(Unità Naziunale Publié le 23 octobre 2018 à 19h03) Le PNC Aiacciu tient à réagir concernant le dossier de cession, réhabilitation et mise en valeur de la Citadelle Miollis.
Sur la forme d’abord.
C’est peu de dire que le processus engagé en avril 2015 par l’État et le conseil municipal de la Ville d’Aiacciu a pris davantage de temps que prévu.
Lorsque le protocole destiné à organiser le transfert de l’emprise militaire dans le patrimoine communal, était régularisé, Monsieur MARCANGELI espérait, très optimiste, une cession effective au 1er janvier 2017.
Passé un retard d’une année sur cette première échéance, Corse Matin titrait, le 18 janvier 2018 « La cession de la citadelle Miollis entre dans sa dernière ligne droite ».
Cela pose, dix mois après, une série de questions qui deviennent urgentes, à la fois en termes de contenu, de méthode et de financement puisque, à ce jour, la cession du bien par l’Etat n’est toujours pas réalisée et le coût de l’opération pour la municipalité, donc le contribuable ajaccien, n’est pas chiffré ou, du moins, dévoilé.
On convient aisément que, si un projet de ce type est long et complexe à réaliser, il exige d’autant plus de courage, de rigueur et de transparence dans son suivi.
Or, force est de constater que les Ajacciens ne disposent aujourd’hui que de peu d’éléments pour juger de ses avancées, en dehors de quelques articles parus depuis 2015 et qui se limitent à poser des principes généraux d’aménagement, une simple présentation d’un projet et une visite durant les journées du Patrimoine.
C’est le grief principal que nous adressons à la municipalité concernant la façon dont ce projet est porté.
En effet, les Ajacciennes et les Ajacciens n’ont jamais été consultés sur ce qui, peut-être, résume le mieux leur cité, qui en a été le point de départ, qui en reste le cœur, et qui a vocation à redevenir le quartier rayonnant qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.
Le fait d’avoir relégué la Collectivité de Corse au magasin des accessoires en ne l’associant jamais activement, fût-ce en terme d’expertise, audit projet restera contenu au volumineux chapitre des regrets, mais peut-être n’est-il pas trop tard ?
Sur le fond maintenant.
Aujourd’hui, sauf erreur ou omission, la seule chose dévoilée au grand public est la construction d’un hôtel de luxe dans le bastion génois.
Nous précisons qu’au vu de l’ampleur du projet, un partenariat public/privé et la possibilité de développer une activité commerciale, fût-elle de luxe, à l’intérieur de l’enceinte de la Citadelle ne nous apparaît pas choquante a priori.
En revanche, que cette réalisation émerge de façon concrète et publique au premier rang des projets d’aménagement de ce monument majeur et central de l’histoire d’Aiacciu nous paraît relever d’un curieux sens des priorités.
Plus grave, cet hôtel est, semble-t-il, promis à occuper le bastion génois, lieu symbolique s’il en est.
Il nous reste à espérer que la cellule attenante audit bastion, où Fred SCAMARONI a trouvé la mort, ne sera pas métamorphosée, à la grande joie de touristes fortunés, en suite parentale, spa ou salle de fitness.
Nul doute que les services de l’Etat veillent au grain, mais, nonobstant le fait qu’ils sont parfois approximatifs dans leurs obligations de contrôle, au vu des informations parcellaires et distillées au compte-gouttes qui nous parviennent, nous souhaitons faire partager nos craintes par le présent communiqué.
En outre, il nous semble que l’aménagement de la citadelle, doit être appréhendé comme un ensemble avec une ligne de force, une colonne vertébrale, qui structure et donne sens au projet.
Depuis 2016, nous croyons savoir que trois entreprises travaillent sur des aspects complémentaires et essentiels : l’aménagement urbain et paysager, l’étude des potentialités techniques, commerciales et financières des bâtiments existants et enfin la réhabilitation du château génois et de ses extensions.
Nous pouvons en conséquence nous interroger sur ce choix méthodologique de scinder ces différents aspects, alors même qu’un traitement global du projet avait été privilégié initialement par le comité de pilotage.
Quelles sont les raisons qui ont poussé le comité de pilotage à cette bascule et la SPL Ametarra à lancer trois marchés distincts qui semblent contraires aux objectifs de cohérence indispensables à ce type de projet ?
Plus largement, et au regard de son importance pour le développement de la Ville, il serait intéressant pour les Ajacciennes et Ajacciens de connaître le calendrier des réunions du comité de pilotage et de disposer de ses relevés de conclusion.
Pour compléter le propos, il semble que les problématiques de circulation et de stationnement sont totalement absentes des commandes aux entreprises, ce qui, considérant la situation d’engorgement actuelle du centre-ville et les bouleversements attendus par la réalisation du projet, est totalement inexplicable.
Les questions fondamentales qui nécessitent des prises de positions de la municipalité et qui auraient dû servir de base au travail des entreprises en amont sont clairement fondées sur la répartition qu’elle entend dédier aux différentes affectations des espaces : commerces, logement, culture, patrimoine, tourisme, artisanat, etc…
Il convient également d’aborder de manière beaucoup plus précise et transparente les modalités de mise en œuvre de collaborations public/privé et d’attribution des concessions commerciales.
Il est indispensable d’éclaircir ce dernier point rapidement afin de rassurer et d’éviter les rumeurs d’accaparement dont bruit la Ville depuis un certain temps.
Si nous devions résumer le propos, en dehors même des inquiétudes sur le contenu et la méthode, l’ambition et l’audace ne nous semblent pas au rendez-vous de ce projet d’aménagement.
Il y manque un parti-pris fort, une vision qui permettrait aux habitants de cette ville de se l’approprier et de s’y projeter.
Un seul exemple pour illustrer ce propos, le futur musée Napoléonien qui sera hébergé dans l’hôtel de Ville.
Beaucoup d’entre nous considèrent que la Citadelle eut été un lieu parfait pour recevoir un tel hôte et qu’il eut pu être le dénominateur commun de bien des activités qui aurait permis à la Ville de faire mieux connaître en et hors ses murs le plus célèbre de ses enfants, qui n’est autre que le personnage historique le plus connu au monde à l’exception du Christ.
La consultation des habitants de la Ville aurait pu, sur ce point aussi, être source d’enseignements.
Jean-François CASALTA, pour la section AIACCIU du PNC