(Unità Naziunale – 10 février 2018 – 10h05) Corsica Libera tient ce matin une conférence de presse suite à la visite de deux jours du Président de la République, Emmanuel Macron. Cette conférence du samedi 10 février à 10h00 devant l’Alb’Oru à Bastia a pour but de répondre au mépris et aux basses manipulations affichés lors de cette visite.
Voici le texte de la conférence de presse :
Cette semaine, on est venu dans notre pays pour nous dire que nous n’étions ni un peuple, ni une Nation et que la démocratie, le respect du suffrage universel ne s’appliquaient pas aux corses.
Le plus haut représentant de la France est venu avec l’intention de nous expliquer notre histoire qui, selon lui, aurait donc commencé lors de l’arrivée française dans l’île. Et dans une forme de révisionnisme affligeant pour un dirigeant du XXIème siècle, a laissé entendre que les corses avaient choisi son pays librement, omettant bien entendu la conquête militaire de l’île par les troupes françaises et la longue répression sanglante qui a suivi. Omettant également le conflit qui agite notre pays depuis plus de 40 ans. Se permettant même de rendre un hommage irritant à un ancien ministre français responsable de la nomination du tristement célèbre préfet Bonnet, symbole des dérives de l’état français en Corse. Se permettant de faire un amalgame offensant et inadmissible visant à présenter nos patriotes comme des terroristes islamiste. Se permettant de stigmatiser les élus de la Corse et des corses via des déclarations insultantes et la mise en place d’un protocole provocateur incluant de manière ubuesque par exemple, une fouille des plus hauts représentants de notre pays. En excluant le drapeau corse sur le sol insulaire au moment de son discours alors qu’il était bien présent lors de son passage comme candidat, les corses apprécieront.
Alors que les conditions de l’enracinement de la paix sont aujourd’hui réunies dans l’île, nous nous demandons pour notre part quel objectif peut bien poursuivre le chef de l’état français en tenant des discours aussi haineux, provocateurs et méprisants ?
Nous ne pouvons que réprouver cette attitude négationniste de la question corse et répéter, encore une fois, en réaffirmant que nous sommes prêts à le faire autant de fois que nécessaire, que la seule voie qui permettre de tourner définitivement la page d’un conflit politique vieux de plus de 40 ans est de reconnaître la dimension éminemment politique de celui-ci. Et de mettre en œuvre une amnistie sans exclusive pour les prisonniers et les recherchés politiques qui sont au cœur de la solution politique devant nous permettre d’envisager de nouvelles relations entre la Corse et Paris.
Sur le fond, aucune annonce nouvelle si ce ne sont des copiés-collés de mesures déjà annoncées (400 M€ du PEI déjà programmés et rappelons que cette prétendue solidarité nationale a endetté nos collectivités et que l’état n’a pas respecté la clé de répartition 70-30 tout en ne permettant pas le rattrapage historique promis, répétition sur le numérique de ce qui a été annoncé à la Conférence Nationale des Territoires en juillet 2017…) ou de projets portés par notre propre majorité (tourisme, numérique…) présentés par moment comme résultant de l’action de l’état alors qu’il n’en est rien tout en affirmant des choses totalement fausses dont il serait trop long de faire la liste. Cependant, en voici quelques-unes.
Contrairement à ce qui a donc été affirmé, la Collectivité Unique n’a donné lieu à aucun transfert de compétence de l’état, le statut de résident résultant de la volonté majoritaire de l’Assemblée de Corse avant même l’arrivée des nationalistes aux responsabilités n’est pas une impasse juridique et existe en Europe (Bruxelles, Îles Aland…), le problème de la spéculation ne provient pas d’un manque de logements en construction mais du prix du m2 car la Corse est faiblement peuplée et notre pays détient le record de construction de logements avec 1,4 m2 construit par habitant en 2017 (0,33 en Ile de France, 0,625 en PACA). Cette falsification des chiffres pour arriver à une conclusion mensongère visant à assouplir les lois de protection, sans même évoquer le PADDUC, est non seulement une visée manipulatrice mais qui favoriserait aussi la spéculation dans l’île accélérant la dépossession des corses, ce que nous ne permettrons jamais.
Que dire de la volonté affichée de décrédibiliser les institutions de la Corse en cherchant à infantiliser par un discours aux accents faussement paternaliste les élus de la majorité territoriale ?
Nous n’évoquerons qu’un seul sujet pour rappeler que les représentants légitimement élus de la Corse tiennent depuis 2015 un discours de responsabilisation des acteurs économiques et institutionnels de l’île sans avoir attendu la venue d’un messie parisien, comme au temps des colonies françaises. En effet, le pouvoir fiscal (que seul l’article 74 de la constitution française peut permettre de mettre en œuvre) visant à élaborer un statut fiscal et social propre à notre pays vise à remplacer les dotations d’état par ces transferts de fiscalité sans demander un euro de plus à l’état, et il le sait très bien.
