« Aujourd’hui, les élus de la Corse rencontraient les représentants de l’État pour convenir des modalités d’application de la collectivité unique.
Alors que pour certains artisans du statu quo celle-ci préfigure déjà la marche en avant de la Corse vers l’indépendance, la concrétisation de cette collectivité unique marquerait en réalité un véritable coup d’arrêt dans la construction d’institutions ne serait-ce qu’autonomes de la Corse. Quand on sait que notre collectivité territoriale actuelle date de 1982, à quelle échéance la Corse pourrait-elle encore prétendre à une évolution de son statut vers une autonomie digne des autres régions insulaires européennes si l’État lui consacre un nouveau statut en 2018 ? La Corse ne peut donc pas se satisfaire d’une réforme territoriale qui ne consisterait qu’à reproduire le modèle d’organisation français dans toute sa complexité administrative.
De plus, le problème de la répartition territoriale des élus ne saurait se résoudre par la création d’une Chambre des Territoires que d’aucuns proposent et qui aurait bien plus vocation à assurer la pérennité du nombre actuel d’élus départementaux qu’à garantir la juste représentation des populations et des territoires que nous appelons de nos vœux. En effet, il n’est pas question de substitué au carcan administratif du jacobinisme français une administration autonome, certes, mais centralisée à l’échelle de la Corse.
La nouvelle architecture institutionnelle de la Corse telle qu’elle est envisagée à ce stade, sans intermédiaire entre l’échelon communal et l’échelon régional, appelle à compenser autrement cette évidente perte de proximité entre le pouvoir et les citoyens en fusionnant l’ensemble des actuels échelons territoriaux intermédiaires au sein de circonscriptions de coopération intercommunales élargies, simplifiées et fonctionnelles qui renforceraient le rôle politique des communes et consacreraient le principe des communautés de communes sans pour autant contribuer à la création d’une nouvelle tranche d’élus. »