(Unità Naziunale – 16 janvier 2018 – 17h00) L’éducation comme priorité politique : La politique, c’est l’art de tisser un lien entre les femmes et les hommes d’aujourd’hui, mais aussi entre les générations.
Celles d’hier, les actuelles et celles de demain. Si, à l’ère du « tout information » et des réseaux sociaux, nous sommes jugés à chaque sondage, à chaque décision, à chaque déclaration ou élection, ce sont, au final, nos enfants qui nous jugeront le plus.
Nous devons faire pour eux tout ce que nous pouvons. Et même plus. Lorsque nous étions dans l’opposition, comme durant les deux années passées, nous avons toujours placé l’éducation au coeur de notre politique :
réouverture de l’Université de Corse, innovation pédagogique pour le développement de l’éducation bilingue, stratégie d’ouverture de filières d’excellence, essor des échanges internationaux pour la recherche comme pour la formation.
Je pense que nous avons tracé une voie, mais si l’organisation de l’éducation est de moins en moins centralisée par les états, en France, l’Etat conserve la plus grande partie de la compétence éducative.
Il faut rappeler que l’éducation est aussi la condition de l’exercice démocratique. Parce que la démocratie, ce n’est pas seulement voter, c’est voter en conscience et en étant informé. Nous avons vu et nous voyons ce que peut être le résultat d’un scrutin lorsque le vote est plus le fruit de la colère que celui d’une démarche rationnelle d’adhésion à un projet. On le voit aux Etats-Unis avec un Président qui ne sait pas comment il est arrivé aux plus hautes responsabilités.
On constate aussi qu’en Europe le vote pour l’extrême droite est souvent lié à un trop faible niveau d’éducation. Pour cela, l’éducation est notre priorité et le thème de l’une des trois « conférences permanentes » que j’ai initiées après l’élection de 2015. Elle est le moyen de transmettre notre héritage culturel et scientifique. Elle est le moyen de créer un lien entre tous les acteurs sociaux de demain et d’anticiper les mutations sociétales, économiques et technologiques profondes que nous aurons à vivre. Si je devais vous dire quelles sont nos priorités dans les années à venir, je dirais, comme un ancien Premier Ministre Britannique, que la première est l’éducation, la seconde l’éducation et la troisième… l’éducation. Pour répondre aux problématiques de la terre du toit et du travail. Du bien-être de l’Homme aussi. La fin d’une mythologie française Pourtant, le système éducatif français est hors d’haleine.
L’égalité des chances, étudiée et évaluée depuis les années 60, semble un horizon de plus en plus lointain malgré les déclarations d’intention des gouvernements. Plusieurs études internationales réalisées par l’OCDE, comme PIRLS ou PISA, l’indiquent. Pour résumer, elles révèlent deux points majeurs :
– La France détient la première place en matière d’augmentation des inégalités ; l’origine sociale des écoliers influe sur les résultats des enfants et l’école creuse même les écarts sociaux initiaux.
– Le niveau des jeunes continue de baisser, en même temps que la performance du système éducatif. Les enquêtes du ministère s’accordent aussi sur ces deux points. En Corse, c’est ce système qui s’impose, et s’il n’existe pas d’étude spécifique à notre île, malgré la demande de l’Assemblée de Corse en 2017, nous savons que le problème se pose ici avec plus d’acuité en raison d’un taux d’abandon scolaire plus élevé qu’en France et d’inégalités plus fortes ici qu’ailleurs.
Il s’agit là d’inégalités sociales mais aussi d’inégalités territoriales. Si nous ne faisons rien, la situation ira de mal en pis, malgré les efforts et les compétences des enseignants et du personnel éducatif que je salue. Le rapport du CESC sur l’éducation Face à cette situation inquiétante, j’ai demandé en 2016 une étude au Conseil Economique, Sociale et Culturel sur le système éducatif en Corse et les évolutions que nous pouvons imaginer et prévoir.