Que dire également des sous-entendus stigmatisants envers l’Université de Corse, envers les enseignants de langue corse qui seraient responsables du recul du bilinguisme alors que nous savons tous que c’est le manque de statut officiel de la langue corse qui explique son déclin que nous n’accepterons jamais… Rappelons aussi que c’est la France et les politiques traditionnels de gauche et de droite en Corse qui nous ont enfermé dans une relation unique avec la France continentale et qu’il aura fallu attendre les nationalistes corses pour qu’enfin des relations soient renouées avec notre espace méditerranéen naturel (Sardaigne par exemple).
Le président français nous annonce également un retour en force de l’état par le biais d’un discours ultra jacobin rendant hommage à un triste personnage. Rappelons que la dernière fois que l’état a tenu de telles annonces, cela s’est traduit par plus de 400 interpellations, l’incarcération d’une quarantaine de personnes sans motif valable et l’état a fini humilié dans le sable entre un zodiac et des jerricans.
Le chef de l’état tente de reprendre les propos de l’opposition, sûrement à des fins politiciennes (nous n’avons pas oublié le plan parisien des dernières territoriales) visant à faire porter la responsabilité du retard de notre système de santé sur l’action des élus nationalistes.
Aurait-il oublié que c’est une compétence régalienne ? Mais effectivement, les nationalistes se mobilisent pour moderniser nos infrastructures sanitaires car la mauvaise situation actuelle qui est de la responsabilité pleine et entière de l’état n’est pas acceptable !
Ce retour en force de l’Etat devant renforcer des services de sécurité, autre compétence régalienne, devrait donc nous permettre enfin d’ouvrir une enquête et de procéder à l’établissement des responsabilités des feux de Bunifaziu et de Casta provoqués par les services de l’Etat ? L’impunité de l’état en Corse, cela aussi doit cesser. Rappelons au président français qu’il aura fallu attendre une journée pour que la France donne enfin son accord pour qu’un avion italien puisse intervenir sur le feu de Biguglia.
Enfin, le retour dans le temps promis, d’un gouverneur de la Corse, comme à l’époque génoise, à la fin du PEI, désigné dans la préfectorale par Paris, qui pilotera et décidera des grands projets d’infrastructures de l’île en lieu et place des élus démocratiquement désignés par leur peuple est tout simplement inenvisageable.
Devant tant de bêtise, de condescendance malsaine et de mépris intolérable et inacceptable envers notre peuple, nous continuerons à nous battre aux côtés de nos élus pour la reconnaissance officielle du peuple corse en tant que communauté originale ayant droit lui aussi à l’existence.
Conformément à nos engagements, nous continuerons à travailler quotidiennement pour répondre aux attentes et aux besoins de notre peuple, le peuple corse.
Et que la France et ses représentants comprennent une bonne fois pour toutes que, même si nous sommes disposés à dialoguer loyalement sans tabou ni préalable de tout pour enraciner notre pays dans une voie de paix et de développement au profit de notre peuple :
- Jamais nous n’accepterons sans réagir que notre peuple soit aussi injustement méprisé dans les symboles (institutions, drapeau, langue, peuple) et par le biais d’un discours néo colonial scandaleux et inacceptable ;
- Jamais nous n’accepterons que les choix du peuple corse, si largement exprimé par le biais du suffrage universel pour l’instauration d’un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice ne soient pas respectés par la France ;
- Nous refuserons toujours catégoriquement que la volonté collective du peuple corse exprimée démocratiquement soit confisquée par la nomination parisienne d’un administratif ayant le pouvoir de décider sans être élu à la place de notre peuple ;
- Nous défendrons toujours avec force et fierté la langue multiséculaire de nos ancêtres que nous ne laisserons jamais disparaître et nous ferons toujours flotter notre drapeau, a Testa Mora, symboles de notre unité et de ce que nous sommes ;
Corsica Libera appelle l’ensemble du peuple corse à rester serein, déterminé, prêt à se mobiliser pour défendre nos intérêts aux côtés de nos élus mais aussi à rejoindre en nombre le collectif « Rispettu è Demucrazia pè u populu corsu » car la raison et la légitimité sont de notre côté !
Et que le gouvernement français ne rêve pas, Corsica Libera ne reniera jamais les engagements pris devant la Nation corse et se battra toujours pour défendre les intérêts de son peuple, le peuple corse.
CORSICA LIBERA
10 février 2018
Revue de presse
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