Pour la CGT, la candidature de LAB au scrutin sur la représentativité des syndicats dans les entreprises de moins de onze salariés serait hors-la-loi. Une manœuvre pour abattre les petits syndicats, s’insurge le syndicat basque.
Du 28 au 12 décembre 2016 l’audience syndicale des TPE (les entreprises de moins de onze personnes), noyau dur de l’économie basque, sera mesurée via les votes des employés. Et parmi les choix en Pays Basque, les bulletins du syndicat LAB (Langile abertzaleen batzordea). Une spécificité qui n’a pas eu l’heur de plaire à la CGT. La centrale syndicale, située à Montreuil, a contesté cette candidature auprès du tribunal d’instance de Bordeaux pour « objet contraire aux valeurs républicaines ».
Une annonce que LAB perçoit comme une « attaque frontale à la démocratie », une « insulte » dans le contexte de mouvement social qui agite l’État français depuis plus de quatre mois, et à l’heure où, en Pays Basque, les manifestants et autres bloqueurs réunis autour du collectif Jusqu’au retrait réclament unité et convergences des luttes. « La CGT ôte ainsi leur pouvoir de décision aux salariés. De quoi a-t-elle peur ? Du débat ? De voir d’autres syndicats prendre du pouvoir ? », interroge Eñaut Aramendy.
Ce n’est pas une première de la part de l’union centrale de la CGT située à Montreuil, poursuit-il. « Elle agit ici uniquement dans son propre intérêt, prête à sacrifier les petits syndicats pour se rassasier sur leurs cadavres ». En jeu : une bataille pour gagner quelques dixième de points et remporter la victoire face à la CFDT, estime Geronimo Prieto. Et qui a déjà fait plusieurs victimes, notamment chez les Corses (voir article associé).
Si le Tribunal d’instance devait donner raison à la CGT, LAB risquerait donc d’être écarté des élections et le gâteau se concentrerait un peu plus sur les deux grosses divisions. Le risque principal serait de créer une insécurité juridique pour le syndicat. « On perdrait un statut de syndicat légal sur cette élection. Mais dans ce cas là, qu’adviendrait-ils des salariés ? »
Sur le plan juridique, l’attaque de la CGT consiste à conférer à LAB un objet aux valeurs anti-républicaines, incompatibles avec les organisations syndicales, replacé « dans un cadre indépendantiste résolument contraire aux principes de la République française ». Une lecture politique, appuyée sur l’inscription de LAB à la Plateforme des syndicats des nations sans états (aux côtés de Corses, Bretons, Kanaks etc.).