Je remercie son Président, les membres de la commission ainsi que les fonctionnaires de l’actuel CESEC qui ont réalisé ce travail. La commission ad hoc « système éducatif » du CESC, composée, entre autres, de tous les syndicats de l’éducation, propose un bilan très intéressant puisque partagé par des acteurs très divers. Elle constate d’abord que le partage des compétences éducatives entre l’Etat et la Collectivité de Corse est un frein à l’efficacité du système éducatif corse. Elle propose quelques chiffres inquiétants :
– 38% des jeunes entre 15 et 24 ans ne possèdent aucun diplôme ou, tout au plus, possèdent le brevet des collèges
– 45% des 4400 jeunes de moins de trente ans sans activité et sortis du système éducatif ne possèdent aucun diplôme ou, tout au plus, possèdent le brevet des collèges
– Le taux de scolarisation est inférieur à celui de la France La conclusion du rapport du CESC, voté à l’unanimité du conseil, est claire :
nos marges de manoeuvre, nos possibilités d’actions pour gommer les inégalités sociales au sein du système éducatif sont limitées car nous dépendons des politiques nationales. Une réponse uniforme à des préoccupations différenciées localement et territorialement n’est pas appropriée, voire accentue les inégalités. Changeons notre système éducatif Les systèmes éducatifs peuvent être changés. Nous pouvons changer le nôtre.
Nous devons le faire ! Les pays désormais en tête selon l’étude PISA étaient en fin de classement il y a vingt ou trente ans. C’était le cas de Singapour, par exemple, en 1990. Il est aujourd’hui parmi les premiers après avoir transformé son système éducatif, en privilégiant la formation des enseignants.
Les pays du Nord de l’Europe, eux, ont choisi de valoriser les métiers de l’enseignement et de la formation, de soutenir l’innovation, de favoriser l’autonomie des établissements et d’abandonner les systèmes traditionnels de notation. Selon nous, l’enseignement majeur à retirer de l’étude PISA est le suivant : la réussite d’un système éducatif est conditionné à la possibilité pour un pays d’évaluer lui-même son système, de définir les améliorations à apporter et de pouvoir les mettre en oeuvre lui-même.
Il n’existe pas de modèle unique qui conviendrait à tous les pays. Chacun doit construire son propre modèle. Le rapport du CESC l’affirme également : Il faut évaluer les dispositifs éducatifs à l’échelon de la Corse.
La connaissance précise des spécificités et singularités de chaque territoire est indispensable pour défendre les moyens nécessaires et construire les politiques éducatives et de formations adaptées aux réalités et besoins de notre territoire. C’est la raison pour laquelle, l’an passé, l’Assemblée de Corse a voté pour un cadre normatif spécifique qui doit nous permettre de développer des stratégies éducatives ambitieuses pour nos jeunes.
Il ne peut y avoir d’émancipation individuelle et collective que par la construction d’un système éducatif plus juste, plus performant, plus technologique, plus adapté à ce que nous sommes et directement piloté depuis la Corse. L’éducation doit faire partie des sujets traités lors des négociations avec Paris. Ce n’est pas un dossier mais véritablement une part de nous-mêmes.
Pour ma part, je vais poursuivre le travail initié par la conférence permanente. J’ai prévu de rencontrer dans les jours qui viennent tous les syndicats de l’éducation pour réfléchir avec eux à la meilleure solution.
Il s’agit là de réussite et d’épanouissement de notre jeunesse, de développement culturel, social, économique, d’emploi et d’avenir.
Je vous remercie.
Président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni
Discours du 16 janvier à l’Assemblée de Corse
L’educazione cum’è prima priurità pulitica
A pulitica ghjè l’arte di tesse una lea trà l’omi è e donne d’oghje, ma dinù trà e generazione. Quelle d’eri, quelle d’oghje è quelle di dumane. S’è à l’epica di l’infurmazione tutale di e rete suciale, simu ghjudicati à ogni sundame, à ogni decisione, à ogni dichjarazione o elezzione, u più chè no seremu ghjudicati serà da i nostri figlioli. Circhemu à dà è à fà, per elli, tuttu ciò chè no pudemu. È ancu di più.
