« CHANGER LA VIE, DEMAIN, EN CORSE »
Je tiens à vous remercier d’avoir pensé que je pouvais comme simple « profane », vous exprimer quelques idées utiles sur le devenir de notre île.
C’est donc un honneur de prendre la parole devant votre assemblée, car je sais que les non-initiés ne sont pas nombreux à avoir la possibilité et la chance d’y plancher en toute liberté. J’y vois avant tout un symbole : celui de votre souci permanent d’être non seulement attentifs aux autres mais aussi d’écouter les inévitables mouvements de la société.
Traditionnellement, il existe deux courants majeurs dans lesquels votre association s’inscrit :
-le premier courant consiste à changer la société pour transformer l’homme : c’est la praxis, qui vise à modifier les rapports sociaux. Comme responsable politique, c’est celui qui me semble essentiel pour changer la vie des gens. Il ne vous a pas échappé que ma formation et ma culture politiques me font penser que les conditions socio-économiques dans lesquelles évoluent les hommes sont déterminantes. Ce courant est une œuvre collective.
-le second courant est celui qui vise à transformer l’homme pour changer la société, j’aimerais pouvoir le suivre, mais je le crois toutefois plus aléatoire et contingent des conditions matérielles dans lesquelles nous vivons. Il relève davantage de la foi personnelle, mais je le respecte en tant qu’opinion. Cette démarche relève cependant d’une volonté par trop individuelle qui est d’avance condamnée si notre société ne remet pas en question les situations d’extrême inégalité que nous connaissons.
Peut-on réellement et durablement se satisfaire d’une transformation de l’homme sans que changent le monde et les conditions socio-économiques dans lesquelles il vit ?
En fait, l’homme, dans son action pour transformer la nature et le monde, se transforme.
C’est pourquoi je crois que nous devons influer sur l’un et sur l’autre de ces deux courants.
J’ai choisi de vous dire mes convictions et en premier lieu celle qu’il est possible de « Changer la vie, en Corse, demain ».
Cela nécessite du temps et de la patience, je m’en rends compte tous les jours, mais je ne ferais pas mon devoir de responsable politique si je n’avais pas la certitude que cette idée est loin d’être une chimère.
Vous me pardonnerez d’emblée, je l’espère, l’utopie extravagante qui consiste à voir le monde idéal, mais je crois que les utopies d’aujourd’hui sont les réalités de demain.
Je dois constater que la réalité d’aujourd’hui est assez pessimiste.
Nous ne faisons peut-être pas la part assez grande à ce que furent nos rêves.
Peut-être ne croyons-nous pas qu’un autre monde est possible parce que nous avons abandonné toute ambition de voir le monde comme il devrait être.
La célèbre formule « Changer la vie » d’Arthur Rimbaud n’est pas seulement le cri lyrique d’un poète lucide, mais une exigence quotidienne de remise en question nécessaire et salvatrice.
Nous voyons bien que notre société, fondée essentiellement sur les valeurs matérielles, est à bout de souffle.
Nous avons le devoir de rompre avec le conformisme sournois dont nous mesurons chaque jour un peu plus la vanité.
Nous devons trouver une autre respiration pour vivre et construire un modèle de développement nouveau.
Ce mot d’ordre, « Changer la vie », ne représente plus aujourd’hui l’aspiration d’un seul individu mais il doit être celui de notre époque tourmentée. L’Humanité est face à un grand défi : elle appelle à une « politique de civilisation » qui suppose aussi une réforme de vie.
Pourquoi vouloir dès lors « Changer la vie » ?
Constatons que si nous voulons la changer, c’est parce que cette vie ne nous satisfait pas.
Qu’est-ce que changer la vie ? Et je pourrais ajouter qu’est-ce que Changer la vie sans décevoir l’espoir ?
A ce stade, je peux indiquer quelques pistes de ce que je crois fondamental : changer la vie aujourd’hui, c’est changer le rapport au travail, c’est changer la répartition des richesses.
Je pourrais résumer ces propositions autour d’une formule, celle de démocratie économique qui est le fondement même de tout changement. Cela signifie de nouveaux droits pour les salariés et les travailleurs.
L’entreprise est une composante essentielle dans la vie de la cité et de la nation. Les travailleurs sont des citoyens à part entière dans l’entreprise et ils doivent être des acteurs à part entière du changement. L’entreprise est donc un lieu naturel d’expression.
Je ne veux pas me lancer dans une théorisation de l’entrepreunariat social, mais il existe des hommes ou des femmes qui ont décidé de changer le monde.
L’entrepreneur social est une personne, qui, par ses innovations, son charisme ou sa ténacité, refuse le statu quo, exploite de nouvelles opportunités et transforme de manière décisive la société.
L’entrepreneur peut jouer un rôle central dans le développement du secteur non marchand. Si l’on veut développer un tiers secteur entre les entreprises capitalistes traditionnelles et l’Etat employeur-producteur, il faut en priorité détecter et aider ces entrepreneurs sociaux.
