Assez parlé, il faut agir ! La formule s’adresse autant à la CTC et à toutes les institutions insulaires, aux citoyens de base comme aux acteurs qui animent les différents secteurs de la société, entreprises, associations ou partis politiques, particulièrement nationalistes. Chacun, par son travail, son engagement ou son comportement détient les clefs de l’avenir de la Corse. A condition de réellement passer à l’action !
Cette philosophie c’est celle d’une association comme Parlemu Corsu qui rassemblait ce week-end à Bastia plus d’une centaine de personnes pour une série de conférences en langue corse sur les technologies du futur, médecine, robotique, calcul artificiel, etc… Le Corse n’est pas qu’une langue du passé, elle est aussi une langue qui, comme toute autre, est capable de répondre aux besoins de la société du futur. La thèse n’est pas nouvelle, mais sa démonstration est indispensable, et, surtout, les Corses doivent s’en emparer, le plus nombreux possible. Les initiatives de Micheli Leccia mettent la langue corse en situation de langue vivante. Son militantisme crée à la fois de la réflexion sur les blocages psychologiques d’un rapport affectif si fort à la langue qu’il inhibe beaucoup de ceux qui craignent de ne pas la maîtriser à 100%, et de l’action concrète, puisque parler des technologies du futur oblige par définition à inventer des expressions nouvelles et des néologismes. Et le tour de force c’est de faire converger des dizaines de personnes pour partager une réflexion aussi aride ! Ce n’est pas la difficulté qui rebute les gens, c’est l’inaction.
Depuis octobre l’an dernier, en réaction à la crise des déchets, j’ai animé une série de réunions sur la question, à partir de la présentation de ce qui a été fait à Girolata/Ghjirulatu pour régler durablement la gestion des déchets par le tri sélectif. Casaglione, Purticciu, Bastilicaccia, Lama, Patrimoniu, Lumiu, Viscuvatu, Ponte Leccia, etc.. les invitations se sont enchaînées les unes après les autres, et, bien souvent, là où je ne pensais rencontrer que quelques responsables, les salles étaient bondées. A Lama, on est venus d’Ile Rousse et de Patrimoniu. A Patrimoniu, depuis le Cap Corse. Les gens veulent passer à l’action, et certains s’y sont mis sans attendre. A cet égard, la feuille de route proposée par l’Exécutif* est un bon exemple de ce que la CTC doit faire pour canaliser cette énergie. Il faut proposer des moyens concrets, dégager les moyens financiers nécessaires pour accompagner l’esprit d’initiative et l’orienter sur l’expérimentation pratique. La situation d’urgence rend les choses plus compliquées et oblige à des solutions intermédiaires que l’on ne dépassera qu’en étant performants sur le terrain. La volonté est là, prête à s’engager. Assez de colloques, assez de « com’ », plus d’action !
Ce mot d’ordre venu de l’action associative doit nous animer aussi sur le terrain politique. La force d’une idée politique qui a pour ambition de bousculer l’ordre établi est liée à sa capacité à mobiliser les hommes et les femmes sur le terrain. Pas seulement par le discours, aussi par l’action. Le danger, c’est de vivre sur ses acquis sans se remettre en question, sans réfléchir à la façon de créer de nouveaux actifs politiques, condition sine qua non de nos progrès futurs. Car les blocages de l’Etat sont chaque jour plus évidents, et les manœuvres de nos opposants qui savonnent la planche à tout moment ne seront dépassées que par la mobilisation du peuple corse.
Comment le mobiliser sans lui proposer un cadre politique renouvelé ? Femu a Corsica a gagné les élections de 2015, mais on voit bien qu’une victoire électorale n’est qu’un instant de toute une démarche. L’ordre établi est puissant. Il sait résister. La victoire de décembre 2015 a créé une dynamique nouvelle, mais comment la capitaliser au profit des victoires futures qu’il faudra multiplier pour le renverser réellement ?
Voilà le défi qui est lancé aux responsables politiques du mouvement nationaliste. Il faut sortir des cadres anciens et en créer de nouveaux qui parleront au cœur et à l’esprit de ceux qui seront nos militants de demain. Femu a Corsica a cette capacité de mobilisation que plus aucune structure séparément ne peut prétendre rassembler. L’Unione est un thème central de bien des discours. Il est temps de passer à l’acte.
Fà, un dì !