Durante l’anni chè n’eramu in l’uppusizione, cum’è durante i dui anni passati, avemu sempre piazzatu l’educazione in core à a nostra pulitica : riapertura di l’Università di Corsica, innuvazione pedagogica per u sviluppu di l’insignamentu bislinguu, strategia d’apertura di filiere d’eccellenza, sviluppu di i scambii internaziunali per a ricerca cum’è per a furmazione. Credu ch’avemu insegnatu una strada, ma s’è l’urganisazione di l’educazione si face di menu in menu à u livellu centrale di i Stati, in Francia, ferma u Statu à tene a maiò parte di a cumpetenza educativa.
Ramintemu chì l’educazione hè dinù a cundizione di l’eserciziu demucraticu. Perchè a dimucrazia ùn hè solu u votu, ma u votu cuscente è infurmatu. È di fatti, si vede, oghje cum’è eri, cosa pò esse u risultatu di u scrutinu quandu u votu hè più l’effettu di a zerga chì d’una dimarchja raziunale d’adezione à un prugettu. Si vede in America, incù un presidente ch’ùn la sà mancu ellu cum’è hà fattu per ghjunghje à e più alte respunsabilità. Si vede in Auropa dinù chì u votu per a strema dritta è spessu liatu incù un livellu d’educazione troppu debbule.
Hè per quessa chì l’educazione hè a nostra prima primura è u sugettu di una di e trè « Cunferenze permanente » ch’aghju lanciatu dopu à l’elezzione di dicembre 2015.
L’educazione, hè u mezu di trasmissione di a nostra lascita culturale è scentifica. Ghjè u mezu di tesse a lea trà tutti l’attori suciale di dumane è d’anticipà e mutazione sucetale, ecunomiche è tennulogiche prufonde ch’averemu da cunosce. S’è per l’anni à vene, v’avia da dì qualesse sò e nostre trè priurità, vi dicerebbe, cum’è un anzianu primu ministru brittanicu, chì a prima hè l’educazione, a seconda l’educazione è po a terza… l’educazione. Per risponde à e prublematiche di a terra, di u tettu è di u travagliu. Di u benestà di l’omu dinù.
A fine d’una mitulugia francese Eppuru, u sistema educativu francese hè sfiatatu. U mitu di a terza Republica hè digià cascatu dopu guerra cù i studii storichi. L’ugualità di e scenze, studiata è misurata dipoi l’anni sessanta, pare esse un urizonte di più in più luntanu malgratu e dichjarazione d’intenzione di i guverni. A ci dicenu parechji studii internaziunali di l’OCDE cum’è PIRLS o PISA. Per fà la à l’accorta, palesanu dui punti maiò : – a Francia tene a prima piazza per a crescita di l’inugualità ; l’urigine suciale di i sculari pesa nant’à i risultati di i zitelli è a Scola accresce ancu i scarti suciali iniziali. – cuntinueghja à calà u livellu di i giovani, dunque a perfurmenza di u sistema educativu. Ancu l’inchieste di u Ministeriu di l’educazione s’accordanu nant’à sti dui punti.
In Corsica, s’impone stu sistema educativu, è s’ellu ùn esiste micca un studiu specificu nant’à a nostra isula malgratu a dumanda di l’Assemblea di maghju 2017, sapemu chì a situazione hè ancu di più acuta postu chè n’avemu un livellu d’abbandonu sculare superiore à quellu di a Francia è chì l’inugualità sò più forte quì chè in altrò. I nostri giovani sò menu diplumati chè quelli di parechji territorii d’otri mare. Si tratta d’inugualità suciale ma dinù d’inugualità territuriale. S’è ùn femu nunda, a situazione anderà di male in peghju, malgradu i sforzi è e cumpetenze di l’insignanti è di u persunale educativu chì vogliu salutà quì.
