A l’approche des élections présidentielles de 2012, le site Unità Naziunale publait, sous la plume de Jacques Faggianelli, un billet d’humeur qui, à la veille des présidentielles de 2017 garde toute sa fraîcheur.
I Scrianzati
[Billet d’humeur] Le fantasme d’une France « mère des arts, des armes et des lois » fait encore recette dans le paysage politique de l’hexagone. Les craintes générées par les crises qui secouent notre monde désignent de façon déconcertante – et bien sûr schématique – le protectionnisme comme seul antidote possible.
Comme si le fait de fermer les portes de la citadelle pouvaient prémunir la tribu de la contagion !
L’aspect le plus surprenant d’une campagne électorale qui s’enlise dans la confusion et la médiocrité,demeure néanmoins la résurgence de la forme la plus primitive du nationalisme français.
Les tribuns qui battent les estrades de la campagne ne cessent de parler de « patriotisme » . Les thématiques demeurent toujours les mêmes :
– l’ordre supra-national (en l’occurrence l’Europe) qui rabaisse la France et aliène son indépendance
– l’atteinte à la sacro-sainte « unité nationale » qui ne peut se garantir qu’avec le refus de la différence et la remise en cause d’une immigration contractuelle qui a pourtant enrichi le pays.
Tout cela stupéfie les observateurs non-français, même les plus conservateurs. Ce mauvais débat démontre par ailleurs l’incapacité de la pensée politique dominante à imaginer la France comme acteur majeure de la construction européenne ; il réfute aussi tout historicisme tendant à la voir comme le moteur de l’évolution du monde !Il rappelle désagréablement à l’Europe ce pétainisme qu’elle voudrait oublier.
La Corse a reçu au cours du Xxème un des flux migratoires les plus importants d’Europe Occidentale.
L’assimilation de ces immigrés ne s’est pas faite miraculeusement par l’action du droit républicain,mais bien par la seule capacité des Corses à accueillir et à « intégrer » . Les enfants de cette immigration sont devenus des Corses; à bien considérer les choses, ils ont contribué à la survie du peuple corse, affaibli par la guerre et l’exode. Cette immigration n’a rien à voir avec la francisation forcée que le rapport Glavany a voulu imposer à la Corse, reprenant des méthodes naguère employées chez les Sudètes et dans les pays baltes.
L’hystérie nationaliste qui affecte tout le champ du politique en France, ne saurait être assimilée à la prise de conscience nationale qui unit les Corses .Cette conscience commune n’est rien d’autre que l’expression d’une volonté de résistance à la barbarie de la pensée jacobine ; elle en est l’exact contre-point. Le nationalisme corse est bien selon la définition de Fernand Braudel, «…un contre-colonialisme, un antidote contre la domination étrangère». C’est parce ce nationalisme de survie défend des valeurs humaines fondamentales qu’il se heurtera, quoi qu’on puisse en dire, à toute forme d’impérialisme hexagonal, fût-il masqué.
Le raidissement du discours au cours de cette campagne électorale compromet la construction européenne habituellement revendiquée par les gauches et les droites majoritaires.
Dans le même temps il interdit tout espoir autonomiste et toute émancipation régionaliste.
Jacques Faggianelli
20 mars 2012
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