La ratification de la charte des langues minoritaires, une autre politique sécuritaire, un nouvel acte de décentralisation, telles sont les principales mesures que François Hollande prendra pour l’île.
Le changement c’est maintenant. Ce slogan du Parti socialiste s’est affiché dans nos villes et nos campagnes tout au long de ces dernières semaines. François Hollande a promis une autre orientation politique. Depuis dimanche, le changement est en marche.
Élu président de la République, François Hollande prendra des mesures urgentes pour la France : un coup de pouce au Smic, le blocage pendant trois mois des prix de l’essence, le droit de partir à la retraite à 60 ans pour les personnes ayant cotisé 41 annuités, la revalorisation de 25 % de l’allocation de rentrée scolaire…
Élu président de la République, qu’apportera François Hollande à la Corse ?
Sur le court terme, peu de concret si ce n’est une volonté d’engager un dialogue avec les élus insulaires qu’il invite « à la responsabilité » Lors de son déplacement dans l’île de beauté le 24 mars dernier, il s’est engagé à ratifier la charte des langues régionales et minoritaires. Une mesure qui a pour but de donner un nouvel élan à la langue corse mais qui nécessite une modification de la constitution. Autant dire qu’il faudra attendre de longs mois, voire quelques années, avant d’arriver à une co-officialité de la langue corse.
François Hollande veut aussi amorcer une politique sécuritaire plus efficace.
Il a proposé de renforcer les moyens humains, policiers et gendarmes, pour combattre les réseaux et les trafics qui favorisent les dérives du grand banditisme. Il souhaite redresser le bilan sécuritaire de son prédécesseur qu’il juge sévèrement. Vaste chantier.
Un possible report des échéances territoriales
Élu président de la République, il a également promis de stopper net la réforme des collectivités engagée par la droite. Première conséquence de cette décision : un possible report des échéances territoriales de 2014. Cette réforme qui avait pour but de supprimer le millefeuille territorial pourrait être « revue et corrigée » en ce qui concerne notamment la partie sur les départements et les régions. En enterrant le projet, on se dirige donc vers un prolongement du mandat de nos élus actuels de deux années.
Elu président de la République, François Hollande propose de lancer un nouvel acte de décentralisation sur l’ensemble du territoire. La Corse ayant quelques longueurs d’avance en la matière, on pourrait imaginer qu’un nouveau statut d’autonomie pointera dans les prochains mois.
La réponse est beaucoup plus nuancée. François Hollande n’est pas favorable à une énième discussion institutionnelle. Il n’a rien promis, mais il ne ferme aucune porte. Il a même invité la commission dédiée à l’examen d’éventuelles évolutions, présidée par le conseiller régional Pierre Chaubon, à faire ses propositions. « Nous en débattrons le moment venu » a admis le député de Corrèze, à Ajaccio.
Un séminaire de la commission Chaubon
Élu président de la République, François Hollande renvoie la balle institutionnelle dans le camp de la collectivité territoriale de Corse. C’est la CTC, gérée par l’ensemble de ses soutiens insulaires, qui aura la charge de proposer, de rassembler et de présenter un projet au nouveau gouvernement. La commission des compétences législatives et réglementaires sera la tête de pont d’un éventuel nouveau statut. Si elle étudie la problématique depuis de longs mois, elle devra, à présent, entrer dans le vif du sujet. Défendre ses projets à Paris. Pierre Chaubon réunira d’ailleurs les membres de sa commission (tous les groupes sont représentés) en séminaire rapidement. Des propositions concrètes seront présentées à l’assemblée de Corse, d’ici la fin juin.
Les conseillers territoriaux iront-ils jusqu’à l’autonomie ? A eux de fixer le curseur de la réforme. Si une unanimité (une large majorité suffirait) se dégage, des discussions pourraient s’engager avec les pouvoirs publics. «De la responsabilité de l’assemblée de Corse et de sa capacité à se rassembler sur un projet crédible dépendra la suite des événements », prévient Pierre Chaubon.
En attendant un nouvel acte de décentralisation, lui, président de la République, a assuré une garantie aux collectivités territoriales des dotations de l’État. Reste les urgences : le 31 décembre 2012 rime avec la fin des exonérations des droits de succession. Une grande majorité d’élus s’est prononcée sur le report de l’échéance, mais François Hollande n’a pas souhaité entrer dans ce « vieux débat »pendant la campagne.
Il préfère aborder le dispositif des arrêtés Miot dans le cadre d’une grande réforme fiscale. Seul hic : le temps presse. « François Hollande s’est montré ouvert aux propositions des Corses », assure Pierre Chaubon. La collectivité territoriale a donc l’intention de profiter du sens aigu de l’écoute du « président ami » pour multiplier les propositions. Elle devrait délibérer sur un report de l’échéance à la fin du mois. Lui, président de la République, décidera.
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