#Corse @F_Alfonsi « CETA, TAFTA – Le brocciu rayé des AOC protégées ! »

Le CETA, abréviation anglaise, est l’Accord Economique et Commercial Global entre le Canada d’une part, et l’Union Européenne et ses Etats membres de l’autre. Le TAFTA, autre abréviation anglaise, est le Traité de Libre Echange Transatlantique qui doit lier les Etat Unis et l’Union Européenne. Les deux sont évidemment liés, et si TAFTA est en panne, CETA avance à marches forcées. Or le contenu de CETA préfigurera automatiquement celui de TAFTA.

CETA doit être adopté avant fin 2016, et la Commission Européenne a récemment transmis aux députés européens un « document d’information » qui détaille le futur accord. Ce document compte 1598 pages ! Car tout est passé en revue, dans chacune des dix provinces canadiennes, et dans les vingt-huit Etats membres de l’Union Européenne. Et bien sûr, la Corse est concernée, à son détriment, puisque le traité prévoit de ne plus protéger le brocciu comme appellation contrôlée !

Au siècle dernier, ce sont les traités signés au lendemain des guerres militaires qui ont changé le destin de peuples entiers : Traité de Versailles et ses « remaniements territoriaux » aux frontières allemandes (Alsace, Pologne) à la fin de la guerre de 14/18, Traité du Trianon qui a dépecé la Hongrie, Traité de Saint Germain en Laye qui a annexé le sudTirol à l’Italie, etc…. Au XXIème siècle, les accords de libre échange sont désormais les nouveaux traités qui régiront demain la vie quotidienne des citoyens. Avec des conséquences colossales parfois. Ce nouveau « droit économique international » s’est d’abord forgé sous l’égide de l’Organisation Mondiale du Commerce, l’OMC, qui, de sommet en sommet, s’est retrouvée en situation de blocage entre les trois grandes entités de l’économie mondiale : les pays riches (Europe, Etats Unis, Japon,…), les pays « montants », appelés BRICS pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, et la cohorte des pays les plus pauvres.

Constatant la situation de blocage de l’OMC, les pays riches, impulsés par le lobby impressionnant des multinationales qui en sont issus et qui dominent l’économie mondiale, ont initié un processus d’intégration économique entre les Etats Unis, dont l’allié naturel est le Canada, et l’Union Européenne. Leur principal objectif est de finaliser des traités qui augmenteront les échanges économiques potentiellement créateurs de richesses, et, dans le même temps, d’obtenir de nouvelles opportunités pour asseoir leur croissance et leur hégémonie. Derrière chaque traité, CETA ou TAFTA, il y a de véritables armées qui s’affrontent par lobbying interposé, les gouvernements agissant le plus souvent au nom d’intérêts économiques qui leur échappent tant les multinationales de l’industrie, de l’agriculture, des services et de la finance ont aujourd’hui une dimension qui dépasse celle des Etats, y compris aux USA.

Qu’apprend-on pour la Corse à la lecture des 1598 pages du projet de traité CETA ? Il nous a fallu l’aide de José Bové et de ses assistants pour lever le lièvre au milieu des centaines de pages des dispositions qui figurent dans les annexes, notamment l’Annexe 20-A 1ère partie, page 516 à 525, qui liste les « Indications Géographiques Identifiant un Produit d’Origine dans l’Union Européenne », en clair tous les produits d’origine qui resteront protégés des contrefaçons une fois le traité CETA, et après lui le traité TAFTA, mis en application.

Les produits listés pour la France vont de la page 519 à la page 521. On y trouve, pêle-mêle, le Jambon de Bayonne, le piment d’Espelette, la lentille verte du Puy, et, pour les fromages, le Comté, le Reblochon, y compris sa variante d’origine « Reblochon de Savoie », le Camembert de Normandie, le Brie de Meaux, le Morbier, l’Epoisses, le Beaufort, le Munster, la Fourme d’Ambert, et bien d’autres dont bien sûr l’inévitable Roquefort, seule AOP mentionnée pour la France concernant du fromage de brebis. Or il y a en France trois AOP pour des fromages de brebis : le Roquefort, le fromage basque Ossiau Iriarty, et le brocciu corse. En éliminant le brocciu corse du traité, on supprime la protection dont il bénéficie, et on ouvre ainsi la porte à des fabrications hors de la zone d’appellation qui pourront elles aussi s’appeler brocciu.

Il y a quelques années, un retentissant procès avait opposé les producteurs italiens AOC de parmesan à une multinationale américaine qui avait décidé d’en fabriquer et de le vendre sous cette appellation aux USA. Après plusieurs années de procédure, les producteurs italiens ont remporté leur procès, et ils font bien sûr partie de la liste des produits protégés par l’UE dans le cadre de CETA et TAFTA. Ce qui ne sera plus le cas du brocciu corse !

D’autre part, qu’adviendra-t-il des AOC en devenir comme la charcuterie ? Le traité signé, il deviendra impossible de les faire prendre en compte sans une modification qui ne peut intervenir qu’en cas d’accord unanime, autant dire jamais. Si bien que l’on pourra en toute légalité produire une charcuterie corse outre-atlantique !
En n’ayant pas été mentionnés sur cette liste par les négociateurs français, les producteurs corses, comme les producteurs basques, ont été littéralement trahis. Et il faut que l’accord n’entrave pas les autres démarches AOC dont la Corse a impérativement besoin pour développer son agriculture.

L’ALE se joindra à José Bové au Parlement Européen pour rétablir le brocciu corse. Nous faisons appel à la Collectivité Territoriale de Corse et à tous les professionnels corses pour faire entendre leur voix et obtenir que le traité final ne puisse être adopté en l’état.

François ALFONSI
Ex-député européen
Président de l’Alliance Libre Européenne

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