(Unità Naziunale Publié le 19 décembre 2018 à 17h25) Monsieur Perrier, se présentant comme « gilet jaune » de Bastia, a critiqué dans la presse ma proposition de « fonds social de solidarité », ce qui est bien évidemment son droit le plus absolu. Le mien est de lui répondre, sur la forme comme sur le fond.
Sur la forme, l’analogie quelque peu méprisante avec les « Restos du coeur » me semble déplacée au regard du travail considérable, utile et désintéressé, réalisé par les bénévoles de cette association auxquels je veux pour ma part rendre hommage.
Sur le fond, confondre solidarité et aumône me paraît étonnant, pour ne pas dire d’avantage, tout particulièrement dans un pays où l’on connaît toute la valeur du beau mot de « Sulidarità ».
Cela dit, rappelons que la création proposée du fonds social ne se substitue aucunement aux nécessaires discussions visant à obtenir la baisse des prix des carburants, discussions que nous avons commencées et que nous allons poursuivre.
Rappelons ici l’ensemble de la démarche que nous préconisons :
- Poursuivre les discussions avec les fournisseurs de carburant et les autres acteurs dans le cadre de la Conférence sociale,
- Etudier la possibilité d’extension du décret Lurel (blocage des prix du carburant),
Discussions avec l’Etat pour aligner la fiscalité sur celle des autres îles (notamment TVA à taux 0), - Donner à l’observatoire des prix tous les moyens matériels et humains nécessaires.
Quant au « fonds social de solidarité », financé par des entreprises privées qui réalisent leurs bénéfices en Corse, il aurait pour but de traiter en urgence les plus grandes difficultés, s’agissant des questions de déplacement ou de besoins alimentaires. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir ces situations d’urgence que l’on peut résumer à ce seul chiffre : 20% des Corses vivent au-dessous du seuil de pauvreté, dont un grand nombre dans la précarité.
Par-delà les inutiles polémiques, nous poursuivrons la démarche de concertation et d’action que nous avons entreprise.
Nous ne doutons pas que chacun y tiendra toute sa place, comme les dizaines de milliers de personnes qui dénoncent la situation de détresse sociale que connaissent trop de familles corses.
Jean-Guy Talamoni
Président de l’assemblée de Corse