L’économie sociale et solidaire n’est pas une vaine utopie : dans un pays comme la France, qui a vu naître Charles Fourier ou Charles Gide, qui a mis en place les coopératives et les mutuelles il y a deux siècles, l’impact public de cette économie est réel. La montée du secteur à but non lucratif peut être une transformation majeure de notre société : le « non-profit » peut se développer s’il est soutenu et encouragé par une politique publique forte.
« Pour changer la vie, il faudrait d’abord commencer par changer la vie politique », a dit Pierre Bourdieu.
Ce constat me semble assez sévère, car il ne tient pas compte de l’investissement personnel d’un certain nombre d’acteurs de cette vie politique.
La mission de changer la vie revient, entre autres, à la politique. Celle-ci doit s’efforcer de faire en sorte que la vie des Hommes, comme le disait Aristote, « ne soit point trop accablée de peine ».
Mais aujourd’hui, la politique et ses facultés à faire bouger les lignes sont en cause. Comment vaincre le scepticisme des Français qui hésitent à croire que les hommes politiques peuvent encore agir efficacement pour améliorer la vie des gens selon un récent sondage ?
Nous avons souvent l’impression que l’inaction des hommes et pas seulement des hommes politiques, empêche le changement.
Et en Corse ? Est-il possible de changer durablement la vie? Je le crois bien sûr.
Je vais ici exprimer sous forme de propositions, des convictions d’ordre politique sans toutefois vouloir faire de prosélytisme par respect pour ceux qui ne partageraient pas ces idées. Mais je crois avant tout au dialogue lorsqu’il est sincère et loyal et surtout libre.
Comment expliquer d’abord que l’ Etat ait tant reculé face aux marchés? Comment admettre que les politiques publiques aient été à ce point malmenées ou que le modèle social ait été démantelé?
Notre démarche pour la Corse propose modestement de développer 3 grandes priorités et un certain nombre d’ actions qui constituent le socle social, culturel, économique et écologique, et les valeurs républicaines sur lesquelles la société corse peut se reconnaitre.
Un constat d’abord : La Corse a besoin de plus de démocratie, d’un nouveau modèle de développement s’appuyant sur les services publics et une meilleure utilisation de l’argent public.
Le défi, c’est un développement durable qui remet l’être humain au centre des préoccupations, c’est plus d’égalité entre les hommes, c’est répondre aux besoins vitaux de l’homme (logement, nourriture, santé, éducation, travail) tout en réduisant son empreinte écologique.
C’est à ce prix que nous pourrons changer la vie en Corse. Ou en tout cas, changer le modèle économique….
La situation économique et sociale de la Corse nous impose d’avoir un regard lucide et sans complaisance :
Selon l’INSEE, la Corse aurait été relativement protégée de la crise grâce aux caractéristiques de son économie (forte tertiarisation, production industrielle tournée vers la consommation locale, grande autonomie de ses entreprises, importance du secteur public) ;
Mais, contrairement à ce qui est souvent dit, la Corse n’a pas été touchée tardivement et légèrement par la crise.
Monsieur Guillaume GUIDONI a montré que le chômage commence à augmenter en Corse dès 2008, en même temps que sur le continent et il en conclut qu’il n’y a pas eu de retard de la crise dans l’Île.
En 2009, la crise touchait pratiquement tous les secteurs, en particulier les constructions. L’économie n’a échappé à la récession qu’à la faveur d’un bilan touristique favorable. Le chômage a continué a progressé.
La crise aggrave, en fait, la fragilité structurelle de l’économie corse, région française où le plus d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté alors que le coût de la vie y est parmi les plus élevés.
L’étude de l’INSEE qui date de Juillet 2010 indique par exemple des prix de 9% supérieurs pour les produits alimentaires, 3,5% pour les carburants alors que le taux de TVA est inférieur de 6,6%.
Le salaire moyen est inférieur de 10% à la moyenne nationale.
Ce fort niveau d’inégalité s’explique par la saisonnalité des activités économiques, par le faible taux d’emploi et par le poids sur le marché du travail (environ 50% de l’emploi salarié privé) des activités peu rémunératrices : services à la personne, tourisme, bâtiment.
Le service public (40% des emplois, 44% des rémunérations) permet de compenser la faiblesse des revenus du privé..
La Corse a toujours une économie fragile: la balance commerciale corse est largement négative (-20%) ;
L’île est très dépendante des aides ; la spécialisation toujours plus poussée dans le tourisme, la rend particulièrement fragile en cas de retournement de conjoncture.
La saisonnalité de l’emploi lié au tourisme est en hausse. C’est un problème majeur car près de 20% des emplois dans les services sont saisonniers.
Par ailleurs ces emplois saisonniers ne concernent les chômeurs corses que marginalement, puisqu’un tiers de ces emplois reviennent à des travailleurs continentaux venant travailler en Corse pour quelques mois et qu’un autre tiers est occupé par des étudiants (les jobs d’été ).
Le tourisme reste enfin une activité principalement balnéaire (80% des hôtels et restaurants se situent sur le littoral) et hyper saisonnière ( 90 % des nuitées entre avril et octobre ). L’économie de la Corse est donc une économie très spécialisée.
