#Corse #Législatives 2012 – Corsica Libera : « La Corse est une machine à fabriquer des Corses… tant qu’elle fonctionne »

Le militant de Corsica Libera a plusieurs cordes à son arc. Archéologue, chargé de cours à la faculté de Corte, il vient récemment de créer une agence de voyage. A 40 ans, Ghjuvan Filippu Antolini avoue « être tombé dans la politique dès le berceau ».

Il se présente aux élections législatives, dans la première circonscription de Haute-Corse. Mais son engagement ne date pas d’hier.

« J’ai été lourdement condamné par la cour d’assises de Paris et, à l’époque, j’ai répondu en rejoignant l’exécutif de Corsica Nazione pour défendre cette terre. »

Alors, un nationaliste corse sur les bancs de l’Assemblée nationale ?

« Il n’y a pas d’incohérence. Je pense qu’il serait d’ailleurs intéressant que les électeurs envoient un nationaliste dans l’hémicycle, un ambassadeur de la Corse qui saura mieux répondre aux attentes du peuple. Aujourd’hui, les idées nationalistes sont reprises par l’ensemble de la classe politique insulaire et c’est pour nous une grande victoire. »

À ses côtés, il a choisi une femme comme suppléante, une candidate de « l’ouverture ». Âgée de 48 ans et d’origine kabyle, Parisa Semari-Paolantoni exerce la profession de guide interprète national.

« Je partage les idées de Ghjuvan Filippu mais je ne suis pas adhérente au mouvement. Je suis arrivée en Corse il y a 24 ans et cette île m’a beaucoup donné tant au niveau professionnel que familial. Être candidate aujourd’hui, cela me semble presque une évidence ».

« Faire retomber les pressions immobilières »

Le représentant de Corsica Libera ne part pas dans cette élection en… touriste.

Il travaille à l’élaboration d’un projet et sa priorité numéro un est l’obtention de la citoyenneté corse basée sur dix ans de résidence dans l’île.

« Cette revendication porte en fait sur plusieurs domaines,explique-t-il.Si on imagine que les emplois de fonctionnaires sont réservés aux insulaires, ils pourraient trouver de quoi se loger dignement. Cette disposition contribuerait à lutter contre la bétonisation de notre terre et les spéculations, à faire retomber les pressions immobilières. »

« Il ne faut pas oublier aussi que le sacrifice clandestin a permis de protéger nos côtes. Nous avons besoin d’une véritable évolution institutionnelle car notre société a changé et le cadre dans lequel elle s’inscrit n’est plus adapté. Je pense que la Corse est une machine à fabriquer des Corses… tant qu’elle fonctionne. Et il faut faire en sorte que cela continue ».

Sur la violence qui sévit encore dans l’île et sur le récent attentat contre la sous-préfecture de Corte, il estimeque« des gens sont encore contraints de résister les armes à la main face aux agressions que l’on subit. Ce sont nos derniers remparts. Et beaucoup de Corses sont bien contents de les trouver ».

« Un transfert de compétences en matière éducative »

L’éducation et l’apprentissage de la langue demeurent au centre de son engagement : « On voit tous les jours que l’État se désengage de la Corse pour faire des économies. C’est pourquoi nous proposons la mise hors norme de l’académie. Il nous faut un transfert de compétences pour un système éducatif plus adapté aux réalités locales, historiques ou encore climatiques et non plus qui résulte d’un banal calcul mathématique.

« Nous avons un long combat à mener car la langue corse est en danger ».

Le candidat et sa suppléante entendent également œuvrer dans le domaine social.

« Nous travaillons sur des propositions pour faire baisser les prix et nous les dévoilerons dans quelques jours,intervient Parisa Semari-Paolantoni. C’est un sujet qui me touche particulièrement car je trouve inadmissible aujourd’hui que des seniors aient tout juste de quoi survivre, que les jeunes connaissent la misère. Ce sont les raisons de mon engagement dans cette campagne ».

Enfin, le programme du candidat ne serait pas complet sans quelques idées sur le tourisme et l’environnement. « Il faut continuer à défendre le littoral car les lois actuelles ne suffisent plus. La Corse ne doit pas subir uniquement ce tourisme de masse l’été qui coûte cher et ne rapporte rien. Je suis pour l’étalement de la saison et nous pourrions utiliser l’image de Napoléon qui a une renommée mondiale.En profiter pour mieux faire connaître Pasquale Paoli et créer autour d’eux une offre touristique basée sur le respect de nos valeurs et le développement durable ».

Sandra carlotti

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