(Unità Naziunale Publié le 29 octobre 2018 à 19h09) Bienheureux Bolsonaro qui reçoit des félicitations du monde entier. Que les Salvini et Lepen se félicitent de la victoire du néo-fasciste ne surprend personne.
Pas plus d’ailleurs que les chaleureuses congratulations envoyées par Trump et Poutine. Pour ne pas être en reste, Macron y est allé de son message de félicitations. En cela, il est rejoint par Maduro et la quasi-totalité des chefs d’états d’Amérique du Sud.
Les marchés financiers saluent à leur manière cette élection. Preuve en est avec le bond en avant des marchés boursiers, y compris à la veille du scrutin. La bourgeoisie brésilienne exulte en compagnie des églises évangélistes du pays, soutien parmi les soutiens de l’extrême droite.
Tout ce petit monde ne s’inquiète absolument pas de la nature immonde de celui qui a tout osé pendant la campagne électorale en matière de propos racistes, misogynes et homophobes. Peu leur importe les premiers meurtres et autres violences déjà commises par les bandes fascistes du nouveau « Caudillo ». Qu’ont-ils à faire des peuples d’Amazonie dont les territoires déjà mis en coupe réglée vont subir encore plus de dévastations ? Rien, absolument rien. Tous invoquent un scrutin validé par la démocratie…
Dans ce qui reste de la gauche pantelante française et de ses homologues en Corse, pas une voix qui ne s’élève pour pointer l’écrasante responsabilité de la direction du PT brésilien dans ce désastre.
Certes, les puissances financières, une grande partie des médias et des sectes religieuses ont amplement œuvré à la victoire du fascisme brésilien. On pourrait également évoquer l’action continue du courant fasciste brésilien, le mouvement intégraliste, actif depuis les années 30. Pour autant, cela n’exonère en rien les courants sociaux libéraux qui dirigent le PT depuis des années. Il y a la corruption qui a rongé leurs rangs comme d’ailleurs la quasi- totalité de l’establishment politique brésilien, parti de Bolsonaro compris, mais le facteur déterminant reste celui d’une ligne politique qui loin de réduire les inégalités, les a en fait creusées.
A vouloir concilier l’économie de marché avec un vrai progrès social, le PT a déçu une grande partie des couches populaires. Les classes dominantes ingrates ont cherché ailleurs encore plus de garanties de profits. Ce scénario est un classique qui se répète sous toutes les latitudes.
A contrario de tous les apprentis sorciers, ce n’est pas du principe « une femme, un homme, des voix » dont il faut se prémunir mais plutôt des charlatans qui, portés au pouvoir par les classes populaires, n’ont de cesse que de trahir les intérêts qu’ils sont censés représenter.
N’en déplaise aux capitalistes honteux de la fausse gauche, la victoire des populistes et autres fascistes se nourrit des faillites des réformistes. De ceux- là même d’ailleurs, qui sous les faux nez de l’insoumission et autres contorsions, simulent une radicalité de façade.
Aujourd’hui, le monde est menacé par l’irruption de régimes totalitaires ou de ceux qui sont en voie de mutation en ce sens. Certes, ce sont sur les faillites d’une pseudo gauche exsangue que s’édifient ces régimes. Mais ce n’est pas le seul facteur. Au sein même du camp capitaliste, sont apparues des contradictions qui mettent aux prises les tenants d’encore plus de globalisation et ceux qui souhaitent le retour à un libéralisme économique circonscrit au seul niveau des Etats-nations.
Dès lors le risque est grand de voir s’exacerber des antagonismes dont le prolongement peut être le recours aux vieilles recettes du capitalisme, conflits armés à grande échelle compris. Pour l’heure, dans la complexité de son fonctionnement le capitalisme est plus enclin à se satisfaire de la prise de pouvoir de régimes totalitaires, même si ceux-ci dans un premier temps se veulent les défenseurs zélés des petites et moyennes bourgeoisies aux abois.
Au regard de ces enjeux, les illusoires « fronts républicains » ne sont plus de mise. Cela ne signifie pas, que pour autant face au fascisme, il ne faille pas opposer de larges fronts de résistance, mais sûrement pas au détriment d’une indépendance de classe. Le monde du travail a seul la force et les moyens de s’attaquer à la racine du problème. Et celui-ci porte un nom : le capitalisme. Les tâches sont donc multiples. La refondation d’une entité politique clairement en rupture avec l’économie de marché compte parmi celles-ci. Cela ne peut se faire sans que soit dressé un bilan critique sans concession. Bilan du réformisme social-libéral et bilan des régimes pseudo communistes.
Les partisans d’un socialisme démocratique et autogestionnaire ne peuvent pas davantage s’exonérer d’une vision critique de leurs propres démarches, en particulier de certaines dérives sectaires qui caractérisent « la gauche de la gauche », courants libertaires compris.
Aujourd’hui l’heure est à un soutien des classes populaires brésiliennes et des peuples d’Amazonie qui vont subir de nouvelles exactions de la part des néo-fascistes nouvellement élus et des classes dominantes de ce pays. Le pillage annoncé de l’Amazonie s’annonce comme une catastrophe écologique qui va à rebours de la prise de conscience planétaire éco citoyenne.
La solidarité internationale a un rôle déterminant à jouer dans ce triste décor.
Elle est une nécessité pour les « autres » comme il se pourrait bien qu’elle nous soit également vitale.
A Manca