Le poids de ce secteur touristique rend ainsi l’économie vulnérable aux chocs extérieurs.
Par ailleurs, les mois d’été n’ont pas étés bons pour la consommation en Corse. Les retombées économiques du tourisme ont été limitées. La fréquentation touristique n’a pas été au rendez-vous et ceci se retrouve dans les retombées économiques dans l’île.
Avec le ralentissement visible dans la construction, ce sont deux moteurs qui montrent des signes de faiblesse.
A nouveau et sans surprise compte tenu des mois précédents, les chiffres du chômage en Corse sont très mauvais en août 2011.
12 480 chômeurs au total, soit une hausse de 8,4 % sur un an, contre +8,1 % en juillet (en France continentale la hausse est de +4,3 %).
La tendance à la hausse pour le chômage va persister à court terme.
Enfin, les inégalités de revenu en Corse ont certes reculé sur la fin de la dernière décennie ; toutefois, elles restent fortes et la situation économique n’est pas favorable. La Corse reste après l’Île-de-France et la région Paca, la région la plus inégalitaire de France.
Dans ces conditions, 18 mois, vous le voyez bien, c’est un peu court pour inverser radicalement le cours des choses après 25 ans de gouvernance à droite, ne serait-ce qu’en raison des « coups partis » des dossiers engagés et que l’on ne peut stopper net.
A ces conditions économiques, politiques et techniques s’ajoutent les contraintes financières : la question des ressources risque de limiter les politiques de développement économique local. L’autonomie fiscale des régions a été supprimée en même temps que la taxe professionnelle ; ajoutée au gel des dotations d’Etat, cela prépare l’ère de la réduction continue de leurs marges de manœuvre, coincées entre des dépenses toujours dynamiques (du fait de l’inflation, de la démographie, du développement des normes ) et des recettes désormais atones.
Les trois priorités qui me semblent essentielles, doivent, selon moi, permettre de dégager une perspective pour le long terme.
1) La première priorité est de faire des citoyens les véritables acteurs du changement.
Cela suppose de nouveaux pouvoirs pour les habitants de la Corse. Le contexte politique régional doit nous inciter à changer notre méthode de gouvernance.
Les élections territoriales ont traduit un profond désir de changement et une volonté de rupture avec les politiques précédentes mises en œuvre par les majorités de droite. Il y a indubitablement une forte attente, en particulier des salariés, de l’ensemble des travailleurs, en matière d’emploi, de formation, d’éducation ainsi qu’une aspiration à bâtir un nouveau « modèle de développement ».
a) Pour cela, nous mettons en œuvre un système participatif pour les principaux dossiers de la société corse.
Nous avons souhaité permettre une véritable évolution politique pour faire de la Collectivité territoriale de Corse, le creuset d’une nouvelle démocratie en Corse. Nous avons mis en place, que ce soit sur les questions du Foncier ou celles du logement, comme actuellement pour le Padduc, des Assises permettant aux citoyens de faire leurs remarques et leurs propositions.
Les raisons de ces Assises sont:
-La sévère augmentation des prix,
-la difficulté de se loger et d’accéder à la propriété,
-le manque de terrains constructibles,
-les carences en logement locatif social,
-l’enchevêtrement des compétences,
-Ces Assises ont constitué une phase de réflexion et de large concertation.
Elles ont été conçues pour aller au fond de la question du logement et du foncier et pour parvenir à faire un diagnostic.
Elles ont permis de définir une stratégie claire en matière de maitrise du foncier et, à terme, d’élaborer une politique de régulation foncière pour lutter contre la spéculation.
Le foncier implique aussi fortement la problématique du logement. Il présente un caractère transversal, touchant les politiques publiques liées à l’habitat, l’agriculture, le tourisme, le développement économique, l’environnement.
Il y a en Corse un besoin criant de logements.
Il y a trois ans, des études chiffraient la demande à quelque 8 500 logements sociaux. Il faut savoir que les crédits 2009 en provenance de Paris y sont, pour partie retournés parce que non engagés.
A l’évidence, il faut permettre aux habitants de la corse de pouvoir vivre là où ils l’entendent sur leur île sans se sentir exclus de l’accès au foncier où à l’immobilier, du fait des pressions économiques et financières que l’attractivité de notre territoire génère. L’origine de notre travail doit donc être la recherche de moyens efficaces au service de cet objectif.
La proposition et l’étude d’un statut de résident peut être, sous conditions, un des moyens d’action.
Je pense pour ma part, que le fond du problème reste toujours et avant tout, une question d’équité sociale.
Les élus de Corse se doivent plus que jamais de protéger les habitants de ce territoire au premier rang desquels les moins fortunés, contre les agressions des puissances de l’argent et du marché.
Il me semble de ce point de vue, que la notion de résident et des implications qu’elle pourrait avoir en matière de fiscalité ou d’accès au foncier et à l’immobilier est une piste sérieuse qui mérite toute notre attention.
