#Corse #Présidentielle 2012 – Président et candidat, Nicolas Sarkozy fête ses « retrouvailles » avec la Corse

Déplacement double-casquette : arrivée vendredi 13 avril à Ajaccio à la mi-journée comme président de la République, Nicolas Sarkozy en est reparti en fin d’après-midi comme candidat à sa propre succession.

Le temps de déposer une gerbe au pied de la plaque érigée à la mémoire du préfet Claude Erignac et de réunir les responsables de la sécurité sur l’île – policiers, gendarmes et magistrats – le chef de l’Etat a fait un crochet par la préfecture de région au Palais Lantivy. Une heure au total, dont une dizaine de minutes face à la presse pour annoncer « un sujet qu’il va falloir traiter : la présence d’un trop grand nombre d’armes dans les familles en Corse ».

Dans le hall d’entrée de la préfecture, entouré de trois ministres – Claude Guéant,Michel Mercier et Xavier Bertrand – le président a prévenu : « Ca, va falloir que ça cesse. » Actualité oblige – trois meurtres ont été commis à Ajaccio et sur la plaine orientale entre samedi 7 et dimanche 8 avril – le président Sarkozy a dû rajoutercette partie officielle à « ce moment de retrouvailles » avec la Corse où il n’était pas venu depuis deux ans. Las. Nicolas Sarkozy n’a pas tardé à revêtir son habit de candidat.

« UNE HISTOIRE D’AMOUR »

Au palais des Congrès devant plus de  1 000 personnes, le candidat Sarkozy a, quarante cinq minutes durant, déroulé ses propositions pour la Corse. « Entre lui et nous c’est une histoire d’amour », avait lancé en préambule Camille de RoccaSerra , député UMP de Corse du sud. En guise d’histoire d’amour, c’est une sorte d’inventaire à la Prévert qu’a énoncé le candidat de l’UMP à l’élection présidentielle. L’université de Corse, l’agriculture Corse, le développement économique de la Corse, la politique de santé en Corse – « il faut que les Corses ne soient pas obligés de prendre le bateaux pour se soigner » -, « la Corse qui a les moyens de l’excellence » et « les emplois des Corses », Nicolas Sarkozy n’a rien négligé.« J’aime la Corse et j’aime les Corses », a-t-il répété, rappelant que deux de ses fils ont une mère originaire de l’île.

Il y a deux ans, en février 2010, à la veille des élections territoriales, le président de la République était venu dans cette même salle s’adresser à un parterre d’élus et de chefs d’entreprises. Pour satisfaire aux besoins en énergie de l’île fréquemment en proie aux ruptures d’alimentations en électricité quand la température se refroidit, il avait annoncé l’arrivée du galsi – un pipe line de gaz censé relier l’Algérie à l’Italie en passant par la Corse – qui fait encore défaut. La défection des Italiens aidant, le projet tarde à émerger des profondeurs de la Méditerranée, mais le candidat Sarkozy a une solution de rechange. S’il est réélu, il promet l’installation d’une barge au large des eaux orientales de l’île qui alimentera la Corse en gaz naturel. De même le candidat assure pour le prochain quinquennat une manne supplémentaire de 400 millions d’euros versée par l’Etat dans le cadre du PEI.

CRIMINALITÉ

Nicolas Sarkozy a insisté : « la Corse veut la paix et le développement. » A l’encroire, lorsqu’il s’est installé au ministère de l’intérieur en 2002, il avait trouvé une Corse « minée par la violence ». Tout au long de cette période, le ministre de l’intérieur qu’il était, avait multiplié les voyages sur l’île. Fustigeant « les porteurs de cagoule », il avait fait de l’arrestation d’Yvan Colonna et de la lutte contre les nationalistes poseurs de bombes, sa priorité. « Le nombre des attentats a été divisé par quatre en dix ans », s’est-il félicité. C’est vrai. Eprouvés par des condamnations et par une forme d’essoufflement de la clandestinité, la quantité des attentats revendiqués a sensiblement diminué en Corse. Mais le niveau de violence n’a pas forcément suivi la même courbe.

Certes, la petite délinquance reste marginale sur l’île, en revanche, la criminalité liée aux règlements de compte entre malfrats et aux rivalités sur fond de guerre mafieuse pour la maîtrise de projets immobiliers notamment, connaît depuis les années 2005-2006, un essor spectaculaire. Au cours des cinq dernières années à Ajaccio, à Sartène, à Corte ou sur la plaine orientale, les assassinats se sont succédé et le nombre de tués se compte par dizaines. « Je prends les mêmes engagements que j’avais pris quand il s’était agi de retrouver les assassins d’un préfet de la République », a martelé le candidat.

Enfin, ultime promesse comme pour tenter de jeter un pont en direction des nationalistes, Nicolas Sarkozy a concédé que « l’Etat français a parfois manqué d’attention envers les Corses ». Parlant même « d’erreurs » concernant la pratique de la langue corse, il a annoncé que « l’enseignement du Corse doit être consacrée par une agrégation ». Pour le candidat Sarkozy, « la langue appartient au patrimoine culturel dont nous n’avons pas à avoir peur. Il y a une identité corse qui sera reconnue par la République Française à l’intérieur de la République Française « , a-t-il promis.  » J’ai besoin de vous », a-t-il exhorté, concluant ainsi ses quatre heures de visite sur l’île.

Yves Bordenave

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