JR – Quel est votre sentiment sur l’implosion du groupe de droite à l’Assemblée de Corse ?
JMM – La constitution de la liste portait en germe cette inévitable « implosion » qui est moins une dispersion que l’expression tardive d’une diversité étouffée en son temps par une stratégie foireuse, celle de la liste unique. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, j’augure que l’UMP, au niveau national, vivra les mêmes soubresauts. A prendre le risque de faire rentrer tout le monde dans le même moule, on s’expose à faire sauter la cocotte.
JR- Ne manque–t-il pas un patron en Corse ?
JMM – Là où les idées se tarissent, prospère la quête de l’homme providentiel. L’argument est spécieux, la droite corse n’est pas en manque de leader, elle est orpheline d’un espoir. Et l’espoir renaîtra sur une question trop longtemps restée sans réponse. Que signifie « être de droite » aujourd’hui et cela a- t-il encore un sens ?
JR- Votre réponse personnelle ?
JMM – Etre de droite c’est d’abord croire en l’homme. En sa liberté d’expression, d’entreprendre et de conscience. C’est la raison pour laquelle je m’insurge contre toutes les pratiques clientélaires qui asservissent l’homme, là ou la droite plus que toute autre formation politique devrait l’ affranchir
Etre de droite c’est ensuite croire en la rigueur et l’autorité, notamment celle de l’Etat comme garant du vivre ensemble.
Etre de droite c’est aussi croire au mérite, au travail comme sources d’épanouissement individuel et collectif, sur la base des valeurs chrétiennes d’effort et de générosité que tous les Corses ont reçues en héritage.
Etre de droite enfin c’est ne pas être de gauche et plus j’entends certains leaders surenchérir sur l’homoparentalité, la dépénalisation du cannabis ou le vote des étrangers, plus je me sens à l’aise dans mon camp.
Sans faux semblant et dans le respect des autres sensibilités, j’ai toujours revendiqué ces convictions.
JR – Tout cela a-il un sens localement ?
JMM – Très clairement, cela dépend de l’échelle du local. Le mur du village n’est ni de droite ni de gauche, il est bien ou mal bâti. En revanche, dire que la droite et la gauche c’est la même chose à l échelle de la CTC relève de l’aveuglement électoraliste. Prenons l’exemple des transports maritimes. Que je sache il y a quand même bien une différence entre ceux, j’en suis, qui croient à un service garanti minimum,à une desserte mieux assurée par la mise en place d’une concurrence régulée et ceux qui privilégient un modèle tout public à la botte des syndicats marseillais. Et qu’on n’aille pas me resservir l’étiquette du libéral sauvage ligué à la finance internationale. J’ai toujours considéré la puissance publique comme indispensable à la régulation du système et n’ai pour ma part pas d’accointances avec les forces de l’argent
JR – Que propose l’UNC?
JMM – Se revendiquant de la « droite autonome », l’UNC souhaite tirer un trait définitif sur le clientélisme en soumettant une charte sur les embauches publiques qui privilégiera la compétence. Donner à la Corse un véritable statut d’autonomie fiscale. Favoriser l’émergence d’un secteur privé à haute valeur ajoutée. Rendre le système de transport fiable et moins coûteux. Reconnaître la communauté corse dans toutes ses composantes notamment en incitant à l’inscription massive des Corses de l’extérieur sur les listes électorales,etc … Parce que l’intelligence d’un peuple se fixe en allant à sa rencontre, notre projet prend corps au gré de réunions et d’échanges ô combien fertiles. Les Corses n’aiment pas seulement la politique, ils aiment faire de la politique,. Une Nouvelle Corse donne précisément à chacun un rôle de bâtisseur de projet.
JR – Quel est le profil de vos militants?
JMM – Nous bénéficions en premier lieu du soutien d’hommes qui ont exercé et exercent encore des fonctions électives majeures. Sans leur caution affective, morale et surtout politique, notre démarche pourrait paraître naïve. UNC est aussi composé de femmes et d’hommes qui se sentent plutôt à droite mais pas en phase avec l’UMP et ses stratégies. Mais l’immense majorité de nos rangs est constitué de citoyens qui n’ont jamais adhéré à aucun parti et qui bien au delà des clivages droite-gauche veulent faire de la politique autrement. Ceux là sont plutôt jeunes et diplômés et n’acceptent pas de voir la médiocrité prendre le pas sur la compétence. Ils croient que les solutions de la Corse se trouvent en Corse et en faisant le pari de l’intelligence collective des Corses. Pour faire simple, le type même du militant UNC, c’est quelqu’un d’entreprenant qui n’a pas envie d’aller vendre son âme et sa liberté chez le premier élu du coin pour un service ou un emploi. C’est donc au confluent de l’expérience et de la modernité, au point de rencontre de l’enthousiasme et de la sagesse que se construit la base militante d’UNC.