U raportu di u CESC nant’à l’educazione Di pettu à sta situazione affannante, aghju dumandatu, in lu 2016, un studiu à u Cunsigliu Ecunomicu Suciale è Culturale nant’à u sistema educativu in Corsica è l’evuluzione chì si ponu imaginà è almanaccà. Vogliu ringrazià u so Presidente, i membri di a cummissione è i funziunarii di l’attuale CESEC chì si sò impegnati in stu travagliu. A cumissione ad hoc « sistema educativu » di u CESC, cumposta, frà altri, di tutti i sindicati di l’educazione, ci presenta un bilanciu assai interessante perchè ghjè spartu da attori propiu diversi. Custatta prima, chì u spartimentu di e cumpetenze educative trà u Statu è a Cullettività di Corsica face calà l’efficacità di u sistema educativu corsu.
Presenta qualchi sciffri chì danu penseru : – 38% di i giovani trà 15 è 24 anni ùn anu diploma o, à u più, anu u brivettu – Nant’à i 4400 giovani di menu di trente anni senza attività è esciuti di u sistema educativu, 45% ùn anu diploma o, à u più, anu u brivettu – U percentuale di scularizazione hè sottu à quellu di a Francia A cunclusione di u raportu di u CESC, vutatu à l’unanimità di u cunsigliu, hè chjara : E nostre pussibilità d’azzione per sguassà l’inugualità suciale in core à u sistema educativu sò limitate per via di a nostra dipendenza à e pulitiche naziunale francese. Ùn cunvene micca una risposta uniforma à preoccupazione sfarinziate lucalmente è di manera territuriale.
Anzì, face cresce l’inugualità. Cambiemu u nostru sistema educativu Si ponu cambià i sistemi educativi. Pudemu cambià u nostru. Ci tocca à fà la ! I paesi oramai in capu di ste classifiche eranu à capu in ghjò di l’altri studii, quindeci, vinti o trenta anni fà. Singapour, per esempiu, era in fondu di a classifica in lu 1990. Ghjunghje oghje frà i primi, dopu avè trasfurmatu u so sistema educativu, è circatu à favurisce a furmazione di l’insignanti. I paesi di u nordu di l’Auropa anu sceltu, elli, a rivalutazione di i mistieri di l’insignamentu è di a furmazione, u sustegnu à l’innuvazione, l’autunumia di i stabbilimenti, l’abbandonu di i sistemi tradiziunali di nutazione.
Per noi, l’infurmazione maiò à ritene di u studiu « PISA » ghjè quessa : a pussibilità per un paese di pudè valutà da per ellu u so mudellu educativu, di pudè definisce e migliuranze è di pudè mette le in ballu da per ellu, cunduce à a riescita di u sistema educativu. Ùn esiste u mudellu unicu chì cunvenerebbe à tutti i paesi. Ognunu deve custruì u so propriu mudellu. A ci dice ancu u raportu di u CESC : ci vole à valutà i dispositivi educativi à u livellu di a Corsica per custruì pulitiche educative è di furmazione adatte à e realità è a i bisogni di u territoriu. Hè per quessa chì, annu, l’Assemblea di Corsica hà vutatu in favore di un quadru nurmativu specificu. Ci deve permette di sviluppà strategie educative ambiziose per i nostri giovani.
Ùn ci pò esse emancipazione individuale è cullettiva senza a custruzione di un sistema educativu più ghjustu, più cumpetitivu, più tennulogicu, adattatu à cio chè no simu è direttamente cunduttu da a Corsica. U tema di l’educazione deve esse trattatu durante e neguziazione cù Pariggi. E quistione educative ùn sò solu cartulari. Sò una parte di noi stessi. Per contu meiu, cuntinueraghju u travagliu di a cunferenza permanente. Aghju privistu di riceve in i ghjorni à vene ogni sindicatu di l’educazione per riflette cun elli à a suluzione a più bona. Si tratta quì di riescita è di spannamentu di a nostra ghjuventù, di sviluppu culturale, suciale, ecunomicu, d’impiegu è d’avvene.
À ringrazià vi