Conférence annuelle du SNP en pleine crise du Brexit
L’ECOSSE RESTERA EUROPÉENNE !
L’an dernier le SNP tenait sa Conférence annuelle à Aberdeen. Cette année, seule la ville de Glasgow disposait des structures suffisantes pour accueillir les 3.000 congressistes mandatés par les plus de 100.000 militants en carte. Le SNP est devenu en trois ans un parti politique parmi les plus importants d’Europe. Jamais aucun parti britannique, pas même les conservateurs ou les travaillistes, n’ont organisé une convention aussi imposante.
Réalisons concrètement ce que cela signifie : 100.000 militants à l’échelle d’un pays de 5,5 millions d’habitants, cela représenterait plus de 6.000 militants à l’échelle de la Corse ! C’est dire le rôle central que ce parti, véritable parti de gouvernement, est appelé à jouer dans l’avenir de l’Ecosse.
Ce qui impressionne dans le mouvement nationaliste écossais c’est le pragmatisme et l’efficacité de son action collective. En 2013, avant le referendum sur l’indépendance et alors que les sondages étaient défavorables, la Conférence a mobilisé pour le « yes », et aussi pour multiplier par deux les membres du parti qui étaient alors 30.000. Le vote du référendum en septembre 2014 a donné 45% de « yes » alors que le premier sondage n’avait donné que 22% ! Et surtout la conférence 2014 a enregistré en direct, sur écran géant, l’adhésion du 100.000ème adhérent au lieu des 60.000 escomptés. Ce qui a permis de surmonter la déception du referendum et la Conférence d’octobre 2014 a lancé sa campagne pour les élections législatives, en prenant pour réservoir électoral les 45% de ceux qui avaient voté oui au referendum. Le résultat est venu dès le printemps 2015 : sur 59 députés élus en Ecosse, 56 ont été élus sous les couleurs du SNP !
La conférence 2015 à Aberdeen a enregistré ce formidable succès en faisant monter tous ses élus sur la scène immense du Palais des Congrès, puis elle a engagé la campagne pour faire réélire le gouvernement SNP à Edimbourg. En mai 2015 le SNP a retrouvé pour la troisième fois consécutive la tête du gouvernement écossais, avec quasiment la majorité absolue, et il a mené campagne pour le oui à l’appartenance à l’Union Européenne. 62% des Ecossais ont approuvé ce choix, quand le reste de la Grande Bretagne, à l’exception de l’Irlande du Nord, a fait le choix inverse.
Depuis le vote britannique en faveur du Brexit, les nationalistes écossais mettent toutes leurs forces dans la bataille européenne. Pour eux pas questions de laisser Londres décider à leur place, et le gouvernement écossais met toute son énergie pour faire respecter les choix pro-européens des citoyens écossais.
Lors de cette Conférence 2016 à Glasgow, le parti s’est tout entier mobilisé pour cet objectif.
La Conférence annuelle de ce grand parti est une manifestation millimétrée, où tout est mis en œuvre pour que l’efficacité soit au rendez-vous : impact médiatique du discours du leader du parti, qui dirige également le gouvernement écossais, Nicole Surgeon, et focus sur les priorités de l’année à venir, à travers des « fringe meetings », littéralement des « meetings en marge ». Celui qu’organise traditionnellement l’ALE avec le député Européen Ian Hudghton a été promu cette année « premier fringe » et il a attiré une importante assemblée de délégués autour de Ian Hudghton, Fiona Hyslop, membre du gouvernement écossais, Stephen Gethins, député à Londres et délégué au sein du groupe des 56 députés SNP pour les questions européennes, ainsi que François Alfonsi, Président de l’Alliance Libre Européenne.
La presse était nombreuse au rendez-vous, ainsi qu’une délégation venue de Catalogne du mouvement Esquerra Républicana di Catalunya, membre de l’ALE et partie prenante de la majorité au pouvoir en Catalogne.
Pour le SNP le vote du Brexit accélère le cours de l’Histoire, et l’Ecosse ouvre au plan européen un débat fondamental pour tous, y compris pour nous en Corse : celui de l’avenir de nos nations en Europe.
Voici les principaux extraits de mon intervention :
» Travaillons ensemble pour une Ecosse libre et européenne!
Cette conférence du SNP est historique. Elle est historique pour l’Ecosse. Votre leader, Nicole Sturgeon, vient de lancer ici le processus historique qui conduira à l’indépendance de l’Ecosse. Et je suis sûr que vous êtes sur le bon chemin.