J’ai par contre, la conviction que la réflexion à mener sur ce sujet doit se faire dans le respect de l’éthique et des valeurs qui sont les nôtres c’est-à-dire sans tomber dans des dérives qui consisteraient en l’affirmation d’une démarche ethno- centrée renfermant la Corse sur elle-même.
Si nous débouchons sur un statut de résident fiscal, celui-ci ne doit en aucun cas servir d’autres objectifs que celui de la protection de nos populations et prioritairement des plus démunis d’entre elles. La terre doit être considérée comme un capital appartenant à nos générations actuelles, que nous nous devons de transmettre aux générations futures dans l’état le meilleur. En ce sens la terre doit devenir le support de notre développement économique et social et cesser d’être une valeur marchande à vocation uniquement spéculative.
Cette méthode de concertation que je vous ai décrite, a donc permis de dégager des propositions concrètes pour la mise en place d’une véritable stratégie politique dans ces secteurs cruciaux du logement et du foncier.
Nous veillons à ce que la définition du nouveau PADDUC se fasse dans les mêmes conditions.
Ces propositions seront garantes d’un aménagement équilibré et harmonieux, d’une cohésion territoriale, d’une équité sociale, d’une préservation environnementale et d’un véritable développement économique.
Pour cela, nous avons engagé des négociations avec l’Etat sur l’augmentation des dotations de droit commun de l’Etat pour financer davantage de logements sociaux (seulement 326 logements financé en 2009).
Nous avons lancé une diversification de l’Habitat, afin de pouvoir intervenir en espace rural et en matière d’accession à la propriété.
Nous créons des outils comme l’EPF(Etablissement public foncier) et comme l’agence d’urbanisme.
L’EPF est un outil permettant de préempter (et d’acheter) ou de préserver des terrains agricoles afin de faire des réserves foncières.
Son budget est de 30 millions d’Euros ; il est financé à 50% par le PEI, et à 50% par les collectivités territoriales (agglomérations, conseils généraux et CTC).
L’Agence d’urbanisme sera créée aussi pour suivre les évolutions urbaines et
pour participer à la définition des politiques d’aménagement et de développement ainsi qu’à l’élaboration des documents d’urbanisme.
Elle servira aussi à préparer les projets d’agglomérations dans un souci d’harmonisation des politiques publiques.
J’ajoute, pour clore ce chapitre, qu’il faut également établir une fiscalité plus juste incluant les gros patrimoines pour dégager de nouvelles recettes. La justice fiscale est garante d’une justice et d’une paix sociale sans laquelle nous ne pouvons sereinement et durablement construire notre avenir.
Enfin, le programme d’investissements énergétiques avance bien et nous savons que la solution GNL, si le GALSI ne se fait pas, permettra à la Corse de disposer des moyens de production thermique de base indispensables, moins polluants et plus efficaces puisque nous avons obtenu les moteurs convertibles.
b) Nous avons besoin d’une reconquête et d’une promotion des services publics.
La collectivité ne peut pas se contenter de gérer la crise. C’est pour cela que limiter la politique régionale dans le cadre du désengagement de l’État et de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), revient à accepter les logiques qui aggravent la désertification de l’intérieur, appauvrissent la Corse et cassent la continuité territoriale. Plus que jamais, il est nécessaire d’engager une action collective pour sauver des services publics accessibles à tous.
Je ne crois pas que nous puissions accepter, ni la logique de mise en concurrence « libre et non faussée », ni la marchandisation des biens (l’eau par exemple) et des secteurs relevant du bien commun (éducation, formation, transport…). La question des transports est de ce point de vue édifiante :
Le principe est le suivant :
-Pour l’aérien comme pour le maritime, la CTC conclut des conventions de dotations avec chaque compagnie assurant les obligations de service public (OSP).
-Deux dispositifs co-existent : la délégation de service public (DSP)
et l’aide sociale
-L’Etat transfère chaque année une dotation de continuité territoriale de 187 Millions d’Euros (une dotation gelée depuis 2009).
Le problème d’aujourd’hui est que les dépenses de la CTC ont augmenté (204 Millions d’Euros), et même dépassé la dotation de l’Etat, et que les réserves de l’Office des transports sont épuisées.
-L’Augmentation importante du nombre de passagers dans le maritime notamment sur la ligne entre la Corse et Toulon (+30%) a engendré une augmentation significative de l’aide sociale de plus de 21 Millions d’euros et une augmentation importante de l’aide versée à l’aérien environ 63 Millions d’euros en 2009.
Il a fallu par ailleurs compenser le manque à gagner des compagnies maritimes entre Marseille et la Corse en dépit de la perte significative du nombre de passagers.
Nulle part ailleurs, vous ne trouverez une collectivité qui subventionne sur une desserte de service public le délégataire qu’elle a choisi et son concurrent.
Il a fallu moins de huit ans à l’Office des transports pour passer d’un excédent de 40 M€ à un déficit de 20 M€. Entre temps quelques 145 M€ auront été versés, hors DSP, au titre de l’aide sociale.
