La finale France-Portugal a été indécise jusqu’au bout des prolongations et la victoire des co-équipiers de Cristiano Ronaldo. Epilogue qui s’est joué à peu de choses tant les deux équipes étaient proches. Mais au delà des enjeux sportifs, sur ce tournoi 2016, il a flotté un air de renouveau pour l’Europe.
Il y a eu d’abord le match des supporters, remporté haut la main par les plus petites nations, Irlande, Irlande du Nord, Pays de Galles et Islande. Non seulement leurs fiestas joyeuses ont marqué les esprits, mais elles ont marginalisé, et finalement éliminé, les assauts agressifs et violents que d’autres voulaient banaliser. Leur joie communicative a même gagné les supporters des grandes équipes qui, dans leurs matches au sommet, France, Allemagne ou Portugal, ont été soutenus au son des clappings enjoués que le public d’une petite nation comme l’Islande a popularisés avec bonheur.
C’était une grande émotion pour nous autres Corses, peuple de 310.000 habitants, de voir l’Islande, peuple de 330.000 habitants, dominer de la tête et des épaules l’équipe d’Angleterre et imposer à l’équipe-phare du championnat le plus capitalistique d’Europe un « exit » particulièrement symbolique au lendemain du Brexit !
Et que dire des 10% de la population islandaise venue soutenir leur équipe, drapeau au vent et au son de clappings épatants, face à la France, sinon qu’ils nous faisaient penser aux dizaines de milliers de Corses venus au stade de France il y a un an soutenir le SCB en finale de la Coupe de France contre le Paris Saint Germain. Ils ont apporté la preuve qui nous importe : même à 300.000 habitants on peut se hisser au sommet d’une compétition européenne !
D’Irlande sont venus les premiers assauts de bonne humeur qui ont supplantés tranquillement les agressions systématiques d’autres groupes de supporters comme les Russes. Pourtant les « bagarres entre supporters » sont tellement plus prisées par les médias en mal de sensations ! Mais la bonne humeur irlandaise était tellement communicative, relayée par les Islandais puis par les Gallois qui ont été splendides dans les tribunes comme sur le terrain.
Le Pays de Galles a été jusqu’en demi-finale de l’Euro ! Une Nation sans Etat dans le dernier carré des nations européennes ! Quel symbole magnifique dont l’ALE n’a pas fini de féliciter notre députée européenne Jill Evans et nos amis du Plaid Cymru. Car ce qui a été démontré, tant dans les tribunes par toutes les « petites nations », que sur le terrain par l’Islande et encore plus par le Pays de Galles, c’est que la communion d’un peuple, ce mélange de foi en soi, de joie d’être ensemble et d’envie collective de réussir peut apporter autant de résultat que l’addition de onze champions aux plus gros salaires des différents championnats d’Europe.
Un sport collectif comme le football a une dimension physique et une dimension technique pour lesquelles les grandes nations ont statistiquement l’avantage. Mais il y a aussi une dimension psychologique, un enthousiasme particulier, qui se libère plus spontanément au sein des petites nations poussées par un public tout entier mobilisé par leurs onze héros nationaux.
L’Euro 2016 a été un moment que nous avons apprécié car, en modifiant son règlement, il a ouvert la porte à plusieurs petites nations. Elles ont montré que, non seulement elles y avaient toute leur place, mais qu’elles pouvaient, depuis les tribunes comme depuis le terrain, ré-enchanter le football et, même, ré-enchanter l’Europe !