JR – Est il aisé de faire entendre une voix régionale en n’étant pas élu de l’Assemblée de Corse. ?
JMM – Le fait d’être élu à l’Assemblée de Corse offre incontestablement une tribune plus lisible. En revanche, ma situation « extra muros » me donne une liberté de ton et d’esprit que je n’avais pas lorsque je présidais le groupe majoritaire à l’Assemblée de Corse, Pour le reste, mes amis et moi avons fondé « Une Nouvelle Corse » comme un parti politique régionaliste. C’est donc tout naturellement que nous nous intéressons aux secteurs de compétences couverts par la CTC. A l’évidence, les soutiens qui abondent et le crédit porté à notre démarche nous incitent à être plus actifs encore. Et bien au delà , à faire valider notre stratégie par le corps électoral.
JR – Et l’UMP?
JMM – Je n’ai pas changé de slogan : « Affaires nationales, parti national. Affaires régionales, parti régional ». L’UMP est et restera, je le souhaite, un grand parti national. Pour autant, comme tous les grands partis nationaux il participe à la vassalisation des esprits et à une « parisianisation » des pratiques peu adaptées au contextes locaux. Il n’est qu’à voir la course aux investitures qui prêterait à sourire si l’affaire n’était sérieuse. Quand on y songe : en 2012, aller chercher un ticket à Paris comme d’autres il y a des siècles quémandaient une dignité ecclésiastique… J’observe avec regret que même une partie des nationalistes modérés trouvent refuge dans un parti national (Europe Ecologie le verts). Il faudra s’en souvenir le moment venu. L’engagement politique de peut pas se construire à géométrie variable et au gré des scrutins.
JR – Etes vous prêt à travailler avec l’UMP?
JMM – Premio, je ne confonds pas les hommes et les partis. Deuxio, je suis et je reste un homme de droite. Tertio, l’heure est venue de dire tout haut ce que tout le monde souhaite tout bas : sur la base d’un contrat programmatique, il faudra bien s’ouvrir à d’autres sensibilités
JR –La Présidentielle
JMM – Il faut concéder à Nicolas Sarkozy le mérite d’avoir entrepris des réformes courageuses qui ont évité à notre pays d’être plus considérablement impacté par la crise. On ne doit quand même pas au hasard de ne pas jouer dans la même cour que le Portugal, l’Espagne ou l’Italie. Hélas, des maladresses patentes et une gouvernance par trop basée sur ce que j’appellerai « l’injonction contradictoire » rendent peu lisible le bilan du quinquennat et confortent la volonté de changement des Français. J’ajoute qu’une connivence trop manifeste avec les plus riches a fait beaucoup de dégâts, notamment parmi ceux qui croient en une droite populaire et sociale.
Ceci étant, soyons clair, je saurai où est mon camp le 22 avril.
JR – L’action de la majorité de gauche à la CTC
JMM – L’inertie est la marque de fabrique de la majorité. Je vous mets au défi de me citer une action concrète au service des Corses. Tout n’est que méthode, feuille de route, commissions et travaux de réflexions.
Plus grave encore, les frais de fonctionnement ont augmenté de façon vertigineuse. Ainsi le métier de la CTC a changé en deux ans : hier sa vocation était d’investir, aujourd’hui, c’est d’embaucher. Je salue au passage le courage et la détermination de Marie-Antoinette SANTONI-BRUNELLI qui a su s’opposer à cette dérive préoccupante.
JR – Votre sentiment sur la commission violence ?
JMM – On ne saurait nier l’intérêt moral et intellectuel de la démarche. Mais démythifions une bonne fois pour toutes le rôle des élus et revenons à des fondamentaux. Dans ses missions régaliennes, c’est à l’Etat d’assurer la sécurité des biens et des personnes, d’instruire, d’enquêter et de condamner ceux qui au nom du peuple, sont jugés coupables.
JR – Comment répondez vous au risque de marginalisation ?
JMM – Mes amis et moi-même trouvons partout écho à notre ambition de reconquête. Pour tuer dans l’œuf toute spéculation sur le risque de « borlooisation » de notre démarche, je réaffirme qu’UNC présentera sa propre liste aux prochaines élections territoriales. Le cap est mis sur 2014, et rien ne nous détournera de cet objectif.
Blog Jean Martin Mondoli, interview du 2 février 2012
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