Autrement dit entre la concession de 25 ans et l’ouverture aux compagnies low costs, la plus coûteuse pour la collectivité et la plus calamiteuse pour le service public a été la seconde décision.
Laisser les choses en l’état conduirait à la faillite et à puiser dans le budget de la CTC.
Une délégation sénatoriale venue en Corse a déposé un rapport qui éclairait les phénomènes. Il y a eu aussi le rapport de la chambre régionale des comptes sur l’Office des transports qui montrait très clairement le pompage de l’argent public. Résultat : l’Office des transports est déficitaire.
Nous jetons donc les bases d’une refonte du système (débat de Novembre 2010 à l’Assemblée et de Février 2011).
Nos prédécesseurs avaient, dans le cadre de la délégation de service public, mis en place une « aide sociale » qui provoquait, de fait, « une distorsion de concurrence » (rapport REVET).
Nous remettons tout à plat, en accord le plus souvent avec les acteurs sociaux ; la démarche est d’avancer progressivement.
Nous voulons un service public satisfaisant en terme de fréquences, de capacités, de régularité et de tarifs pour tous les usagers qu’il s’agisse du fret et des passagers.
Par conséquent il faut une délégation de service public (DSP) et des obligations de service public (OSP) contractuelles sur les ports de Marseille et de Toulon pour desservir correctement et toute l’année les ports corses dans l’intérêt général.
L’objectif est celui d’une concurrence saine et loyale. Nous sommes vigilants pour que les transports, maritimes, aériens et ferroviaires, restent de vrais services publics.
Il s’agit d’un enjeu social autant que d’un problème de survie économique pour l’île.
La Collectivité territoriale de Corse doit être une base de résistance, de riposte, de reconquête et de modernisation des services publics.
c) Nous souhaitons mettre en place des outils d’aide à la décision comme par exemple l’observatoire de la vie chère, des bas salaires et de la pauvreté.
La mise en place d’un observatoire de la vie chère associant élus, professionnels socio-économiques, commerçants, producteurs et grande distribution correspond à un besoin d’identifier et de lutter contre les phénomènes qui rendent en Corse la vie plus chère qu’ailleurs, en vue d’en finir avec le système qui revient à surtaxer le fait d’habiter en Corse.
Les membres de la commission des finances auditionnent différents acteurs de la vie économique afin de décortiquer le processus de formation des prix. Ces études sont menées pour vérifier la chaîne des prix, les marges, les décrochages. Elles seront présentées aux socioprofessionnels et aux représentants des consommateurs. Parmi ces études, sera menée une étude comparative prix-salaires.
Un outil a ainsi été créé et centralise toutes ces données en mutualisant les moyens.
Je me permets de vous donner ces quelques chiffres significatifs sans être exhaustif:
En 2010, le niveau général des prix était supérieur à celui du continent : un ménage insulaire dépensait 1,5% de plus qu’un ménage du continent pour un panier de consommation identique.
L’alimentation est plus chère (plus 8 ;6%), tout comme l’habillement (mais en revanche l’équipement ménager est moins onéreux que sur le continent).
19 000 foyers, dont une part importante de retraités, vivent en Corse avec moins de 830 € de revenu mensuel, 60 000 personnes sont directement concernées.
La lutte contre la cherté de la vie, les bas salaires et la pauvreté, est une urgente nécessité.
La CTC réoriente sa politique de développement mais aussi prend des mesures en ce sens.
Si la Corse peut attendre pour s’équiper de 5 ports de plaisances, de 400 places ou de golfs 18 trous, elle ne peut laisser perdurer une situation où quelques-uns s’enrichissent considérablement et d’autres s’appauvrissent dangereusement.
Il est inacceptable de voir les dispositifs de réfaction de TVA censés favoriser les consommateurs, détournés de leur objectif. Une enquête sur la formation des prix est nécessaire. L’opacité est d’autant plus scandaleuse que le franco de port est garanti par la continuité territoriale. Cette bataille pour le pouvoir d’achat exige également une étude sur les salaires anormalement bas dans notre région. Cela constitue le corps de mission de cet observatoire que le groupe auquel j’appartiens a proposé et dont la création a été décidée par l’Assemblée de Corse.
2) La deuxième priorité est de promouvoir un développement respectueux des atouts et des richesses de la Corse.
La crise mondiale nous montre que la course effrénée au profit maximum repose sur la croissance des inégalités et le pillage des ressources de la planète. Pour sortir de cette spirale infernale, il faut répondre aux exigences d’un nouveau type de croissance, d’un nouveau type de développement, social, humain et solidaire. J’ai proposé d’établir un diagnostic de la situation autour des 3 axes que sont le social, l’économique et l’environnemental, en milieu urbain et rural, espaces interdépendants.
a) D’abord, élaborer avec le Padduc un autre modèle de développement.
C’est à travers le PADDUC que la CTC définit son projet d’aménagement et de développement durable pour les années à venir. Elle encourage aussi les collectivités locales à établir des projets territoriaux de développement durable.
