Les scores du premier tour des élections présidentielles laissent apparaître quatre phénomènes majeurs dans notre pays :
Le parti néo-fasciste de Le Pen améliore son résultat de plus de trois mille voix par rapport à 2012.
L’abstention est à la hausse et ce, malgré plus de 13 000 nouvelles inscriptions sur les listes électorales.
Jean- Luc Mélenchon enregistre une progression de 25% par rapport à 2012.
Une importante percée est réalisée par Macron ; elle se combine à l’effondrement du PS, dont il récupère les voix, ainsi que celles du clan PRG.
La base déjà trop étoffée de l’extrême droite s’est élargie. Ce phénomène ne constitue en aucun cas une surprise. Dans les périodes récentes, les affaires de Siscu, Prunelli di Fium’orbu, Lupinu et les Jardins de l’Empereur étaient symptomatiques.
Il faut aussi garder en mémoire qu’antérieurement, le FN a déjà co-géré l’Assemblée de Corse avec le RPR Jean-Paul de Rocca Serra.
L’expression d’un racisme au quotidien, dont les populations marocaines et tunisiennes, font particulièrement les frais, ne date pas de l’irruption de l’islamisme politique. Elle demeure très ancrée dans les strates de la société depuis la guerre d’Algérie.
Ce qui change la donne tient à plusieurs facteurs.
L’extrême- droite s’est acharnée dans ses stratégies d’action afin de donner au racisme, à la xénophobie, une vitrine publique. Ses thématiques sur l’ « insécurité » et l’immigration pollue le champ politique largement au-delà des frontières du parti. La droite traditionnelle et les sociaux- libéraux, lors de leur passage au pouvoir, ont fait preuve sur ces sujets, soit d’une criminelle connivence, soit d’une frilosité coupable.
Les dévastations sociales occasionnées par les cures d’austérité pèsent aujourd’hui de tout leur poids. Les confusions idéologiques engendrées par les confusions du type « ni de droite, ni de gauche » contribuent à brouiller les lignes.
A ce titre, les deux principales organisations du mouvement nationaliste de notre pays doivent assumer leur part de responsabilité. On ne peut passer sous silence l’intensification d’une périurbanisation croissante à l’origine de comportements sociologiques marqués par une acculturation de masse ajoutée à des difficultés économiques et sociales.
Mais le score des néo-fascistes n’est pas imputable aux seules fractions des classes populaires.
Dans des zones résidentielles occupées par la petite et grande bourgeoisie, l’extrême- droite enregistre également des scores élevés.
Cette campagne présidentielle s’avère aussi marquée par une poussée notable du nationalisme français. L’extrême- droite en est l’aile la plus avancée mais les discours de Fillon et Dupont-Aignan n’ont rien à envier sur ce point au FN.
Le leader de la « France insoumise » dans un registre qui lui est particulier, a pour sa part également su faire vibrer la corde sensible tricolore.
Le succès de Macron, chantre du libéralisme décomplexé, se situe dans la droite ligne des politiques de Hollande et Valls. Une propagande médiatique, savamment orchestrée, a préparé le terrain à ce genre de politicien, dont la proximité avec le courant dit « démocrate » aux Etats-Unis, n’est plus à démontrer. Il y a un quart de siècle, ce bipartisme d’inspiration nord-américaine, faisait déjà rêver Fabius et ses homologues de la droite assumée en tant que telle.
Ce n’est pas un hasard si, en Corse, des courants dits « progresso-corsistes » pour oser un néologisme, alliés avec le clan PRG, comptent parmi les soutiens les plus actifs de l’ex-employé de la banque Rothschild.
On ne compte plus parmi ces élus, le nombre de ceux déjà condamnés pour des détournements d’argent public, du favoritisme ou autres malversations. Les adversaires parmi les plus déterminés de la « LOI LITTORAL » ou ceux qui demandent son assouplissement, figurent parmi les principaux supporters de Macron.
A celles et ceux qui se laissent tenter en Corse par un vote de type « front républicain », nous pouvons dire que la politique économique et sociale de Macron va s’avérer dévastatrice pour les couches populaires.
A celles et ceux ayant déjà voté pour le néo-fascisme, nous disons avec la plus grande fermeté qu’il ne s’agit pas d’une erreur mais d’une faute gravissime, attentatoire aux intérêts de la Corse et du monde du travail.
En ces heures noires de la vie de notre pays, nous ne pouvons que répéter avec force que ce ne sont pas les immigrés qui créent l’insécurité ni le chômage. Ce ne sont pas les migrants qui vendent la terre de nos ancêtres aux plus offrants et spéculent dans l’immobilier. Ce ne sont pas les migrants qui créent le travail à temps partiel et confisquent 80% de la richesse produite par l’industrie du tourisme. Ce ne sont pas les immigrés qui privent le peuple corse de ses droits historiques.
Pour clarifier plus encore s’il le faut notre propos, nous ne reconnaîtrons jamais comme légitime la présence d’un Etat qui s’est imposé par la force, pas plus que nous n’accorderons la moindre légitimité aux néo-fascistes si leur accession au pouvoir advenait.
La perspective d’un avenir pour la Corse passe nécessairement par les mobilisations afin que soit construite une citoyenneté du XXIème siècle dans une Corse débarrassée de toutes les formes de sujétion et d’exploitation.
A Manca