(Unità Naziunale – 22 décembre 2017 – 17h30) Le mouvement indépendantiste Catalan vient de faire la démonstration qu’il est l’expression majoritaire de tout un peuple. Ce 21 décembre 2017 est une victoire démocratique sans appel.
La déroute du parti populaire de Rajoy est aussi la défaite des gouvernements européens et de la commission de Bruxelles.
La tentative de mise sous tutelle de tout un peuple a échoué, n’en déplaise au tandem Merckel-Macron et à toutes les forces qui ont soutenu la répression perpétrée par le gouvernement de Madrid. Ces forces de nature diverse, ont pourtant déployé des moyens colossaux et usé de toutes les méthodes afin de mettre à genoux le peuple catalan. L’arsenal mobilisé est allé des forces classiques de répression, armée, police et appareil judiciaire, en passant par les banques jusqu’au pouvoir médiatique. C’est d’un chantage, d’intimidations en tout genre et d’une formidable campagne de désinformation dont viennent de triompher les forces vives du peuple catalan.
Pour autant les ennemis de la liberté ne vont pas désarmer. L’histoire récente des traités européens témoigne de l’absence totale de considération dont on fait preuve des gouvernements, qui pour passer en force ont foulé aux pieds cette démocratie dont ils se revendiquent pourtant.
C’est donc une bataille qui est gagnée mais le conflit lui n’est pas terminé.
La crise politique voulue par le premier ministre espagnol poursuit des objectifs précis et elle témoigne dans le même temps des tensions propres au capitalisme.
Vérolé jusqu’à la moelle le parti populaire de Rajoy a tenté de faire diversion en instrumentalisant la situation en Catalogne. Ce parti est aussi un des vestiges qui témoignent que la dictature franquiste a laissé des traces profondes et qu’elle influe encore au sein même des institutions et de la société espagnole. Les manifestations des nostalgiques de la Phalange n’ont été que la partie visible de cette engeance.
Cette crise est aussi un formidable révélateur qui met en lumière les véritables contenus des forces politiques espagnoles mais aussi européennes. Il faut tirer tous les enseignements de cette période.
Le premier est que l’Europe telle qu’elle est ne sera en rien un soutien aux peuples qui expriment leur droit à l’autodétermination. La stratégie de contournement des Etats par des mouvements nationalistes s’est révélée comme une illusion fondée elle même plus sur des vœux pieux que sur la prise en compte des réalités politiques.
La seconde leçon vaut également pour des mouvements, qui se voulant alternatifs à gauche ont montré leurs limites. Cela vaut pour Podemos en Espagne et tous les prétendus « insoumis », lesquels face aux enjeux se sont montrés incapables de tracer une voie prenant en compte la question nationale.
Le troisième enseignement majeur tient à la profonde crise que génère le système capitaliste dans ses propres zones d’influence. Entre les forces de la finance internationales et une grande partie des petites et moyennes bourgeoisies s’exerce une tension fondée sur des intérêts économiques divergents. C’est cela qui explique principalement les désaccords entre les nationalistes de droite catalans et les institutions et États de l’Europe.
L’idéologie n’est pas absente dans ce décor. Ainsi a t-on pu voir se réveiller, notamment en France, le vieux fond colonial.
Désormais le mouvement indépendantiste catalan est mis dans l’obligation de respecter le mandat donné par le peuple, d’autant que le pouvoir espagnol peut encore user d’autres moyens, dont l’exacerbation des tensions, pour passer encore une fois outre aux volontés populaires.
La solidarité internationale, celle des peuples et du monde du travail, est plus que jamais nécessaire. Elle vaut aujourd’hui pour la Catalogne comme demain pour d’autres luttes.