(Unità Naziunale – 26 septembre 2017 – 07h55) Début des années 80, lorsque nous avons popularisé, y compris dans la rue par des manifestations de masses (tryptique lutte armée, lutte de masse puis lutte Institutionnelle) le mot d’ordre d’Autodétermination par la Cunsulta di i Cumitati Naziunalisti puis le MCA (Organisations publiques de la Lutte de Libération Nationale, tour à tour dissoutes par le gouvernement français) nous expliquions ce que nous entendions par une réelle autodétermination.
Dans un premier temps alors que la vie politique et la société insulaire étaient phagocytées par les clanistes et les structures associatives, socio-professionnelles et politiques françaises, nous expliquons que les Corses devaient d’abord s’éloigner des toutes ces structures françaises en prenant conscience des rapport coloniaux existant entre l’Etat français et la Corse. Ils devaient ainsi s’émanciper de leur familles clanistes et de toutes ses structures pour s’autodéterminer dans un premier temps individuellement, puis rejoindre les structures de contre-pouvoirs que nous commencions alors à mettre en place et organiser une société parallèle en se dotant d’instruments structurels parallèles de contre-pouvoirs économiques, sociaux, culturels, syndicaux, socio-professionnels, associatifs…en mettant ainsi en place et en organisant une société parallèle à la société coloniale dans laquelle étaient confinés la Corse et les Corses…
Nous avions commencé à mettre en place ces structures originales, solidaires et complémentaires au sein de la société corse dans une stratégie de libération nationale et sociale qui devait par un rapport de forces imposé sur tous les terrains conduire à la disparition des structures clanistes et politiques ou autres s’appuyant sur une stratégie et des orientations franco-françaises conduisant à la disparition du peuple corse et à la négation de ses droits collectifs sur sa terre. Cette stratégie devait imposer des discussions débouchant sur une reconquête de nos droits nationaux et une démarche d’autodétermination.. Un scrutin d’autodétermination après définition d’un corps électoral corse devait conduire à donner au peuple corse les moyens de s’exprimer sur le cadre institutionnel qu’ il estimerait le plus adapté pour reconnaître ses droit collectifs de peuple en lui donnant les moyens de s’exprimer librement et démocratiquement. Le peuple pourrait alors décider librement de son destin, en optant pour le cadre institutionnel qu’il jugerait le plus apte, Indépendance ou toute autre forme d’organisation constitutionnelle, avec ou sans la France..
C’est ainsi que la première liste d’union autonomiste/LLN a pu voir le jour en 1984, les deux mouvances s’accordant pour donner à l’Autodétermination la possibilité de s’unir dans une démarche politique publique commune, dans un consensus politique librement accepté.
Aujourd’hui
Aujourd’hui, les choses ont évolué, en bien en mal ? L’avenir seul le dira. A chacune et chacun de faire son propre bilan et celui de la Corse, en son âme et conscience. Mais les réalités sont là et désormais le mouvement national est en passe de devenir majoritaire (et ce sans aucune alliance politique avec d’autres forces ne se situant pas dans une problématique d’émancipation corso-corse) au sein de nombre de structures officielles, dont La Collectivité Territoriale Corse.
En avril 2008, après les divisions de notre mouvance aux Municipales, j’avais pris l’initiative (avec l’ANC) de réunir toutes les structures politiques de notre mouvance. Non sans mal, nous avions alors réussi non sans mal, après plusieurs réunions à créer Corsica Libera en 2009. J’ai pour ma part toujours insisté sur mon adhésion en tant que souverainiste et partisan d’une démarche d’Autodétermination, insistant aussi toujours sur le côté social. La nécessité d’un partage des retombées et bénéfices économiques au profit du plus grand nombre, pour aller vers toujours plus de justice sociale au profit de la majorité des Corses étant indispensable dans le cadre d’une véritable émancipation collective.
Porte-parole de Corsica Libera jusqu’en 2012, date du départ du Rinnovu que j’ai regretté, Je me suis par la suite plié à la volonté majoritaire et n’ai plus accepté aucune responsabilité au sein de ce mouvement, restant depuis militant de base et participant à toutes les activités du mouvement. En 2010, j’avais laissé la place de 5ème sur la liste de 2010, au regretté Jean-Marie Poli, avec lequel j’étais en concurrence fraternelle, jugeant exemplaire son travail et celui de l’Association Sulidarità (soutien aux prisonniers politiques), pour occuper la dernière place symbolique de la liste Corsica Libera. En 2015, je n’ai pas été candidat, de même qu’aux élections Législatives de juin dernier.
Ce que je pense
Au-delà des considérations internes électorales aux différents mouvements corses, je tenais ici à réaffirmer mes options dans la situation politique actuelle, options que j’ai défendues depuis des années au sein de Corsica Libera :
Imposer dans un premier temps à l’Etat l’Inscription de la Corse dans le Constitution, puis dans une démarche de Dévolution, aller vers un statut d’Autonomie interne dans la foulée.
Enfin après un certain nombre d’années de pratique autonomiste (dans une perspective politique dynamique de construction, d’affirmation, de réappropriation réelle de moyens et de compétences évolutives, et non de manière simplement administrative) déclencher une procédure d’Autodétermination avec un scrutin à la clé par lequel le peuple corse décidera seul de son avenir, avec ou sans la France…
25 septembre 2017
Poggioli Pierre