Ce Padduc qui aura force de loi, doit d’une part, définir la localisation des infrastructures et des grands équipements du territoire, et d’autre part fixer les objectifs de développement économique, agricole, social, culturel et touristique et ceux relatifs à la préservation de l’environnement.
Il doit enfin définir les orientations en matière d’aménagement de l’espace, des transports, de valorisation des ressources énergétiques et de protection et mise en valeur des territoires, dans le respect des lois littoral et montagne.
D’ores et déjà, nous savons que la politique du « Tout Tourisme » est vouée à l’échec. Pendant 25 ans la précédente majorité a tout axé sur le tourisme avec une variante conjuguant tourisme de luxe et low cost.
Les résultats sont là : l’économie de la Corse est anémique et 18 mois ne suffisent pas à inverser la tendance. Le PADDUC doit donner une impulsion nouvelle parce qu’il est la traduction d’une stratégie qui porte sur plusieurs décennies.
Cette stratégie doit s’appuyer sur la solidarité nationale, sur un service public bien présent pour favoriser les échanges et pour permettre un maillage du territoire afin de répondre aux besoins de la population et des usagers partout où ils se trouvent.
b) Concilier l’urgence sociale, l’emploi et le développement économique avec un respect de l’environnement
L’urgence sociale est au coeur de la politique de la CTC. La situation de l’emploi dans notre région est trop préoccupante.
Conjuguée aux appétits suscités par la promotion exclusive du tout tourisme, elle fait le lit de toutes les dérives spéculatives.
Nous devons principalement répondre aux besoins humains par des réponses sociales et non par de vains projets qui font triompher la loi du plus fort.
Posons-nous les bonnes questions : le développement touristique appelle t’il la dérive mafieuse ?
Il faut être vigilant car une telle politique de développement touristique, si elle n’est pas bien maitrisée, peut, si l’on n’y prend garde, favoriser les dérives spéculatives et affairistes.
Empêcher la main mise d’intérêts opaques sur l’économie locale et endiguer la dérive mafieuse qu’elle suppose sont des exigences que nous n’avons pas le droit d’abandonner. Ceci est une obligation morale vis-à-vis de la majorité de nos compatriotes.
Je rappelle que l’anarchie foncière est mère de tous les vices, et qu’elle a généré ces deux dernières années une série d’homicides sans précédent.
C’est pour cette raison précise que j’ai initié il y a bientôt un an la commission contre la violence. Cette commission se réunit régulièrement, auditionne bon nombre d’acteurs de la vie publique et elle sera en mesure en début d’année prochaine de rendre son premier rapport d’étape.
J’ai aussi la conviction que l’action de la CTC doit être réorientée en faveur d’un développement du secteur secondaire notamment dans l’agroalimentaire et les nouvelles technologies, non pas pour renoncer au tourisme, mais pour inscrire celui-ci dans la visée nouvelle d’une activité économique rééquilibrée.
J’ai proposé également de systématiser l’introduction d’exigences environnementales dans les cahiers des charges des marchés publics lorsque la CTC est donneur d’ordre. Ces exigences seront également vérifiées lorsque cette dernière sera partenaire dans la réalisation de projets industriels ou d’infrastructures.
L’éco-conditionnalité des aides de la collectivité et l’instauration de la clause d’insertion sociale dans les marchés publics en tant que critère d’exécution, sont une priorité. Il convient d’attirer sur le territoire des entreprises responsables et citoyennes.
La CTC doit contribuer à la reconnaissance et au développement de l’économie sociale et solidaire et de ses trois composantes : associative, mutualiste et coopérative.
Elle doit favoriser le développement de l’outil coopératif et mutualiste, l’obtention de droits nouveaux pour les salariés et la création d’une structure régionale de promotion, de formation et de soutien financier, en coopération avec les unions régionales SCOP(Société Coopérative de Production).
Elle doit également encourager le tourisme social dont l’impact en terme d’emploi, de retombées économiques, de respect environnemental et social est indiscutable.
c) Enfin, il faut favoriser une agriculture paysanne, une pêche artisanale et une exploitation forestière rationnelle.
La CTC doit, dans le respect et la préservation des terres a vocation agricole, favoriser l’installation de jeunes agriculteurs, pêcheurs et exploitants forestiers précisément par l’impulsion qu’elle donnera au secteur coopératif, associatif, artisanal de transformation et de commercialisation.
Les aides prendront en compte en priorité l’impact sur l’emploi, le pouvoir d’achat et l’environnement (ressources pastorales, forestières et maritimes).
L’agriculture en Corse est en difficulté : sa part dans l’économie est en deçà de la plupart des autres régions. La population agricole est en diminution (depuis 1988, environ un tiers des exploitations ont disparu). Les exploitants corses font face à de nombreuses difficultés et leur revenu moyen baisse.
Je dois préciser que la politique européenne actuelle ne favorise pas cette agriculture : en abandonnant les contrats de projet et la redistribution des aides compensatrices, mais au contraire en définissant elle-même les orientations agricoles pour les imposer aux régions, la commission européenne empêche tout développement d’une agriculture de qualité.
L’absence de régulation des marchés et de la production annonce de prochaines crises sectorielles.
