Le Dr Edmond Simeoni interpelle la Presse nationale et internationale sur la condition corse :
Ajaccio le 12 Juin 2016
Monsieur ou madame le rédacteur en chef,
Médecin spécialiste de l’appareil digestif, je suis engagé dans le combat d’émancipation du peuple corse depuis 1960 où la Corse s’est insurgée, avec succès, contre la décision de la France, de créer un centre d’expérimentations nucléaires, à l’Argentella, près de Calvi, en Haute Corse.
Puis, avec d’autres compatriotes de l’île et de la diaspora, nous avons poursuivi, au sein de l’ARC, notre long cheminement militant, – démocratie, humanisme, fraternité- au service exclusif du peuple corse, avec une revendication claire, légale « un Statut d’autonomie interne dans les cadre de la République française » et naturellement de l’Union européenne. Nous avons utilisé tous les moyens légaux, à l’exclusion de l’affaire d’Aléria en Août 1975 où l’intransigeance de l’Etat français, la répression sévère ont conduit au drame, avec la mort de deux gendarmes ce qui a induit une radicalisation dans l’île, avec en particulier la naissance inévitable du Front de Libération Nationale de la Corse, en Mai 1976 ; le FLNC, lui, a revendiqué un Statut d’Indépendance et a utilisé la violence clandestine pour tenter de l’arracher
La France n’a jamais voulu traiter sérieusement la «question corse» ; elle a choisi la voie du refus du dialogue, des procédures d’exception ou dilatoires – trois statuts insuffisants et un quatrième qui serait lui aussi inefficace-. Le FLNC a renoncé à la violence clandestine depuis Juin 2014 ; cet acte politique, majeur, n’a pas conduit Paris à infléchir sa politique insulaire.
Cette attitude de la France n’a pas pu empêcher la progression, inéluctable, de idées d’émancipation nationale, à telle enseigne que les forces nationalistes, réunies, ont considérablement progressé –autour de 40% des suffrages- et ont accédé aux responsabilités à la Mairie de Bastia en 2014 et de la Collectivité territoriale de Corse en Décembre 2015
Celle-ci, par la voix de se élus, a demandé majoritairement à l’Etat, la satisfaction de certaines revendications essentielles : Révision de la Constitution, Officialité de la langue corse, Statut de Résident …. Toutes ces demandes ont été rejetées, sans aucun dialogue, avec la volonté de nous imposer un énième Statut de l’île, frileux, mineur qui sera inévitablement inopérant.
Nos choix sont démocratiques, légitimes, légaux et ils s’inscrivent surtout dans le respect du principe universel du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » ; le peuple corse est en danger, sur sa terre ; s’il ne peut être jamais question de renoncer à son existence et à la reconnaissance de ses droits, il est clair que nous refusons totalement la voie de la violence ; il ne nous reste plus alors que la voie de la protestation démocratique, pacifique et des urnes dont les décisions ne sont malheureusement pas prises en compte par l’Etat Nous avons ce confirmé ce choix fondamental et intangible de notre démarche historique.
En effet, il existe une opinion publique et une conscience internationales que nous voulons sensibiliser au problème corse, l’informer, en vue de susciter un mouvement de compréhension, de sympathie, de solidarité. Les évolutions politiques en Ecosse, en Irlande, au Pays Basque, en Catalogne, au Pays de Galles etc font partie du panorama actuel d’une Europe en mutation, vers la liberté ; indépendamment de nombreuses autres régions, et d’autres peuples du monde qui suivent la même évolution.
C’est dans cette optique, que par le truchement de la presse internationale, je vous adresse un texte qui est le fruit d’une longue réflexion personnelle et largement partagée : « la Corse est une colonie française ; avec l’espoir que vous en saisirez la pertinence et la légitimité et que vous le porterez à la connaissance de vos lecteurs, dans un souci d’information
Ce serait une contribution, très positive, à la recherche d’une solution politique, pacifique et équitable en Corse, respectueuse des intérêts légitimes des parties ; elle est seule capable d’enraciner définitivement la paix, de produire un développement durable partagé et de nous permettre de participer très modestement à l’évolution du monde, en particulier en Europe et dans la Méditerranée qui est notre berceau naturel.
Avec mes remerciements pour votre attention et cordialement,
Ajaccio le 12 Juin 2016
Dr Edmond Simeoni
NB : Le texte de l’interview a été et sera largement diffusé à la presse, corse, français et européenne ; de plus, vous trouverez ci-dessous quelques précisions sur de termes utilisés dans l’interview et qui ne sont pas nécessairement tous connus sur le continent et à l‘étranger
La loi Nôtre, Promulguée le 7 août 2015, la loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRE) confie de nouvelles compétences aux collectivités locales.
Arrêtés Miot : La Corse bénéficie de longue date d’un Statut fiscal dérogatoire motivé par son insularité.
Article 49-3 : Le Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, engage devant l’Assemblée nationale la responsabilité du Gouvernement sur son programme ..Cette disposition permet de contourner le débat parlementaire dont on craint l’issue.