintes aux droits de l’enfant (…) témoins silencieux de ces interpellations et de ces perquisitions policières brutales. Mais aussi enfants des prévenus privés de liens familiaux», et aux «enfants à qui l’on applique des méthodes relevant de la justice des adultes, en les plaçant en détention provisoire sans tenir compte de leur âge, de leur personnalité et des faits qui leurs sont reprochés».
«Face à l’accumulation de dérives liberticides, conclue la Ligue, au désordre que génère la justice d’exception, aux risques toujours plus grands de contamination sur la justice ordinaire, devant les injustices que provoquent l’activisme policier et l’arbitraire judiciaire, la Ligue des droits de l’Homme en appelle à la vigilance.»
Elle s’adresse au Président et aux élus de l’Assemblée de Corse, et, avec le Collectif des avocats contre la justice d’exception, elle réitère sa demande d’un débat sur la justice d’exception devant l’Assemblée de Corse.
Elle s’adresse aussi aux parlementaires, sénateurs et députés, ainsi qu’à tous les citoyennes et les citoyens pour qu’ils organisent chaque fois que nécessaire des protestations pacifiques contre le dévoiement de la justice.
Ligue des droits de l’Homme – section de Corse – 06 43 96 05 60