Elle est loin la journée du 22 avril 1990 où des centaines de Corses se rendaient sur l’île de Cavaddu afin de se réapproprier le temps d’une journée ce haut lieu du patrimoine naturel insulaire privatisé par quelques milliardaires et mafieux.
À l’initiative de cette mobilisation populaire réussie, se trouvaient principalement des défenseurs de l’environnement, des militants nationalistes et de gauche. Depuis les associations de défense de l’environnement, notamment ABCDE et U Levante, n’ont jamais abandonné le combat pour que ce morceau de territoire corse soit préservé de la spéculation.
Avec l’arrivée d’une majorité progressiste à la Mairie de Bunifaziu, on aurait pu croire que le processus de gentrification et de privatisation de l’île par des nantis allait définitivement cesser pour permettre une réappropriation publique au profit de tous. Or, c’est tout le contraire qui se produit. Sous l’égide d’un conseil municipal présidé par M. Orsucci, et à travers le PLU de Cavaddu adopté par ce dernier, ce sont des milliers de m2 qui ont été ouverts à l’urbanisation. Prévoyant ainsi la construction d’une vingtaine de villas, d’immeubles, d’équipements collectifs, sportifs, de loisirs, pour le seul et unique bénéfice de sociétés “off-shore” et des propriétaires de « l’île aux milliardaires “.
Il s’agit d’une énième agression contre nos espaces naturels collectifs, avec la complicité des services de l’Etat en Corse du Sud.
Une fois de plus, l’association ABCDE s’est battue pour le respect de la loi littorale et pour la défense de notre patrimoine collectif. En dépit des pressions exercées par les capitalistes off-shore et les fanfaronnades médiatiques de la municipalité de Bunifaziu, le combat s’est révélé payant, puisque le 26 septembre dernier la Cour administrative de Marseille a annulé le PLU de Cavaddu.
La question qui se pose maintenant est de savoir si des gens qui se disent de « Gauche » vont continuer à faire passer les intérêts de sociétés off-shore comme Cueva Azul Limited avant les intérêts collectifs du peuple corse.
Qu’en serait-il demain si les tenants de cette « gauche » spéculative se retrouvaient dans une nouvelle majorité territoriale ?