#Corse @F_Alfonsi « Domaine de Murtoli – U Levante dénonce un scandale d’Etat »

Prenez votre ordinateur et tapez « Murtoli » sur le moteur de recherche de Google. La page qui s’ouvre évoque « location maisons de luxe », « 5 étoiles TripAdvisor », un article du Point consacré à son « propriétaire condamné » dans un procès avec la propriétaire d’une tour fortifiée enclavée dans le domaine. Les « recherches associées » proposées par Google sont « Murtoli hôtel », « Murtoli Sarkozy » et « Murtoli golf ». En une page Google a (presque) tout dit !

Car ce qui n’est pas dit d’emblée par Google c’est que Murtoli est aussi un domaine agricole, et son propriétaire un agriculteur. Par contre, ce point est central dans toutes les demandes déposées auprès de l’administration pour obtenir des permis de construire. Entre 2010 et 2014, il y a eu une demande de permis pour une ferme (refus), puis pour une grange, une salle phyto-sanitaire et trois logements (refus), puis pour un bâtiment agricole et un logement de fonction (accord), puis pour trois bâtiments agricoles (refus) et enfin nouveau permis demandé pour trois bâtiments agricoles qui a fait l’objet d’un accord du Maire de Sartène, puis d’un recours des services de l’Etat devant le Tribunal Administratif. Seul un permis (accordé) pour la réhabilitation d’une habitation existante semble échapper à la stratégie agricole du propriétaire des lieux.

En fait Google a raison : Murtoli est avant toute chose un domaine hôtelier destiné à une clientèle luxueuse et influente, et sa fonction agricole, au demeurant bien réelle, sert surtout à camoufler des investissements touristiques.

Ainsi en est-il du permis attribué en 2013 pour « un bâtiment agricole et un logement de fonction » qui s’est mué en club-house d’un terrain de golf savamment aménagé au milieu de terres agricoles, ce qui a déclenché les protestations des associations, et particulièrement d’U Levante.

De ce précédent découle naturellement un climat de suspicion qui pèse sur le dernier permis qui vient d’être accordé pour « trois bâtiments agricoles ». L’Etat s’en est saisi et a déféré le permis devant le Tribunal… jusqu’à ce qu’il décide, subitement, de retirer sa plainte.

Car, quand il s’agit du Domaine de Murtoli, ou d’autres dossiers sensibles, l’Etat sait lui aussi jouer de subterfuges. Il y a le classique « je n’ai rien vu », variante soft de « je ferme les yeux ». Dans le cas d’espèce, c’est très difficile à soutenir vu l’accumulation de précédents et l’éminente renommée du site et de son propriétaire. Aussi, en (sous) Préfecture, on a élaboré l’inventive stratégie de la « vraie-fausse » action en justice, c’est-à-dire un recours en bonne et due forme, mais avec un contenu tellement édulcoré qu’il doit permettre au Tribunal de valider quand même le permis.

Mais patatras ! U Levante veille au grain, prend connaissance de la vacuité du dossier présenté par les services de l’Etat, et décide de l’abonder d’une argumentation beaucoup plus sérieuse de sorte que, devant un Tribunal, la cause de Murtoli n’avait plus aucune chance de franchir les obstacles de la jurisprudence, notamment celle sur la loi-littoral.

L’incroyable est alors arrivé : voyant son recours renforcé, l’Etat a décidé de retirer sa plainte initiale, faisant ainsi tomber toute la procédure, et décidant de facto la validité du permis attribué au Domaine de Mutoli ! U Levante s’étrangle et dénonce un « scandale d’Etat » dans une conférence de presse retentissante. Et, avec les militants écologistes, les Corses, qui sont loin d’être tous des imbéciles, ont parfaitement compris de quoi il en retourne : complicités au plus haut niveau, ingérence directe depuis les décideurs parisiens pour « sauver le soldat Canarelli » chez qui nombre d’entre eux ont pris l’habitude de passer leurs luxueux moments de détente, Nicolas Sarkozy n’étant pas le seul dans ce cas, bien loin de là !

A Murtoli, zone sensible par excellence, la décision préfectorale a tout fragilisé : la crédibilité de l’état de droit, la crédibilité du Padduc, et la crédibilité de l’action publique en général en matière de protection des sites et de respect de la loi littoral. Cet Etat jacobin, qui postule sans arrêt qu’en décidant depuis Paris on échappe à toute pression, y compris « aux pressions mafieuses » (confer le dernier et tout récent discours de Manuel Valls en Corse), qui donne à tout bout de champ des leçons de rectitude, vient en fait de démontrer qu’il n’en est rien. Et que le véritable courage est le courage de citoyens corses engagés pour l’avenir de leur territoire.

François Alfonsi

. . A l'accorta annant'à Google Infurmazione For Latest Updates Follow us on Google News Nos dernière informations sur Google Actus

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