U Ribombu Internaziunale : Quelle est la situation actuelle en Corse en ce qui concerne les déchets ménagers ?
Agnès Simonpietri : On génère annuellement plus de 200 000 tonnes de déchets ménagers et déchets de déchetterie, aujourd’hui on en enfouit 180 000 tonnes. On tri, concernant les déchets ménagers, autour de 6 % du volume total. On est plus que mauvais élève, c’est une catastrophe, il faut complètement renverser la vapeur et explorer des solutions connues et répertoriées et surtout les mettre en œuvre. On nous a dit longtemps que les gens du nord étaient plus civiques et que les méridionaux n’avaient pas la discipline nécessaire, mais ça n’est pas vrai, en Sardaigne le tri représente 50 % des déchets à peu près sur tout leur territoire et dans la moitié nord de l’Italie à peu près 80 %. Et nous, nous n’y arrivons pas… Alors, pourquoi en est-on arrivé là ? En premier lieu, il y a eu un très mauvais choix : celui de l’incinérateur, et quand l’option de l’incinérateur a été recalée par la population pour des raisons sanitaires mais aussi pour des raisons financières et de transport il ne s’est plus rien passé.
On s’est contenté de mettre des points d’apport volontaires avec des containers de tri un peu partout, ça a coûté très cher pour une efficacité quasi nulle, soit parce que les déchets n’étaient pas ramassé, soit parce qu’on a mélangé les déchets triés en amont. Du coup on a continué à enfouir, ce qui économiquement profite à un certain nombre d’opérateurs, pour qui très clairement, le transport et l’enfouissement rapportent de l’argent. Et aujourd’hui nous sommes dans l’obligation de renverser ce modèle très rapidement, pour une raison toute simple : nous n’avons plus aujourd’hui de centre d’enfouissement et que le fonctionnement actuel des centres d’enfouissement avec les déchets en vrac est totalement inadmissible. Cette situation ne peut plus durer.
En tant qu’Office de l’environnement et que Collectivité Territoriale de Corse, nous allons proposer à l’ensemble des collectivités, des communes et des communautés de communes (qui ont la compétence pour la collecte de l’ensemble des déchets et pour certaines même leur traitement) une boite à outils. Très concrètement, nous allons arriver avec des solutions pour traiter ces déchets, par exemple concernant les fermentescibles – c’est à dire les bio-déchets (qui provoquent de véritables catastrophes dans les centres d’enfouissement et n’ont surtout pas à y aboutir) – et comment les enlever en amont des collectes via un travail de terrain au porte à porte. En fonction des besoins des différents acteurs concernant la taille des bacs de collecte, des sacs leur nombres, leur capacité et leur cout à la tonne, nous allons proposer un mode d’emploi adapté permettant d’écarter immédiatement ces fermentescibles. Il faut initier une partie du tri au porte à porte, des emballages, des cartons, des déchets ménagers et ne garder en points d’apport volontaire que le verre mais en renforçant le nombre de points d’apport volontaire.
Dans un second temps, il va s’agir auprès des collectivités, de mettre en place des traitements de ces collectes de déchets organiques, avec du compostage qu’il s’agit d’un compostage micro local pour 40 personnes ou de compostage à plus grande échelle et sous différentes formes (compostage en tubes ou par tas). Ces solutions seront proposées à la fin du mois d’avril, sur des modèles qui ont fait leurs preuves ailleurs et expérimentés partout. On sait que très rapidement et très facilement, ce mode d’emploi peut aboutir à 65 % de tri. Pour diverses raisons (et principalement pour des raisons économiques), les collectivités seront bien obligées de mettre en place cette manière de fonctionner. On peut résumer notre politique de cette manière : Nous allons complètement changer de modèle mais nous allons vous donner les outils pour mettre en place ce nouveau modèle tout en vous accompagnant sur sa mise en place.