La mise en place d’outils de régulation des marchés, de stocks européens de sécurité alimentaire, de mesures contre la spéculation est nécessaire.
Nous devons soutenir une politique agricole au service d’une agriculture de qualité et reconnaissant le droit à une juste rémunération du travail, et notamment la répartition de la valeur ajoutée dans les filières.
Des débouchés locaux existent sur le périmètre de la Région (lycées, écoles, hôpitaux, administrations ou collectivités locales). Il convient d’inciter ces derniers à appliquer un cahier des charges d’approvisionnement imposant comme priorité, la perception sensorielle et le terroir (Appellation Origine Contrôlée, Agriculture Biologique, labels, savoir-faire régionaux, sans Organisme Génétiquement Modifié…)
Enfin, la pêche en Corse, activité artisanale pratiquée par des bateaux de faible tonnage, fait face à une mauvaise conjoncture (le prix du poisson est au plus bas), en raison d’une inflation du prix des facteurs de production et en particulier du pétrole.
Les tensions institutionnelles sont telles, que les normes de qualité et environnementales de l’Union européenne et l’attribution des quotas de pêche par l’État en fonction de la puissance du navire, défavorisent les pêcheurs artisanaux.
3) Troisième priorité : construire l’avenir en misant sur le potentiel humain.
L’éducation est plus que jamais pour moi une priorité. Nous pouvons changer la vie par l’Education. L’école est le point de départ où tout se construit.
Réduire les inégalités sociales et culturelles, c’est construire du vivre ensemble en tenant compte de la diversité des élèves et de la culture. C’est offrir une formation initiale et une formation tout au long de la vie débouchant sur des qualifications et des diplômes reconnus. Tels sont pour moi les défis de l’éducation.
De ce point de vue, la loi sur l’autonomie des Universités n’annonce rien de bon pour les étudiants.
L’attractivité et la compétitivité qui y sont vantées, ainsi que la liberté mise en exergue dans le titre même de la loi, ne sont rien d’autre qu’une instauration du marché dans ce qui devrait rester un sanctuaire du savoir.
Cette Loi va développer l’inégalité croissante entre les universités, entre celles qui pourront recruter les professeurs renommés et celles qui ne le pourront pas, faute de ressources financières suffisantes. Cette inégalité de moyens résultera de la capacité des établissements d’avoir accès, ou non à des fonds privés dans leurs fondations et à la gestion de leur patrimoine immobilier.
Avec ce système, nous allons à contre-courant de l’effort fait par les Français, génération après génération, pour disséminer l’implantation universitaire sur tout le territoire et féconder partout les capacités productives du pays par le savoir.
La CTC qui joue un rôle important en matière de politique éducative, exige de l’Etat les moyens nécessaires pour relever ces défis.
En premier lieu il faut s’opposer à la suppression de postes, pour faire en sorte que l’éducation favorise l’épanouissement des hommes et du territoire. Il faut également assurer de meilleures conditions de travail, de salaires et de formation des enseignants et des agents techniques et veiller au respect de la laïcité.
La formation est aussi le complément de l’Education.
La formation initiale et continue aussi bien dans le supérieur que dans le secondaire est un défi majeur. L’offre de formation doit correspondre aux évolutions technologiques et économiques à la politique régionale de développement sans en diminuer la quantité et la qualité.
En revanche, il convient d’optimiser les ressources par des actions tendant à coordonner des filières, harmoniser les parcours (par exemple, la poursuite d’études post BTS ou post IUT), développer les passerelles entre lycées et Université, favoriser les échanges avec les organismes de formation extérieurs (Continent, Italie), augmenter les bourses notamment pour les ERASMUS et les voyages d’études, faire connaître nos ressources (structures et formation) et favoriser l’accueil d’étudiants du pourtour méditerranéen. Ces actions pourraient être coordonnées par une cellule permanente de la CTC intégrant les représentants des différentes filières de formation.
En matière d’infrastructures, il convient de favoriser la mobilité des étudiants par l’adaptation des transports, de construire davantage de logements étudiants à Corte, de raccorder les lycées aux réseaux informatiques haut débit dans des conditions économiques acceptables et également d’offrir aux élèves de seconde des ordinateurs portable.
En matière d’insertion professionnelle, il faut privilégier l’alternance des jeunes diplômés dans les entreprises, favoriser l’aide à l’insertion ou les actions de formation continue associées aux GRETA et soutenir des initiatives existantes telle que la plateforme technologique régionale regroupant les lycées VINCENSINI, LAETITIA et l’Institut Universitaire de Technologie (I.U.T.).
Je crois qu’il faut créer un vrai service public de la formation et de l’insertion professionnelle. Pour cela, il faut démocratiser, simplifier, rapprocher l’accès à la formation pour le plus grand nombre et sortir des logiques mercantiles. Plusieurs chantiers sont nécessaires sur la question des financements dans un souci de transparence pour résorber l’opacité, réduire les inégalités sociales et territoriales, gagner en efficacité sur tous les moyens disponibles, de l’Université aux Centres de Formation des Apprentis en passant par les collèges et les lycées classiques ou professionnels.
