Une semaine seulement après le double homicide de Petrosu, et trois jours après les obsèques les familles des victimes s’expriment pour que de nouveaux drames n’endeuillent plus la région.
Dimanche dernier, le Fium’orbu, en particulier, et la Corse tout entière étaient plongés dans l’émotion, l’incompréhension et le désarroi. Deux hommes connus et estimés pour leurs valeurs morales et humaines, étaient abattus froidement dans un hameau du Petrosu. Hier, trois jours seulement après leurs obsèques, les familles de Jean-Louis Chiodi et de Jo Sisti réagissaient dans un texte pour en appeler à la paix. Une paix véhiculée par les deux hommes et, en particulier, par Jo Sisti qui incarnait les accords de Migliacciaru conclus en pleine guerre des nationalistes.
Cette prise de parole est exceptionnelle et prouve combien les familles des victimes, malgré le chagrin et la peine immense d’avoir perdu deux êtres chers, loin de toute rancœur ou de vengeance, ne recherchent qu’une chose : la paix.
Un communiqué qui constitue également un appel à la raison, à la sagesse contre toute récupération politique. Une manière aussi de tenter de faire taire les rumeurs qui circulent dans la région depuis le drame. Des rumeurs malveillantes, blessantes, choquantes à plus d’un titre.
En effet, qui pourrait croire que les victimes auraient été des chefs de gang ? Personne. Et cela est une certitude. Qu’ils aient décidé de monter au créneau pour extraire leurs enfants d’un mauvais pas dans lequel ils s’étaient retrouvés. Peut-être. Et quoi de plus normal ? Alors, leur a-t-on fait payer cette « ingérence » et le fait qu’ils seraient devenus gênants ? On le saura peut-être un jour.
Mais cette réaction des familles Sisti et Chiodi soulève un autre problème, celui de la responsabilité des pouvoirs publics qui peinent à prendre la mesure d’une dérive mafieuse qui, depuis plus d’une vingtaine d’années, ouvre la voie à toutes sortes de trafics engendrant l’argent facile. Ne serions-nous pas parvenus aujourd’hui à un point de non-retour ?
La commission violence de l’assemblée de Corse sera-t-elle en mesure d’apporter des solutions à ce problème qui semble insoluble ?
Voilà aussi tout le sens de ce communiqué des familles Chiodi et Sisti qui tiennent tout d’abord à « remercier chaleureusement toutes les personnes qui se sont associées à leur douleur. Vos présences ainsi que vos nombreux témoignages de sympathie, ont été d’un grand réconfort dans cette épreuve. Ils resteront, nous en sommes sûrs, dans les moments difficiles que nous avons encore à vivre, la certitude que nous ne sommes pas seuls face à ce drame. Jean-Louis et Jo, connus, unanimement, pour leur honnêteté, étaient aussi des hommes de dialogue et de paix. Leur mort brutale reste, pour nous autres, totalement incompréhensible.
« Comme à l’accoutumée, dans de pareilles circonstances, des rumeurs organisées sciemment ou non, tentent de donner une orientation crapuleuse à leur disparition. De même, qu’elles deviendront accusatrices pour ainsi ajouter de la confusion et faire grandir l’inquiétude des familles et des proches.
« Ainsi, nous tenons, par respect pour leur mémoire et afin que de nouveaux drames ne viennent plus endeuiller notre région déjà très meurtrie, à appeler solennellement à ce que nous trouvions tous ensemble les chemins de l’apaisement pour mettre un terme à la dérive de notre société ».
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