(Unità Naziunale – 10 février 2018 – 11h00) L’accession des nationalistes corses aux responsabilités, à une très large majorité, et la proclamation par leurs dirigeants de l’arrêt définitif de la violence clandestine qui l’avait précédée, offrait au Président de la République une l’occasion d’écrire un nouveau chapitre des relations entre la Corse et la République.
Il a délibérément choisi de ne pas la saisir : nous prenons acte de sa décision, nous la déplorons, et nous espérons que la République et la Corse n’auront pas à le regretter.
Il a rappelé les principes qui régissent la République et le rôle de l’Etat et nul ne saurait bien sûr lui en faire reproche.
Les reproches, c’est aux élus corses qu’il a cru bon de les adresser avec condescendance et suffisance : un manque de respect qui nous a choqué.
Quand bien même ils seraient justifiés, encore faudrait-il, pour que la leçon puisse porter, que les services de l’Etat, dont il est responsable, se montrent exemplaires et remplissent leur mission dans notre Île.
Tout le monde sait, en Corse, que c’est hélas loin d’être le cas dans un certain nombre de domaines, à commencer par celui de l’urbanisme ou il est particulièrement défaillant.
La conception de la République de monsieur Macron n’est pas la nôtre : la sienne est d’essence jacobine.
La nôtre est celle qui a conduit la Représentation Nationale, à deux reprises, en 1982 et en 1991, après de riches débats, à voter oui à la reconnaissance du Peuple Corse, n’en déplaise à monsieur Jean Pierre Chevènement, dont la présence à Ajaccio frôlait l’indécence, qui s’y était opposé.
En dressant le panorama de l’histoire commune de la Corse et la République, qui nous est aussi chère qu’à lui, Emmanuel Macron a occulté cet épisode : c’est regrettable, et préoccupant.
Il avait rendez-vous avec la Corse du changement, de la rupture avec le monde ancien : il lui a posé un lapin, et c’est le monde ancien qui l’a applaudi pendant que le monde nouveau l’a regardé passer avec consternation.
Nous ne sommes pas des fétichistes de l’autonomie : nous pensons seulement que si la Corse ne dispose pas des moyens juridiques qui permettent à ses élus d’élaborer et voter des textes ayant force de Loi sur son territoire dans un certain nombre de domaines vitaux pour elle, elle ne pourra pas faire face aux défis considérables qui sont devant elle.
Nous répondrons donc à l’invitation du Président de la République et nous présenterons nos propositions dans le mois qui vient pour adapter la réforme constitutionnelle en préparation à la situation de l’Île.
Nous le ferons en concertation avec la majorité territoriale si toutefois elle le souhaite. Il est encore trop tôt pour préjuger de la forme que prendrons nos propositions.
Ce qui est certain c’est que nous ne nous satisferons en aucun cas d’une mesure symbolique qui ne serait destinée qu’à apaiser la soi-disant fierté blessée des corses.
C’est avec des hochets qu’on amuse les hommes disait Napoléon : nous voilà prévenus, par l’un des nôtres, en non des moindres.
La Gauche progressiste
La fédération de haute Corse du Parti Socialiste
Le Club La Gauche Autonomiste