#Corse – Une voiture-bélier en feu lancée contre la sous-préfecture de Corte

L’attentat qui a visé l’édifice de l’État, dans la nuit de samedi à dimanche, a été perpétré dans des circonstances exceptionnellement tendues. On a frôlé le pire.

Il y a d’abord le mode opératoire choisi pour atteindre la cible : une voiture folle lancée en marche arrière contre la grille d’accès aux locaux administratifs de la sous-préfecture de Corte. Une 207 incendiée une fois dans l’enceinte. Une énorme boule de feu qui déchire la nuit cortenaise dans le fracas de la tôle qui s’embrase. Rien à voir avec l’attentat à l’explosif, classique, malheureusement banalisé. Il est 2 h 20 du matin, l’avenue de la République qui prolonge le Cours Paoli vers la sortie nord de la ville plonge dans l’effervescence. Les forces de gendarmerie se multiplient autour du bâtiment de l’État, les pompiers se présentent rapidement sur les lieux pour procéder à l’extinction de l’incendie. Tout danger semble écarté, mais la voiture-bélier incandescente neutralisée ne constituera pas le seul point d’orgue d’une nuit stressante.

Car il y a aussi l’équipée sauvage d’un commando, trois hommes auteurs du méfait, des individus portant des vêtements sombres, les visages masqués par des cagoules. Avant et après l’attentat, leurs rencontres, provoquée puis hasardeuse, ont bien failli tourner au drame.

Face à face tendu avec la patrouille

Peu avant les faits, les trois hommes interceptent un véhicule qui circule faubourg Saint-Antoine, à deux kilomètres de la sous-préfecture. Deux jeunes Cortenais sont à bord, sommés de descendre sous la menace. Dans un bref instant de tergiversation, l’un des braqueurs armé d’un fusil fait feu en l’air pour bien montrer qu’il ne s’agit pas d’un poisson d’avril. Les deux jeunes s’exécutent. Peu après, ils seront à la gendarmerie, évoquant, dans leur audition, un mystérieux extincteur dans les mains de l’un des individus lors de la confrontation tendue… En attendant, le commando file vers le centre-ville. Il tient sa 207 pour mettre son plan à l’exécution.

Dans les minutes qui suivent l’attentat, dans une rue proche de l’avenue de la République, les trois hommes font une rencontre imprévue. Face à eux, une patrouille du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie qui fait une ronde de routine à bord d’une voiture banalisée. Les deux camps sont armés, l’instant est critique. Aux premières sommations, le commando prend la fuite à toutes jambes. Le sang-froid a prévalu, le pire a été évité.

L’extincteur qui cachait la charge

Il est 3 heures du matin, l’enceinte de la sous-préfecture est désormais le seul point de convergence. Mais le reste de la nuit ne va pas se limiter à l’examen tranquille du véhicule incendié. À deux pas de la carcasse, un extincteur suscite l’interrogation. Le fameux extincteur qu’évoquaient les jeunes Cortenais interceptés faubourg Saint-Antoine. Le risque est jugé trop grand. Un périmètre de sécurité est aménagé, les pompiers s’écartent, laissant leur fourgon devant le bâtiment. Claude Valadier, le sous-préfet de Corte, et son épouse, quittent la résidence de fonction voisine. Tout le monde est à l’abri dans l’attente de l’intervention des démineurs.

Entre-temps, la gendarmerie est dessaisie au profit de la sous direction antiterroriste et de la police judiciaire. L’affaire est désormais entre les mains du parquet antiterroriste de Paris. Sur place, les plus hautes autorités compétentes ou concernées arrivent les unes après les autres, par la route ou en hélicoptère. Louis Le Franc, préfet de Haute-Corse, Jean-François Lelièvre, coordonnateur des services de sécurité en Corse, Dominique Alzeari, procureur de la République, le colonel Lionel Lavergne, patron du groupement de gendarmerie de Haute-Corse. Tous se réunissent dans la résidence du sous-préfet avant d’apprendre que l’incendie de la Peugeot 207 aurait pu se transformer en dramatique explosion. Préoccupation des démineurs, l’extincteur livre son secret. Il cachait un dispositif artisanal destiné à actionner une charge explosive à base de poudre.

Sur Corte, le jour se lève enfin. Malgré des heures difficiles, le soulagement est de mise.

Dans la nuit, l’irréparable n’a jamais été très loin;

http://www.corsematin.com/article/une-voiture-belier-en-feu-lancee-contre-la-sous-prefecture-de-corte.621978.html

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