Voici un extrait de l’article du Nouvel Obs :
Cinq jours après la rixe qui a éclaté dans le village de Sisco (Haute Corse), cinq personnes sont jugées ce jeudi après-midi en comparution immédiate. Trois personnes « d’origine maghrébine » pour « violences avec armes », selon le parquet, et deux habitants du village pour « violences en réunion ». Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l’assemblée de Corse, affiche son soutien aux habitants du village de Sisco.
Serez-vous présent à l’audience de comparution immédiate ?
– Bien sûr. Gilles Simeoni [patron de l’exécutif Corse, autonomiste, NDLR] et moi-même allons assister à l’audience. Nous espérons que les réquisitions du parquet ne seront pas les mêmes pour tout le monde. Il est clair aujourd’hui qu’il y a eu d’un côté les agresseurs, des membres des trois familles d’origine maghrébine qui voulaient s’accaparer la plage. Et de l’autre côté les agressés. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac.
Le fait que les deux habitants de Sisco placés en garde-à-vue mercredi aient ou passer la nuit chez eux, contrairement aux trois autres, est déjà un signe d’apaisement. Et cela montre qu’ils n’ont pas le même degré de responsabilité.
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Le procureur a également parlé d’une « réaction inadaptée des villageois de Sisco »…
– C’est ce qu’il dit, oui. Le procureur semble estimer qu’ils ont répondu trop fortement… Nous verrons cela cet après-midi. Pour ma part, et Gilles Simeoni est sur la même ligne que moi, je soutiens sans réserve les membres de la communauté de Sisco. Ils ont été confrontés à des personnes violentes, agressives, armées, qui voulaient s’approprier une plage. Ils s’en sont même pris à des adolescents.
Les habitants du village ont réagi, oui, mais à quelque chose d’inacceptable ! Si on les avait laissé faire, alors ils seraient devenus les patrons de la plage. Cela aurait signifié que tout est permis au nom de la force. Ils auraient humilié la communauté de Sisco. Les Corses ne peuvent pas accepter ce genre de comportement.
La réaction des habitants de Sisco ne vous semble donc pas disproportionnée ?
– Chez nous, il y a une capacité de réaction rapide, et c’est plutôt sain. Nous avons aussi les défauts de nos qualités, la réaction peut être très forte.
Corse : que s’est-il vraiment passé à Sisco ? Les zones d’ombre de la rixe
La bagarre, très violente, n’en finit pas de faire des vagues : arrêté anti-burkini, multiples rassemblements en Corse… Ne révèle-t-elle pas un climat de tensions sur l’île entre les différentes communautés ?
– Il n’y a aucune dimension raciste dans ces événements. A Sisco, il y a des familles maghrébines parfaitement intégrées, qui n’ont jamais eu de problème avec personne. Suite à ces événements, j’ai reçu une trentaine d’habitants et je n’ai été témoin d’aucun dérapage raciste dans leurs propos.
Le problème ici n’est pas l’islamisme, mais l’appropriation d’un territoire par des voyous. Mais cette question, celle de l’islamisme, n’est pas non plus complétement absente… Il semble que l’une des femmes se baignait tout habillée, c’est vrai.
Ne craignez-vous pas de nouveaux dérapages ?
– Il faut s’attendre à ce qu’il y ait d’autres problèmes, en Corse comme ailleurs. Nous, élus nationalistes, avons été très clairs : nous ne cautionnons aucun acte violent envers la communauté maghrébine.
Le 14 août, nous avons immédiatement appelé au calme, lisez notre communiqué. Et je peux vous dire que ça ne plait pas à tout le monde, y compris chez nos amis. Nous n’avons jamais encouragé la moindre bataille rangée. J’ai même expliqué lors des dernières journées de Corte [qui réunissent les mouvements nationalistes, NDLR] que des réactions individuelles, désordonnées, ne feraient qu’aggraver la situation et diviser la société. C’est ce que veulent les islamistes radicaux.
« En Corse, nous sommes sur une poudrière », a déclaré le maire socialiste de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, après les bagarres du week-end dernier. Partagez-vous cette analyse ?
Nous sommes confrontés, mais nous ne sommes pas les seuls, à des phénomènes de radicalisation inquiétants. Nous avons en Corse des gens qui prêchent n’importe quoi. Certains lieux de culte devraient être fermés depuis longtemps. Nous savons, et nous avons parfois plus d’informations que la police elle-même, que le risque est important…
Vous savez que je suis indépendantiste, si on me donne les pouvoirs de police je les prendrais pour agir en conséquence ! Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. L’Etat français doit donc agir. L’islam, c’est une chose, les mouvements salafistes, une autre chose. Je le dire clairement : il n’y a aucune place pour ces courants-là chez nous.
Propos recueillis par Violette Lazard