La proposition que j’avais faite d’un Fonds Régional pour la Formation et l’Insertion Professionnelle participe de cette approche. J’ai proposé aussi de transformer les pôles de compétitivité en pôles de coopération scientifique, de retenir le principe d’égalité d’accès, de libre association, de financements publics stables et récurrents.
Il faut enfin encourager plus encore l’apprentissage et l’usage de la langue corse comme l’accès à la culture corse.
Le système d’éducation et de formation comme la politique publique d’action culturelle sont par définition les espaces où cet encouragement doit être impulsé en priorité. Cela nous semble d’autant plus évident que la globalisation culturelle standardisée, la construction européenne elle-même sinon le capitalisme mondialisé, exacerbent le besoin d’un retour aux sources mais aussi celui de découvrir des propres racines.
Un Fonds Régional pour l’emploi et la Formation doit être créé.
Alors que les grands groupes empruntent sur le marché financier, font du cash et délocalisent, que des aides considérables sont mises à la disposition des banques sans aucune contrepartie, les PME et les artisans sont eux, en difficulté financière du fait de la récession économique et du comportement prédateur des banques et des donneurs d’ordres.
Pour sortir des blocages et favoriser l’accès au crédit, nous proposons de créer un pôle public bancaire national dans lequel s’inscrirait le Fonds régional pour l’emploi et la formation (FREF), lui-même adossé à un groupement bancaire régional. Il serait abondé par les aides et mesures déjà existantes et son intervention serait conditionnée par des contreparties en terme d’emploi, de salaire et de formation.
Une nouvelle ambition culturelle doit être dessinée.
A la vision étriquée de la création et de l’action culturelle soumise à la marchandisation, il faut opposer une politique régionale ambitieuse, ouverte sur le monde, ancrée dans notre propre histoire pour permettre la transmission de tous les patrimoines et l’émergence d’une riche diversité.
Une politique culturelle implique des moyens financiers, humains et matériels adéquats. La CTC affirme son rôle de chef de file en se montrant capable de nouer des partenariats durables avec les territoires et d’accroître le rayonnement de la Corse en conduisant une politique culturelle autour de trois chantiers essentiels :
– la démocratie culturelle.
– la création artistique.
– l’ouverture au monde : la Corse doit s’engager dans des coopérations culturelles afin de s’enrichir du dialogue culturel et accroître sa présence sur les scènes artistiques internationales. La CTC doit favoriser également l’émergence de projets dans le cadre des programmes européens.
Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, Changer la vie en Corse, n’est pas impossible : c’est tout simplement un long et peu tranquille chemin qu’il nous faut emprunter.
Il y faut juste un peu de créativité comme le dit Edgar Morin dans son dernier ouvrage, « La Voie ».
Le sociologue y dégage et y trace justement une voie, ce qu’il appelle une « politique de l’humanité » qui passe par des réformes économiques, politiques et éducatives et par une régénération de la pensée politique.
Je crois que ce qui ne se régénère pas, dégénère.
Cette réforme de la société est une « réforme de vie ». Elle exige un apprentissage et une réforme personnelle. Elle nécessite une réforme de l’Education ainsi que de profondes réformes économiques et sociales. Elle fait appel à une nouvelle conscience consommatrice, à une réhumanisation des villes , à une revitalisation des campagnes.
Je crois, Mesdames et Messieurs que cette réforme de vie est l’une de vos préoccupations constantes et l’une des motivations philosophiques de l’Association à laquelle vous appartenez.
Permettez-moi de terminer en exprimant une dernière conviction :
Je sais que, dans vos réunions, vous vous posez les justes questions sur l’état de notre société. Je dois pour ma part trouver les réponses utiles qui aideront nos concitoyens à vivre mieux.
Votre association peut faire progresser notre façon de vivre ensemble et améliorer la condition humaine.
Si vous souhaitez mettre la pensée en œuvre autour de l’idée de liberté, il faut, comme le pensait José Marti, « travailler de manière irréprochable, perfectionner l’exercice de cette liberté, préparer les citoyens à la vie publique et soutenir la réalisation de toute idée noble ». Ce sont bien des mystères auxquels vous êtes confrontés ici.
La diffusion du savoir est la condition absolue de notre liberté et de notre capacité d’agir justement. Il faut défricher les champs incultes. Je crois au progrès possible des connaissances.
Nous devons recréer un mouvement des Lumières qui redessine une ambition créatrice et qui définit des idées nouvelles.
Mesdames, Messieurs, comme l’avait excellemment exprimé un ancien Président de la République, la Maison brûle.
Le village global que nous avons créé ne cesse de voir se développer les inégalités.
Nous ne pouvons plus poursuivre ce processus qui nous a conduit à une impasse de civilisation. Notre époque manque de souffle et nous devons nous libérer de la tyrannie du temps.
Je souhaite pour ma part que l’homme soit à nouveau au centre des préoccupations des responsables politiques.
Dominique Bucchini
16 novembre 2011
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