Une enquête commandée par l’Assemblée de Corse et destinée aux élèves provoque de multiples réactions. Certaines questions laissent entrevoir une volonté de rassembler des statistiques ethniques et confessionnelles.
La diffusion est suspendue
Réaction de la LDH CORSICA
« La LDH s’interroge sur le questionnaire destiné à des enfants scolarisé-e-s dans le cadre du travail sur la diversité engagé par l’Assemblée de Corse. Cet outil ne correspond pas à la réalité des enfants.
Il est demandé à des élèves du primaire et du collège de préciser la langue qu’ils utilisent au bar ! Le questionnaire manque également de rigueur lorsqu’il interroge sur des sentiments d’appartenance, qui plus est de jeunes enfants : tu te sens ou tu ne te sens pas… de telle origine ; il manque de discernement lorsqu’il les interroge sur les causes religieuses ou politiques des discriminations qu’ils peuvent subir. De toute évidence, les enfants parleront entre eux de ces questions, hors de tout contrôle des adultes, avec le risque d’effets stigmatisants pour certains et de conflits.
La mesure de la diversité et des discriminations est une question importante. Elle constitue un outil indispensable pour avancer vers l’égalité réelle. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, la statistique publique, l’INSEE, l’INED, le CEREQ, permet une approche de cette question en référence à la nationalité de naissance des personnes interrogées, à l’origine géographique, aux trajectoires familiales et scolaires, voire à la religion et à la langue parlée. Des enquêtes peuvent être déclinées sur des territoires plus restreints. La CNIL permet d’autres enquêtes anonymes effectuées auprès de volontaires avec des objectifs clairement définis qui contribuent à une meilleure connaissance des discriminations liées à l’origine ethnique, à l’orientation sexuelle, aux convictions religieuses…
On l’aura compris, mesurer la diversité et les discriminations nécessite de s’interroger sur des données sensibles puis d’opérer un traitement de ces données qui n’aboutisse pas à assigner chacun à une identité définitive et réductrice uniquement liée à l’existence de communautés arbitrairement définies. Le processus de construction de l’identité est un processus évolutif. La statistique doit pouvoir se conformer à cette définition elle-même conforme à la lutte contre les discriminations ainsi analysées. On peut fabriquer des outils plus performants, rappelant toutefois que des enquêtes déjà existantes permettent d’avancer vers l’égalité réelle sans attendre.
La LDH est disponible pour contribuer à une meilleure compréhension des crispations identitaires et des inégalités afin d’anticiper les ruptures possibles an sein de notre société. C’est un objectif prioritaire du travail sur la diversité engagé par l’Assemblée de Corse et son président. La polémique autour du questionnaire à destination d’enfants tourne le dos à cet objectif. Le retrait de cette enquête y mettra fin. Nous éviterons des tensions au sein des écoles et des collèges. Les premières victimes en seraient les enfants. »
LDH CORSICA