Arritti a rendu compte la semaine dernière de la présence du PNC à l’assemblée générale de l’ALE (Alliance Libre Européenne, EFA en anglais) aux îles Åland à laquelle participait aussi une délégation de PNC Ghjuventù. Les jeunes du PNC officialisaient en effet leur adhésion à EFAy (European Free Alliance Youth) la structure « jeunes » de l’ALE. Antonia Luciani, 25 ans, chargée des affaires européennes au sein de PNC Ghjuventù et qui travaille aux côtés de l’eurodéputé François Alfonsi à Bruxelles, répond aux questions d’Arritti.
Ce 16 avril à Mariehamn, pour l’AG de l’ALE aux îles Åland, c’était la grande première de PNC Ghjuventù qui officialisait son adhésion à Efay, la structure jeune de l’ALE… comment s’est passé l’évènement ?
Tout d’abord le PNC Ghjuventù était bien représenté puisque quatre membres du bureau sur sept avaient fait le déplacement jusqu’aux îles Åland. C’était très important pour nous de montrer à l’ensemble de nos partenaires européens d’une part que nous sommes engagés dans une démarche pro-européenne et d’autre part qu’il ne s’agit pas pour nous d’une adhésion symbolique. Si nous avons décidé de faire partie de la structure jeune de l’ALE c’est avant tout pour s’impliquer et contribuer à la richesse des échanges et des débats.
Quelle est ton impression de cette première AG à laquelle vous participiez ?
C’est vrai notre entrée a été particulièrement remarquée! Notre président, Vincent Gambini, a prononcé un discours de grande qualité. La maturité du propos n’a pas manqué de surprendre l’assemblée et d’obtenir un vote à l’unanimité pour notre adhésion officielle!
Qu’est-ce qu’Efay ? Combien de jeunes y participent, combien de nations, avec quels objectifs ?
En deux mots, EFAy est une fédération de mouvements de jeunes des partis politiques appartenant à l’ALE. EFAy soutient, entre autre, la création d’une Union Européenne de peuples libres et du droit à l’autodétermination et à sa propre langue et culture. EFAy regroupe une trentaine de structures jeunes dont seize étaient présentes lors de l’AG. Nos partenaires sont écossais, flamands, catalans, basques, galiciens, bretons, sardes, etc… Une extraordinaire plateforme d’échange vient de s’ouvrir à nous! L’objectif de cette fédération est d’encourager la jeunesse des régions à se sentir plus proche de l’Europe mais aussi d’engager une compréhension mutuelle entre les jeunes de l’ALE.
PNC Ghjuventù est la première structure politique pour la jeunesse corse qui marque aussi énergiquement son attachement à l’Europe, déjà en te désignant comme responsable des affaires européennes, pourquoi cet intérêt pour le « mammouth » européen ?
On a souvent l’impression que l’Europe c’est loin, c’est complexe et surtout déconnecté de la vie des gens, d’où l’idée du « mammouth » européen… Je pense au contraire, après bientôt deux ans passés au Parlement Européen, que le niveau européen doit être davantage exploité. C’est l’Europe qui nous fait sortir du débat franco-français et qui nous permet de considérer qu’un autre modèle de développement est possible, notamment par le dépassement des Etats. Le PNC Ghjuventù doit, selon moi, inscrire sa vision nationaliste dans une dimension européenne et défendre en permanence la promotion du dialogue interculturel. Et c’est ce que propose EFAy !
On a vu avec la crise que les jeunes européens vivent les mêmes problèmes partout en Europe. Un chômage record pour les jeunes catalans et galiciens, des manifestations sans précédents en Grande Bretagne pour protester contre le coût de l’enseignement supérieur… Nous avons des combats à mener en commun! Lorsqu’on vient d’une région à caractère identitaire fort et qui plus est une île, on a tendance à croire que nous sommes les seuls à rencontrer tel ou tel problème alors que la réalité européenne nous prouve le contraire. Etre responsable aux affaires européennes pour moi c’est faire le lien entre ce que vivent les jeunes corses et l’ensemble de la jeunesse européenne! C’est aussi apporter des réponses européennes là où l’on se focalise souvent sur l’Etat français.
Quels sont les projets pour PNC Ghjuventù ?
Lors de notre création en décembre dernier, nous avons crée quatre groupes de travail traitant des problématiques liées à l’économie, le social, la culture et la langue corse et les enjeux liés à la société corse dans son ensemble. Ces commissions ont vocation à établir un diagnostic de la jeunesse en Corse, de ses besoins et de ses attentes en termes d’éducation et de formation, de culture et de langue corse, de logement, de santé, de loisirs… Ce diagnostic nous permettra dans un premier temps de détecter nos priorités et de mieux connaitre notre terrain. Notre travail sera aussi, à travers une analyse comparée de voir quelles solutions d’autres régions européennes similaires ont pu apporter à leur région. D’où la nécessité de créer et d’entretenir ce partenariat avec nos homologues européens d’EFAy. Le PNC doit voir vers l’avenir et donc investir dans les plus jeunes générations. Le PNC Ghjuventù est avant tout un instrument d’ouverture et de prise de conscience qui, en formant sa jeunesse, lui permettra de répondre aux défis de demain et de devenir un parti politique organisé, dynamique et près à faire face aux responsabilités et à la prise de pouvoir!
Tu es chargée par le groupe Verts-ALE de suivre plus particulièrement le dossier des langues minoritaires, je suppose que c’est un sujet important aussi pour les jeunes du PNC. Peux tu nous décrire un peu ton travail ?
Je suis chargée de suivre la commission Culture pour le groupe Verts/ALE. Pour l’ALE la défense et la promotion de la diversité des langues et des cultures européennes constitue son cheval de bataille depuis sa création. Dès que François ALFONSI est arrivé au Parlement Européen, il s’est emparé de la question plus spécifique des langues menacées de disparition, ce qu’est la langue corse au regard des études menées par l’UNESCO. La pression des Etats est forte pour que la thématique des langues ne soit pas abordée, car ceux-ci associent la lutte pour les droits linguistiques à une volonté d’indépendance, comme l’illustre le cas de la Catalogne. L’essentiel du travail que nous menons avec François ALONSI et Oriol JUNQUERAS (député catalan) c’est d’expliquer que la question des langues en danger est prioritaire et que la disparition à plus ou moins long terme de la langue corse n’est pas du seul ressort de l’Etat français, mais qu’il s’agit avant tout d’une prise de responsabilité qui doit être européenne. La diversité culturelle et linguistique de l’Europe est dans les Traité alors il est de notre responsabilité de le leur rappeler en proposant des résolutions, des rapports d’initiative et en déposant des amendements etc… Il faut rappeler que nous sommes le seul parti européen à défendre réellement la diversité culturelle, ce qui rend notre combat parfois difficile. Il faut souvent des mois, voire des années, pour faire évoluer les textes et les mentalités mais le combat continue! Et c’est pour ça que les jeunes du PNC sont là!
En conclusion, donnes nous ton opinion de jeune Corse, comment vois tu l’avenir de ton pays ?
L’avenir de mon Pays, je le vois dans notre capacité à se saisir des enjeux auxquels nous faisons face maintenant et auxquelles les futures générations seront confrontées. La Corse doit sortir de l’impasse franco-française en ouvrant son aire culturelle à l’ensemble du bassin méditerranée! Il faut aussi sortir de l’isolement en créant davantage de partenariats européens. C’est à nous, la jeune génération de proposer des alternatives et surtout de croire en nous! L’avenir de notre Pays est entre nos mains!