#Corse #Présidentielle 2012 : Femu a Corsica rend publiques les réponses à sa lettre adressée aux candidats

Femu a Corsica a interrogé publiquement les candidats à l’élection présidentielle lors d’une conférence de presse le 17 mars dernier. Cette consultation portait sur les trois sujets clefs pour l’avenir de la Corse :

 – la reconnaissance juridique du peuple corse ;
– la réforme constitutionnelle, englobant le pouvoir législatif, l’officialisation de la langue corse, le statut de résident, le transfert de la compétence fiscale ;
– un processus de dialogue, qui associe l’Etat et la Corse dans toutes ses forces vives (CESC, société civile, élus locaux, diaspora…) comparable à celui mis en œuvre lors des accords de Matignon.

Une seule réponse formalisée nous est parvenue, celle de la candidate des écologistes Eva Joly. Elle y prend des positions fermes et favorables sur tous ces points, notamment pour que soit « officialisée la reconnaissance juridique du peuple corse », pour un « statut d’autonomie » incluant « la question fiscale » tout en veillant à « la péréquation entre les régions les plus riches et les autres ». Elle se déclare favorable à l’instauration d’une « citoyenneté de résidence », et pour la coofficialité de la langue corse et «l’enseignement par immersion avec la modification de l’article 2 de la Constitution». Enfin elle est prête à soutenir un « processus de règlement politique» de la question corse.
Sa réunion publique en Corse a confirmé cette sensibilité très nette.

Les autres candidats se sont exprimés indirectement. Plusieurs d’entre eux l’ont fait en rejetant toute ratification de la Charte européenne des langues régionales comme Nicolas Sarkozy, alors qu’elle est le minimum consenti par la grande majorité des Etats européens. Concernant ce dernier, ses propos de campagne, qu’ils soient relatifs à une possible évolution institutionnelle, à la question culturelle, ou à la situation judiciaire d’Yvan Colonna, nous semble empreints d’une fermeture totale. Idem pour Nicolas Dupont Aignan et Marine Le Pen, dont les accents souverainistes et anti-européens sonnent comme un terrible retour en arrière.

A l’extrême gauche, le courant jacobin et anti-régionaliste est renforcé comme jamais avec Jean Luc Mélenchon, qui a été jusqu’à prendre à partie le candidat socialiste qui a proposé un « pouvoir réglementaire pour les régions ».

Le candidat du NPA, Philippe Poutou s’est démarqué des autres courants de l’extrême gauche sur le thème de la reconnaissance du peuple corse.

Pour le candidat officiel du Parti Socialiste, François Hollande, la ratification de la Charte Européenne de Langues régionales est prévue, mais sans précision sur son corollaire obligé, la modification de l’article 2 de la Constitution. Plus inquiétant, il a fermement marqué son opposition à l’officialisation de la langue corse, malgré la délibération largement majoritaire de l’Assemblée de Corse. il est resté très vague sur la question fiscale et la question des arrêtés Miot, alors même que l’échéance décisive du 31 décembre 2012 arrive à grands pas. sur le volet institutionnel, il propose un « pouvoir réglementaire » pour les régions, mais, empêtré dans un comité de soutien insulaire ultra-jacobin, il ne prévoit aucune réforme constitutionnelle pour la Corse. Sa position est très en retrait par rapport à celle de François Mitterrand en 1981.

Enfin, François Bayrou a affiché une certaine ouverture lors de sa venue en Corse.

En conclusion, force est de constater qu’alors que FEMU A CORSICA a recueilli 26 % des suffrages lors des dernières élections territoriales, une seule réponse (celle d’Eva Joly) a été faite à notre interpellation publique. Aucun des deux candidats pressenti pour être présent au second tour ne s’est engagé à mettre en oeuvre la réforme constitutionnelle indispensable à la concrétisation effective des grands chantiers engagés à l’assemblée de corse.

Femu a Corsica appelle donc ses militants et sympathisants à tenir compte des éléments de ce contexte, tout comme des réponses enregistrées. Quel que soit le futur élu à la présidence de la République, le plus important pour le peuple corse sera donc le « troisième tour », celui des élections législatives. Les candidats Femu a Corsica ont engagé leur campagne. Leur succès permettra de construire le rapport de force avec le nouveau pouvoir à la tête de l’Etat français.

Femu a Corsica

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