Il est habituel de dire que l’état de grâce dure 100 jours. Pour la nouvelle majorité régionale il s’est donc conclu le 25 mars. Incontestablement l’événement marquant de la période aura été l’annonce d’une évaporation budgétaire de 100 Millions d’euros sous la précédente mandature entre 2013 et 2015.
Effectivement c’est beaucoup.
Mais plus encore on retiendra les propos soulignant « l’insincérité » des actes budgétaires et surtout le refus après ce constat accablant de saisir la Cour de discipline budgétaire et financière (CDBF) avec cette explication du président de la Commission des finances de l’Assemblée de Corse : « nous n’avons pas l’habitude d’aller à la police ».
On nous promet d’autres annonces concernant les agences et offices. Certaines ont été faites pour l’ADEC, l’OTC et l’OEC d’autres ne tarderont pas pour l’ODARC et l’OEHC. Face au marasme budgétaire, de cette façon décrit, l’Exécutif ne parle pas encore de thérapie de choc mais de contraintes d’autant plus fortes que la réduction des dotations relative à l’effort de redressement des comptes publics pèsera sensiblement.
C’est l’austérité aucune collectivité n’y échappe et déjà il se dit, ici et là, que les départs en retraite ne seront plus remplacés. Or, compte tenu du nombre important de personnes concernées, il se disait précédemment que ce devait être une aubaine pour absorber une partie du chômage.
Dans les transports « l’adaptation aux règles du marché » est la doctrine et la recherche d’excédents sur l’enveloppe de continuité territoriale le moyen de réduire le recours à l’emprunt rendu indispensable par « l’héritage » malheureux. Il devrait se situé dans les 100 M€.
Le précédent Exécutif aurait pu justifier d’un surplus d’engagements pour palier la baisse des investissements publics, contenir la montée du chômage et dynamiser une économie atone, il n’a pu le faire et a même infligé par certaines absences l’obligation aux présents de subir une heure trente de réquisitoire.
En son temps, il pouvait recourir à l’emprunt sans démériter après avoir purgé la toxicité désastreuse d’un emprunt de 2007 indexé sur le franc suisse avec des intérêts galopants. Il ne l’a pas fait alors que la capacité de désendettement de la CTC le permettait.
Cependant la faille institutionnelle, découlant du pouvoir attribué au président de l’Exécutif, est apparue béante. Elle est d’autant plus préoccupante qu’avec la collectivité unique, de surcroit en l’absence de consultation référendaire, elle sera élargie. Les élus de l’Assemblée de Corse, sur n’importe quel banc, ne pouvaient savoir que des arrêtés attributifs, signés dans le secret, n’étaient pas crédités.
D’orthodoxie budgétaire il en fut abondamment question, d’austérité pas du tout et encore moins d’autres chiffres comme les 250 Millions d’euros de réfactions de TVA, sur les produits de consommation courante, détournés au détriment du pouvoir d’achat des ménages populaires. Idem pour les quelques 80 Millions d’euros annuels de cadeaux versés aux entreprises insulaires sans que les salaires, la formations ou l’emploi n’en bénéficient.
S’attaquer à cet état de faits c’est affronter les tenants du libéralisme et des dogmes économiques facteurs d’inégalités, de pauvreté et de chômage. C’est aussi imaginer un nouveau modèle économique pour la Corse privilégiant le développement du secteur industriel et le service public plutôt que le tout tourisme et les low cost.
C’est défendre le code du travail et créer de l’emploi stable bien rémunéré plutôt que de l’emploi précaire et du travailleur détaché. C’est combattre le chômage autrement que par la volonté de redistribuer l’emploi public raréfié, en fonction des origines des uns et des autres.
En ce sens les derniers chiffres à retenir, à l’avantage pour le coup de la précédente majorité, sont ceux de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), 3 Milliards d’euros, de la dernière phase du Plan exceptionnel d’investissements (PEI), 536 Millions d’euros et du Contrat de plan Etat Région (CPER) et des Fonds européens (FEDER-FSE), 360 Millions d’euros. Ils laissent de quoi faire.
Reste pour finir, la coïncidence voulant que ces 100 premiers jours de mandature se soient conclus, on dit l’entourage du président de l’Exécutif friand de « com », à la Maison Blanche.