100 millions d’euros : le « trou » laissé par L’Exécutif qui a précédé l’arrivée des nationalistes à la tête de la Collectivité Territoriale de Corse est abyssal. Comment en est-on arrivé là ? Et comment en sortir ?
Gilles Simeoni a enfoncé le clou : l’impasse financière dont il a fait l’inventaire en arrivant aux affaires n’est pas de nature banale, celle d’une gestion médiocre adossée à un clientélisme ordinaire. Avec Paul Giacobbi, on est entré dans l’ère du faux bilan et de la falsification comptable.
En fait les comportements financiers scandaleux ont toujours recours à des méthodes d’une simplicité triviale. Par exemple la « pyramide de Ponzi » est le nom savant d’un procédé régulièrement utilisé par les financiers véreux –parmi lesquels le fameux Madoff- qui consiste à rembourser ses propres dettes avec l’argent des autres. Tout va bien tant que « les autres » ne s’en aperçoivent pas et continuent à alimenter le financier en lui confiant leurs économies. Jusqu’au jour de l’effondrement, comme un château de cartes, du montage financier grossier qui ne peut plus honorer la moindre dette. Et on découvre alors le trou béant !
La méthode « gestion claniste » est du même acabit, qui consiste à promettre sans compter, jusqu’à dépenser l’argent que vous n’avez pas. Les crédits disponibles sont aspirés dans la spirale dépensière des promesses électorales, et chaque promesse faite entraîne la suivante : comment refuser à l’un ce que l’on a consenti à l’autre ? Si bien que l’on continue de promettre et que, fatalement, arrive le jour où on ne peut plus payer !
Avec Paul Giacobbi, le point de non retour a été largement dépassé, et, après avoir épuisé la capacité d’endettement –ce qui, il faut bien le reconnaître, doit aussi beaucoup à ses prédécesseurs et à leurs emprunts toxiques-, on est passé à la « gestion triviale ».
Vous ne pouvez plus payer des fournisseurs ? Qu’importe, il suffit de reporter la facture sur l’année qui suit. Si la facture est de décembre, passe encore. Mais, avec l’ancien Exécutif, décembre commençait dès le mois de janvier !
On commence alors par « plumer » ceux qui dépendent de vous. Les centres de formation, les associations, les entreprises dont le chiffre d’affaires dépend de la commande publique, les partenaires des politiques cofinancées, tous attendent le règlement des sommes dues par la CTC sans ne pouvoir jamais user des moyens de recouvrement qui existent contre les mauvais payeurs de peur d’être rayés de la liste des organismes agréés. Centres de formation comme l’AFPA ou d’autres, Université, EDF, Chambre des Métiers, communes, entreprises titulaires des travaux routiers, entreprise de maintenance des photocopieurs ou des ascenseurs, jusqu’à l’association qui doit suspendre le paiement de son unique salarié, le cortège est infini de ceux qui sont victimes du procédé.
Gilles Simeoni les a tous rencontrés, et il a fait le total de ces arriérés 2015, 2014 et même 2013 : plus de cent millions d’euros !
Or les documents budgétaires de la CTC ont régulièrement été votés à l’équilibre. Les comptes administratifs, les budgets annuels, ont toujours passé le filtre du contrôle de légalité en Préfecture. La Chambre Régionale des Comptes a donné quitus, l’été dernier, à la gestion de la CTC. Ne pouvaient-ils donc rien voir ?
Les lecteurs attentifs d’Arritti savent qu’il n’en est rien, et que dans notre édition du 23 juillet dernier nous avions pointé les dérives aujourd’hui mises à jour. Ainsi disions-nous à propos du compte administratif 2014 : « dans quels budgets a-t-on ainsi taillé à la hache pour trouver 20 M€ d’économies de plus par rapport à 2013 ? Principal poste affecté, le compte 61, passé en un an de 22,4 M€ à 13,1 M€, soit presque 10 M€ d’économie. Cela recouvre les prestations de services (gardiennage par exemple), de l’entretien/maintenance (bâtiments, matériels roulants, etc..), les assurances, autant de dépenses dont on conçoit mal qu’elles puissent être divisées par deux d’une année sur l’autre, si ce n’est en les repoussant à l’année suivante ». Ou encore, toujours dans le même article : « autre réduction miraculeuse des dépenses, les dotations aux Offices et Agences qui a baissé de 3,2 M€ en 2014 par rapport à 2013. Mais que sait-on de leur réalité financière ? Pas grand-chose, si ce n’est le sentiment largement partagé que les déficits y sont plus répandus que les excédents ! Réduire la dépense de la CTC tout en creusant le trou de chaque office et agence, alors que, in fine, c’est la CTC qui devra combler les déficits, c’est une tentation banale en période électorale ».
Arritti avait analysé les dérives financières de la CTC à la seule lecture du compte administratif, mais ni la Chambre Régionales des Comptes, ni les services du contrôle de légalité en Préfecture n’avaient rien vu ! Qui peut le croire une minute ? Au moment de boucher les trous, il faudra bien que l’Etat aussi rende des comptes !
#Corse @F_Alfonsi « CTC La débâcle financière »
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