L’insupportable s’empare souvent de la politique. Les intolérables menaces de mort proférées contre Saveriu Luciani, conseiller exécutif, sont un nouvel et triste exemple de ce qui nécrose la vie politique corse, avec comme cible privilégiée le mouvement patriotique. L’ordre établi continue de se servir, malgré bien des apparences, de ces faiseurs de mort qui s’opposent à l’alternative de vie.
Il serait franchement intelligent qu’un jour, une analyse globale et sans concussion, donne toute la réalité de tous ces assassinats politiques qui ont cruellement endeuillé la Corse. Depuis l’activisme des barbouzes du « S.A.C. » ( Service Action Civique ) et de » F.R.A.N.C.I.A » ( Front Anti Nationaliste Contre l’Indépendance et l’Autonomie ) jusqu’aux récents assassinats et tentatives d’assassinats de militants indépendantistes ( particulièrement de Corsica Libera ).
Il y a un fil conducteur. Les cibles étaient et demeurent ceux qui depuis des dizaines d’années se battent et résistent contre la mort programmée de notre peuple. A côté des moyens dits « traditionnels » de la répression politique ( police d’exception, détention arbitraire, justice anti terroriste ), se sont développées des logiques parallèles assassines visant directement des militants ou créant des conditions d’affrontements (manipulation et utilisation du grand banditisme pour exemple) visant à l’élimination physique de militants.
La force du système français est de « banaliser » ces crimes. Jusque dans l’odieux et l’abjection. Comme cette voiture piégée survenue le 1er juillet 1996 à Bastia. Un avocat spécialisé dans la défense des prisonniers politiques corses faisait justement remarquer que « si la mort du préfet Erignac était un crime, les morts de militants nationalistes étaient des dégats collatéraux ». Une observation d’une impartiale logique qui renvoie chacun d’entre nous à la réalité des faits tel qu’ils sont traités à travers cette incontournable question : Combien d’assassinats ( ou de tentatives d’assassinats ) de militants politiques corses ont été judiciairement résolus ?
A différents moments de son histoire, le mouvement national a su pertinement réflechiŕ, examiner et même riposter ( action du F.L.N.C.) à toutes ces menées qui ont sans doute trouvé commencement sous l’arcane des obscurs services secrets français. L’initiative du Comité du Fium’Orbu ( 1999 ) visant à retrouver les fondements de l’entente patriotique et stratégique a permis une réconciliation après ces années de plomb et de sang dans un affrontement fratricide survenu à un moment ou le Mouvement National affichait une forte puissance de résistance et de transition à l’ordre établi … Malheureusement l’oeuvre de cette réconciliation, pour importante qu’elle soit, n’a pas mis un terme à ces ténébreux agissements qui font le lit du système. Et les inscriptions de Ghisunaccia sont là pour nous rappeler que une victoire électorale du moment peut être insidieusement mise à mal par ces » gens tapis dans l’ombre » comme le rappelle le « F.S.U. » dans son communiqué de soutien à Saveriu Luciani.
Dans notre région, il y a deux ans, un militant historique a été victime d’une tentative d’assassinat. Sans haine il exprima dans une lettre ouverte le piège de cette banalisation orientée, qui insidieusement justifie ce qui peut dramatiquement subvenir : » je me refuse à accepter selon un traditionnel vocabulaire employé pour la circonstance – « fait divers » et « droit commun » la banalisation de cette tentative d’assassinat. Il n’est pas question d’accepter la banalisation d’assassinat – ou tentatives d’assassinat – de militants nationalistes. Il y a ceux qui tuent. Il y a aussi ceux qui commanditent et qui alimentent des contextes. Cela participe à criminaliser un territoire là ou il y a exigence de solution politique. Cela permet ainsi à l’État français d’exercer sur la Corse une activité de police et de justice d’exception, là ou il est question de reconnaissance de droits nationaux. La Corse, à travers la déliquescence de sa société, continue de souffrir du système colonial français imposé il y a plus de deux siècles… «
C’est justement parce que la donne politique est aujourd’hui tout autre, que le mouvement patriotique accède à de tout autres et importantes responsabilités particulièrement à travers la Collectivité Territoriale de Corse que peuvent survenir ces funestes provocations. Au moment où notre nationalisme d’opprimés s’impose démocratiquement sur l’ensemble de notre société, sachons demeurer vigilants et faisons preuve d’une effective solidarité politique et humaine pour que, face à ces faiseurs de mort que la « justice » n’identifie presque jamais nous leur opposions notre patriotisme de vie et d’avenir.