Elle est aussi historique pour l’Europe parce que, pour une première fois, il y a une totale convergence d’intérêts entre l’Union Européenne et le processus d’autodétermination d’un des peuples d’Europe sans Etat.
L’Europe a été sous le choc après les résultats du referendum sur l’Europe du 23 juin dernier, où une majorité de ceux qui ont voté ont choisi de quitter l’Union Européenne.
(…)
La mauvaise nouvelle pour l’Europe, outre la perte d’un Etat-membre, est que le résultat de ce referendum est la conséquence de la forte dérive populiste qui est observée dans de nombreuses capitales européennes. C’est le cas à Londres avec la montée de UKIP qui a provoqué une majorité de votes pour quitter l’Europe en Angleterre.
C’est aussi le cas à Paris avec l’Extrême Droite de Marine Le Pen qui s’approche dangereusement du pouvoir. Et c’est le cas dans beaucoup d’autres capitales européennes où le spectre d’un retrait menace le projet européen.
Chers amis écossais,
Dans l’intérêt de l’Europe, nous devons reconstruire et régénérer la démocratie européenne. Partout où l’ALE est présente, nous y contribuons activement, par exemple en Ecosse, en Catalogne ou en Corse, et plus modestement ailleurs. Nos députés ALE au Parlement Européen le font aussi avec détermination.
(…)
Depuis leur arrivée au pouvoir en Ecosse il y a dix ans, les gouvernements du SNP dirigés par Alex Salmond et Nicole Sturgeon ont montré leur capacité à aller au devant des aspirations du peuple écossais, économiquement et socialement. Nous essayons de suivre votre exemple en Corse où nous avons gagné les élections en décembre dernier.
Pour nous, l’Ecosse est définitivement européenne, quoiqu’ait pu voter le reste du Royaume Uni. Le Royaume Uni n’a aucune légitimité pour décider que l’Ecosse doive quitter l’Europe alors que le peuple écossais, à une très large majorité, a exprimé sa volonté de rester en Europe.
Le même raisonnement s’applique à l’Irlande du Nord. Les autorités européennes doivent être aux côtés des gouvernements d’Ecosse et d’Irlande du Nord quand les négociations sur le Brexit seront ouvertes.
(…)
Nous avons organisé ce “fringe meeting” aujourd’hui pour montrer encore plus clairement que le SNP est une composante essentielle de l’ALE, et qu’il est normal que le SNP et l’ALE s’engagent ensemble.
(…)
En 2014, malheureusement, le peuple écossais a voté pour rester dans le Royaume Uni, et cette décision a été respectée.
En 2016, le peuple écossais a voté pour rester au sein de l’Union Européenne et cela doit aussi être respecté, de la même manière, par tout un chacun. Mais Teresa May et les conservateurs ne veulent pas respecter la démocratie écossaise.
(…)
Nicole Surgeon et le SNP élargissent leur réseau européen, de nombreux contacts avec les leaders européens ont été noués, des analyses sur plusieurs scenarios comme celui d’un processus inverse à celui du Groenland sont examinés pour ménager une phase de transition. Le Groenland est dans le Danemark mais hors l’Union Européenne. Dans la même logique, l’Europe doit faire en sorte que l‘Ecosse puisse rester dans l’Union Européenne même si le Royaume Uni quitte l’Europe. C’est l’intérêt de l’Ecosse de rester européenne, et c’est l’intérêt de l’Europe que l’Ecosse reste européenne.
L’Ecosse doit être partie prenante dans tous les volets de la négociation qui s’est engagée après le vote du Brexit, et dans le même temps, elle doit poursuivre son propre chemin. Le renforcement des liens avec l’ALE donnera au SNP des arguments supplémentaires quand cela sera opportun.
A l’ALE nous sommes pro-européens, et nous sommes aussi passionnément des Corses, des Ecossais, des Catalans, des Basques etc.. Nous sommes une preuve vivante de l’Unité dans la Diversité et nous savons comment la faire fonctionner. Ensemble, avec le SNP, nous essayons de changer l’Europe, le plus grand projet de paix et de bien-être jamais porté sur la planète, pour le rendre plus efficace, plus rayonnant et pour qu’il soit plus proche des gens.
Ensemble, nous construirons une autre Europe dont l’Ecosse sera fière d’être partie prenante. »
François Alfonsi, Président de l’Alliance Libre Européenne.