#Corse – Ce que les nationalistes attendent du nouveau chef de l’État

Ecoute, dialogue et engagements concrets sur l’avenir institutionnel et le développement de l’île : les nationalistes souhaitent que le quinquennat de François Hollande puisse « faire avancer la Corse »

La réussite sociale, économique et éducative, voilà ma priorité pour la Corse ». Il n’était pas encore président de la République mais François Hollande avait donné le ton, à la veille de son déplacement dans l’île, au mois de mars. Il avait fait part de sa volonté de « ne pas aller au-delà du dispositif institutionnel actuel ».

Le chef de l’État prendra ses fonctions le 15 mai prochain mais déjà, dans l’île, son élection suscite un certain espoir parmi les mouvements nationalistes. Une attente qui n’interdit pas la prudence. Ainsi, même si Jean-Guy Talamoni, membre de l’exécutif de Corsica Libera, n’a pas voté lors de l’élection présidentielle, il ne se désintéresse pas de la question. « Nous attendons, dans un premier temps, qu’un gouvernement soit désigné et peut-être un interlocuteur pour la Corse. Nous pensons que les nationalistes doivent trouver les voies de la convergence afin de pouvoir engager un travail commun ».

Le courrier que les nationalistes modérés ont adressé à François Hollande avant le scrutin du 22 avril est resté lettre morte. Pour autant, ils semblent ne pas lui en tenir rigueur… comme l’explique d’ailleurs Gilles Simeoni, conseiller territorial de Femu a Corsica :« On se souvient qu’il avait eu un discours très réservé, cela étant à mon avis, lié à une stratégie électorale. Les sujets concernant la Corse sont souvent matière à polémique et il n’avait certainement pas envie de faire de vagues. Il a cinq ans devant lui et l’on peut espérer qu’il adopte l’attitude d’un homme d’État, d’un président ».

« Une évolution institutionnelle audacieuse »

Pas de vagues mais pas de mer… calme non plus. Les nationalistes attendent aussi du nouveau chef de l’État de l’écoute et de l’attention. Car si François Hollande se dit peu favorable à une nouvelle évolution institutionnelle pour la Corse, il ne claque pas pour autant la porte au dialogue. C’est ce qu’il avait affirmé lors de son déplacement, le 24 mars dernier à Ajaccio. Mais il existe un préalable : l’assemblée de Corse doit faire des propositions. Ainsi, les travaux de la commission des compétences législatives et réglementaires présidée par Pierre Chaubon engagés depuis de longs mois, doivent aller en ce sens : le transfert de la compétence fiscale avec la question de l’exonération des droits de succession, le foncier, la langue corse ou encore la réforme territoriale. Jean-Guy Talamoni estime que « la Corse ne peut faire l’impasse sur une évolution institutionnelle audacieuse mais elle nécessite une réforme constitutionnelle. Je pense qu’il est important qu’un esprit de consensus se dégage au sein de l’assemblée de Corse sur toutes ces questions ou du moins, une très forte majorité ».

Jean-Christophe Angelini, membre du PNC et président du groupe Femu a Corsica, souhaite avant tout de la transparence : « Nous attendons du nouveau chef de l’État des engagements sur la base des propositions qui seront élaborées par l’assemblée de Corse auxquelles toutes les forces vives de l’île devront être associées. Il nous faut de la transparence mais pas de discussions en catimini ».

Une position partagée par Gilles Simeoni : « La priorité est d’engager un processus de dialogue entre la Corse et Paris mais pas seulement dans un cadre institutionnel. François Hollande afficherait une réelle volonté politique en proposant par exemple un calendrier, ce qui nous conduirait à une situation nouvelle ». Si la balle de la réforme et de l’évolution institutionnelle est dans le camp des élus insulaires, ces derniers doivent au préalable se mettre d’accord. Une majorité forte conférerait cohérence et autorité aux travaux qui émaneront de la commission Chaubon.

Concrétisation rapide sur la charte des langues régionales

Le député européen François Alfonsi, soutien d’Eva Joly et qui avait appelé à voter François Hollande au deuxième tour des présidentielles, en est conscient : « Cette réforme est conditionnée aux résultats qui seront ceux de la commission. Les idées développées par le mouvement national ont progressé au cours des dernières années. Nous espérons aujourd’hui la relance fructueuse d’un processus qui nous offre une réelle opportunité d’aller de l’avant ». François Alfonsi rappelle également que le nouveau président de la République a pris un « engagement explicite sur la charte européenne des langues régionales et minoritaires. Nous souhaitons qu’il la ratifie et donc une concrétisation rapide de son engagement ».

Par-delà les attentes, la vigilance reste de mise. « Rien n’est acquis et il faut rester prudent,souligne Jean-Guy Talamoni. Avant toute chose, l’assemblée de Corse doit se montrer ferme sur le projet qu’elle va présenter, dans toute sa cohérence qu’il s’agisse du foncier, de la fiscalité, de la citoyenneté et de la langue. Y compris sur la question de la violence. ».

Des idées que les nationalistes défendront aussi, tout au long de la campagne des législatives, à travers les candidats présents dans les quatre circonscriptions de Corse.

 http://www.corsematin.com/article/ajaccio/ce-que-les-nationalistes-attendent-du-nouveau-chef-de-letat.653573.html

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