La majorité du congrès espagnol, avec 244 votes de députés du PP, du PSOE et de Ciudadanos, a confirmé son pari pour l’immobilisme et la vengeance, comme valeurs sur lesquelles appuyer son action politique, en refusant la motion présentée par EH Bildu, qui demandait à la Chambre de solliciter des autorités espagnoles compétentes « de prendre en compte dans les décisions à adopter prochainement sur la situation pénitentiaire des prisonniers gravement malades la législation en vigueur, nationale et internationale, pour la libération de ces personnes prisonnières atteintes de maladies graves et incurables ». Cette initiative a recueilli l’appui de 92 députés. Il y a eu trois abstentions.
Même si, dans cette initiative, l’accent a été mis sur le fait que tant la société basque dans sa grande majorité que d’autres voix dans le reste de l’État espagnol exigent la fin de la politique pénitentiaire d’exception appliquée durant ces trois dernières décennies aux prisonniers basques, la demande incluait la totalité des prisonniers malades dans des prisons espagnoles. Les derniers chiffres fournis par le Gouvernement espagnol rendent compte de 418 morts de prisonniers en conséquence de maladies dans les prisons espagnoles entre 2011 et 2015.
Malgré leur tentative de faire croire, s’enfonçant dans le mensonge, que le règlement actuel est appliqué de façon égale à tous les prisonniers gravement malades, la défense des critères actuels de libération s’appuie sur un traitement différencié que, selon le point de vue du PP, du PSOE et de Ciudadanos, les prisonniers politiques basques doivent subir en raison de leur appartenance à ETA, une défense de la peine ajoutée (une décision politique) à celles déjà prononcées par les tribunaux.
Les appels au caractère universel du droit à la santé, qui devrait signifier que les États et leurs gouvernements créent les conditions qui permettent aux personnes de vivre le plus sainement possible, n’ont servi à rien ; ni l’appel pour que la prison ne restreigne pas la dignité des personnes ; ni la demande faite aux autorités espagnoles, au lieu de libérer les prisonniers pour mourir, de leur donner la possibilité de recevoir un traitement respectant leur dignité.
Dans ce cas, au-delà de l’interprétation la plus restrictive possible de sa propre loi par le Gouvernement espagnol, soit le maintien des mesures d’exception contre les prisonniers politiques basques, la photographie finale d’aujourd’hui à Madrid a montré une majorité parlementaire qui continue de refuser d’aborder le débat en termes de justice et de droits humains.
Dans ce sens, il faut souligner la position adoptée par le PSOE, similaire au fond à celle du PP, qui a mentionné l’option de l’application de l’article 102 du Règlement Pénitentiaire espagnol, dont la détermination revient au juge central de Vigilance Pénitentiaire de l’Audience Nationale de Madrid. En dissonance totale avec la réflexion actuelle menée par le PSE sur les mesures d’exception appliquée aux prisonniers basques, le PSOE s’est joint au point de vue opposé à celui souhaitant faire rentrer quelques pointes d’humanité dans la politique pénitentiaire, avec l’argument selon lequel il refuse de voter au Parlement espagnol « ce qui relève de la responsabilité, dans ce cas, du juge de Vigilance Pénitentiaire de l’Audience Nationale ».
Etxerat va continuer à travailler en soutien aux familles et amis de prisonnier-e-s et d’exilé-e-s politiques basques, ainsi qu’à la recherche d’accords avec les acteurs politiques, syndicaux et sociaux pour obtenir la fin de l’éloignement et la libération des prisonniers malades.
ETXERAT