(unità naziunale – 8h00 – 7 février 2018) Me Camille Romani, ancien bâtonnier de l’Ordre a lui aussi réagit, tout comme ses confrères Stéphane Nesa et Gilles Antomarchi bâtonniers de l’ordre des avocats du barreau d’Ajaccio et de Bastia.
« Ce qui s’est passé le 6 février 1998 ne s’excuse pas, ne se plaide pas, ne s’explique pas »
Voici son courrier :
Romani Camille
Monsieur Emmanuel MACRON
Président de la République
Palais de l’Élysée,
55 rue du Faubourg-Saint- Honoré
75008 Paris.
AJACCIO, le 6 février 2018
Monsieur le Président,
Je n’ai pas eu l’honneur d’être invité à la cérémonie de commémoration du 20ème assassinat de Monsieur le Préfet ERIGNAC.
Toutefois j’ai pu entendre au journal télévisé, un extrait de votre discours relatif au fait que «…ce qui s’est passé le 6 février 1998, ne se justifie pas, ne se PLAIDE pas, ne s’oublie pas».
Ayant été l’un des défenseurs de deux des personnes renvoyées devant la Cour d’Assises spécialement composée, pour avoir participé à cet assassinat, je m’explique difficilement vos propos.
Sommes-nous entrés depuis votre élection, dans une ère de non-respect des droits les plus élémentaires de la défense ?
La France va-t-elle se désolidariser de la Convention de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, laquelle en son article dispose 6 que :
« Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, qui décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle…. »
Ou que :
« Tout accusé a droit notamment à :
…se défendre lui-même ou avoir l’assistance d’un défenseur de son choix… »
Se dirige-t-on sous votre autorité, vers un système judiciaire dans lequel la parole de l’accusé et celle de son avocat seraient surveillées, censurées et pourquoi pas interdites ?
Plus généralement, sommes-nous toujours dans une société démocratique ou envisagez-vous de faire basculer le pays que vous dirigez vers un régime totalitaire au sein duquel effectivement certaines causes, certains dossiers, certaines affaires ne se plaident pas ?
Vous m’obligeriez en apportant des réponses apaisantes à toutes ces angoissantes interrogations.
Dans l’attente de vous lire,
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma considération pour l’instant encore respectueuse.
Camille ROMANI
6 février 2018