Les policiers ont placé en garde à vue au moins deux militants nationalistes dont un membre de l’exécutif de Corsica Libera. La famille indépendantiste a manifesté son « indignation » hier soir.
Le droit commun peut-il être brouillé par la politique? C’est la question que se posent les enquêteurs de la direction régionale de la police judiciaire. Hier, au petit matin, ils procédaient à une série d’interpellations dans la région ajaccienne, agissant sur commission rogatoire d’un juge de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille. De source proche du dossier, on confirmait le tableau de ces investigations.
Les enquêteurs auraient mené ces arrestations dans le cadre de l’enquête sur l’homicide d’Anthony Morère-Paoli, tué par balle le 26 janvier après une partie de chasse, sur la commune de Tavera. Quelle est la piste suivie par la police? Pour l’heure, de nombreuses vérifications sont menées. A ce stade de l’enquête, on creuse « l’environnement », comme le dit le jargon.
Ce sont des éléments périphériques qui guident l’intuition des policiers. Sera-t-elle étayée par des éléments matériels, ou des coups de fil ? Cela reste à démontrer. L’autre voie qui est explorée tient également à la personnalité. D’une part, il y a celle de la victime. Un homme décrit comme« tranquille »par ses proches, mais que la Jirs avait mis en examen en 2010 pour un trafic d’armes. Les personnes interpellées ont-elles un lien avec cette infraction ? Répondre à cette question aujourd’hui reviendrait à faire de la police-fiction.
« L’État veut les salir »
Rien n’a filtré sur le résultat des perquisitions menées au domicile. Le nombre même des interpellés reste incertain. Officiellement, on certifiait que deux personnes étaient placées hier en garde à vue au commissariat d’Ajaccio. Mais hier soir, à la suite d’une conférence de presse, Corsica Libera annonçait que ce chiffre était de quatre. Une quarantaine de personnes, dont Jean-Guy Talamoni, s’était réunie devant le commissariat vers 20 heures pour porter leur « soutien indéfectible » à leurs militants. Les voitures garées en double file affichant des warnings bien visibles et des drapeaux près de l’hôtel de police, montraient que la mobilisation était bien réelle.
Dans une nuit froide et glacée, Jean-Marie Poli, membre de l’exécutif de Corsica Libera a rappelé que ces hommes ont toujours mené un « combat politique ».
Sous entendu, pas de droit commun. « Ils sont intègres, honnêtes, droits », précisait-il en durcissant le ton. « Nous dénonçons la manipulation policière grossière qui tente de les salir et appelons les Corses à la vigilance », a-t-il développé en voyant dans cette affaire « la main de l’État ». En clair, pour les nationalistes, il ne peut s’agir que d’une« poussette »,comme dit encore le jargon. Et Jean-Marie Poli de parier : « Nous sommes sûrs que ces militants seront libres demain ».
Les gardes à vue peuvent s’étirer pendant 96 heures. La présomption d’innocence, elle, court jusqu’à une condamnation définitive.
Vous aimez cet article ? Faîtes-en profiter vos amis !
Faites passer l’information autours de vous en cliquant sur :