(article du 28 juillet, modifié le 29 juillet) Sécurité publique et lutte contre l’islamisme radical : voici le texte de la résolution prioritaire proposée ce jeudi 28 juillet 2016 à l’Assemblée de Corse. Il a été publié par la Présidence sur les comptes officiels :
Le Président du Conseil exécutif de Corse et le Président de l’Assemblée de Corse
CONSIDÉRANT la vague d’attentats particulièrement meurtriers et barbares qui frappent la France, l’Europe et le Monde depuis plusieurs mois et jusque dans les dernières heures
CONSIDÉRANT que cette situation nouvelle, sans précédent dans l’histoire contemporaine, appelle une double réponse :
– D’une part sur le terrain de la sécurité, de l’ordre public, et de l’ordre public international
– D’autre part en termes de réponses politiques et sociétales à l’islamisme radical qui porte atteinte aux valeurs fondamentales qui sont au cœur de notre vision commune de la société ;
I- Concernant la sécurité et l’ordre public
CONSIDÉRANT que le premier point, celui de la sécurité, de l’ordre public, comme d’ailleurs celui de l’ordre international, relève pour l’heure des compétences régaliennes
CONSIDÉRANT que les institutions de la Corse estiment néanmoins qu’il est de leur devoir et de leur responsabilité de veiller à ce que toutes les mesures utiles soient prises par l’Etat en matière de prévention et de lutte contre l’islamisme radical, dans ses expressions idéologiques comme dans le risque d’attaques terroristes
Amendement accepté : CONSIDERANT QUE la collectivité territoriale de Corse estime néanmoins qu’il est de son devoir et de sa responsabilité de veiller à ce que toutes les mesures utiles soient prises par l’Etat en matière de prévention et de lutte contre l’islamisme radical, dans ses expressions idéologiques comme dans le risque d’attaques terroristes ;
CONSIDÉRANT que la Corse apparaît actuellement particulièrement exposée
CONSIDÉRANT en effet la présence avérée sur le territoire de l’île de foyers d’influence salafiste, soit à titre permanent, soit à l’occasion de venues récurrentes dans l’île de prédicateurs se réclamant de ce courant qui, comme le rappelle Antoine Sfeir condamne « toute influence occidentale, comme le mode de vie et la société de consommation, mais également la démocratie et la laïcité »
Amendement accepté : CONSIDERANT en effet la présence avérée sur le territoire de l’île de foyers d’influence salafiste, soit à titre permanent, soit à l’occasion de venues récurrentes dans l’île de prédicateurs se réclamant de ce courant qui rejette non seulement toute influence occidentale, mais également la démocratie et la laïcité
CONSIDÉRANT que ces orientations sont inconciliables avec nos valeurs
CONSIDÉRANT que la Corse est, depuis Pasquale Paoli, une terre de liberté de culte mais qu’elle ne saurait accepter ni communautarisme, ni intégrisme.
CONSIDÉRANT au surplus que cette vision rigoriste et intégriste de l’Islam est rejetée par la quasi-totalité des musulmans vivant en Corse, les représentants du culte musulman ayant au demeurant interdit récemment à des prédicateurs salafistes l’accès aux lieux de culte
CONSIDÉRANT que l’Etat, conformément à ses fonctions régaliennes et dans le respect des règles de droit, doit mettre en oeuvre de façon systématique les mesures coercitives de nature à empêcher toute présence ou manifestation du fondamentalisme religieux (expulsion, conformément au droit, des imams tenant des discours incompatibles avec les valeurs et droits fondamentaux ; fermeture des lieux de réunion où de tels discours sont tenus)
CONSIDÉRANT par ailleurs la question de la sécurité des personnes, les institutions de la Corse demandent à l’Etat de renforcer les mesures de sécurisation, et ce d’autant mieux que de multiples facteurs (fréquentation estivale, situation géographique, climat de stigmatisation contre la Corse développé notamment sur les réseaux sociaux) peuvent conduire à exposer l’île à des risques majorés
Il – Les réponses politiques et sociétales à l’islamisme radical
CONSIDÉRANT que la guerre déclarée par l’islamisme radical, et notamment par Daesh, vise également à faire éclater la cohésion des sociétés qu’il vise, et à introduire une logique de guerre civile et interconfessionnelle
Amendement accepté : CONSIDERANT QUE la guerre déclarée par l’islamisme radical, et principalement par Daesh, entend également faire éclater la cohésion des sociétés qu’il vise, et introduire une logique de guerre civile et interconfessionnelle ;
Amendement accepté : CONSIDERANT que la Corse est tout au contraire engagée de façon irréversible sur un chemin de paix dont elle ne doit pas s’écarter ;
Amendement accepté : CONSIDERANT qu’il est donc de la responsabilité du Conseil Exécutif de Corse et de l’Assemblée de Corse de refuser les logiques d’affrontement qui pourraient traverser la société corse, comme la tentation d’y répondre par la loi du talion
CONSIDÉRANT que la situation actuelle pose également de façon nécessaire la question de la place du fait religieux et de la laïcité dans nos sociétés, ainsi que du modèle d’appartenance citoyenne qu’il convient de promouvoir
CONSIDÉRANT que la Corse et son peuple, dont l’histoire est caractérisée par un combat incessant pour les valeurs de démocratie, de liberté, de tolérance et d’ouverture, peuvent et doivent contribuer à la construction, pour la Corse, d’un modèle de société et d’appartenance citoyenne fort et harmonieux
CONSIDÉRANT que la situation actuelle impose l’ouverture d’un large débat, sous la forme d’Etats généraux impliquant l’ensemble des forces vives de l’île ainsi que les représentants des différents cultes religieux autour du thème : « La Corse et son peuple : quel modèle de société et d’appartenance citoyenne ?
L’ASSEMBLÉE DE CORSE,
CONJOINTEMENT AVEC LE CONSEIL EXÉCUTIF
EXPRIME sa compassion et, à travers elle, la solidarité du peuple corse envers les victimes des événements tragiques qui ont frappé la France, l’Europe et le Monde.
DÉCIDE de l’organisation d’Assises impliquant l’ensemble des forces vives de l’île ainsi que les représentants des différents cultes religieux autour du thème : « La Corse et son peuple : quel modèle de société et d’appartenance citoyenne ? »
DEMANDE à l’Etat la fermeture immédiate des lieux de culte ou de réunion constituant des foyers de radicalisation avérés ou dans lesquels sont tenus des discours de haine créant un climat favorable à la violence.
DEMANDE également à l’Etat de renforcer les mesures nécessaires à la sécurisation des principaux lieux de fréquentation estivale et de façon plus générale, de mettre tout en oeuvre pour assurer la sécurité de la population de l’île.
INVITE les autorités religieuses musulmanes de l’île à poursuivre et à renforcer activement leur engagement contre le fanatisme et l’intégrisme.