« En quelque pays que tu entres , conforme toi à ses moeurs » Proverbe Touareg
Le vendredi 5 février, une opération militaire d’envergure a été menée sur le quartier « Pifano ». L’objectif de cette action selon le commandant de la Gendarmerie Nationale, Syméon Christo, est de rappeler » à ses habitants que ce quartier reste un territoire de la République ». On remarquera ici que la démonstration de force – en nombre et moyens, armée – s’inscrit dans la conjoncture actuelle, sur cet ensemble présenté comme « sensible ou prioritaire », avec en filigrane, mais sans le désigner, le potentiel terreau islamiste…
Etat d’urgence ?
Cette opération, conduite y compris avec des moyens aériens – présence d’un hélicoptère – n’a rien donné… Il faut pourtant situer cette intervention – intempestivement mise en place ? – dans le cadre de l’état d’urgence tel qu’il a été promulgué après les attaques perpétrés le 13 novembre sur le sol français. L’état d’urgence qui est par nature d’exception se situe entre un contexte normal et un état de siège, a été adopté par décret et paru sur le journal officiel stipulant clairement qu’il s’applique » sur le territoire métropolitain et la Corse ».
En France l’état d’urgence a engendré plus de 4000 perquisitions administratives. Approximativement 550 procédures judiciaires ont été ouvertes. Plus de 382 assignations à résidence ont été opérées. Environ 366 personnes ont été interpellées et 316 mises en garde à vue. Sur les infractions répertoriées, seules 25 sont en lien avec le terrorisme et 4 concernent les procédures anti terroristes. On notera aussi que si l’état d’exception est en corrélation avec les conséquences engendrées par la politique française au Moyen Orient et en Afrique, particulièrement en Syrie et au Mali, son application s’est aussi caractérisée par le ciblage de militants écologistes … A l’evidence le champs social et politique demeure en France sous surveillance…
Ou délinquance ?
L’action mise en place sur Pifano peut certes trouver explication sur la situation de délinquance. Je rappellerai simplement sur ce point qu’une toute autre gestion de terrain – autant préventive qu’effective – particulièrement menée par une police corse de proximité ( http://uriacquistu.over-blog.com/de-la-delinquance-a-portivechju%E2%80%A6 ) pourrait s’avérer beaucoup plus efficace. Au demeurant on ne peut expliquer la délinquance à Portivechju à travers le prisme déformant du quartier « Pifano »…
L’intervention sur « Pifano » s’inscrit plus particulièrement sur la gestion – par l’Etat français – de ce contexte dont l’un des faits caractéristiques fut « les jardins de l’Empereur ». Nul ne peut oublier le lâche caillassage ,qui aurait pu être encore plus dramatique, des pompiers. Beaucoup se souviennent de cette naturelle réaction « simu indé noi » savamment détournée à la fois par les tenants d’un nationalisme – français – qui n’a certainement pas sa place en Corse et les représentants du système – français – qui ont essayé de fragiliser le président de l’Assemblée de Corse et le président de l’exécutif. On aura ainsi remarqué parmi les supplétifs le rôle d’une certaine presse française qui aura presque tout tenté pour essayer de déstabiliser – en vain – les représentants nationalistes de la C.T.C…
Le délicat sujet de l’immigration.
Le piège étant le sujet de l’immigration.Et sous jacent du racisme. La différence fondamentale restant dans le fait que les corses – peuple colonisé donc non reconnu – n’ont pas à se justifier étant avant tout eux mêmes victimes des comportements et autres brimades xénophobes et discriminatoires. Les récents évènements survenus à Reims en attestent Si il est vrai que le politiquement correct systémique se complait à entendre ces condamnations du racisme dés lors qu’il s’agisse du sujet « immigration », il doit entendre encore plus fort – ici – qu’il n’y a qu’une seule communauté de droit sur cette terre : le peuple corse.
La question de l’immigration doit être abordée – sans appréhension – à travers deux autres aspects qui conditionnent la question politique corse : la colonisation de peuplement ( ou substitution de population ) et la non reconnaissance des droits du Peuple Corse parmi lesquels le droit à l’auto – détermination. Le risque étant – sans approche globale – de relativiser voir d’ignorer les logiques communautaristes dans lesquels peuvent s’intégrer des vélléités politico – religieuses ( approche millénariste) dictées par l’actuel contexte moyen oriental (poussée du dhjihadisme). Qui plus est, l’absence d’une citoyenneté corse favorise ces errements. L’Etat français, pour endiguer la résolution du problème – national – corse, favorisant ces desseins communautaristes… selon cette analyse j’avais dans un article précédent souligné la justesse de la proposition formulée par « Corsica Libera » pour la création d’un observatoire des religions sous l’égide du Conseil Exécutif et de l’Assemblée de Corse. Au delà, je réitère mes propos sur la nécessité d’implication des mouvements patriotiques – particulièrement ceux de la Lutte de Libération Nationale – qui, à coté des élus, dans un soucis d’exigence de notre lutte, doivent prendre l’initiative d’aller à la rencontres des responsables avérés de ces corps constitués. La Corse, dans une logique d’émancipation nationale, ne saurait devenir le théâtre de schémas venus d’ailleurs…
Des réalités de Pifano
Revenons alors au quartier de « Pifano ». Récemment U Riacquistu di Portivechju, à l’occasion d’un contrat de ville 2015 – 2020 acté par la municipalité et portant sur un Projet de Renouvellement Urbain d’Intérêt Régional ( P.R.U.I.R) et dont le quartier est le principal destinataire, a rappelé la réalité quotidienne ou la singularité est la précarisation croissante de ses habitants. U Riacquistu di Portivechju y développa cette analyse : » Si ce contrat a une valeur symbolique, il ne pourra pas pour autant modifier en profondeur les réalités structurelles de notre société, à « u Pifanu » comme dans les autres quartiers et hameaux.
La rénovation du cadre de vie, du parc de logement sociaux, et l’aménagement des espaces urbains, pour important qu’ils soient, auront bien plus d’efficacité si ils s’insèrent dans une politique volontariste de création d’emplois et d’équilibre social. La mixité sociale, l’accès à l’éducation et l’intégration des populations dites d’origine immigrée ne pourront naturellement que mieux se concevoir lorsque notre culture et notre langue reprendront leur place originelle dans la société.
Le « vivre ensemble en Corse » sera caduque tant que perdurera le système français. Tant aussi, que les droits des corses à choisir librement leur destin seront niés. Tant ,enfin, que continuera l’inavouable substitution de population ( quelle que soit son origine ) visant à rendre minoritaires les corses chez eux.
U Riacquistu di Portivechju met en garde contre l’instrumentalisation de l’espérance des plus démunis.
U Riacquistu di Portivechju prône une toute autre logique de développement social et économique axée sur une complémentarité des différents secteurs avec l’affirmation du bien public et une répartition équitable des richesses pour le plus grand nombre. Sans exclusive aucune. «
C’est également à Pifano et à travers toujours la démarche communale de U Riacquistu di Portivechju, que personnellement je m’étais investi sur un dossier du droit au logement pour une famille porto vecchaise. Dossier où la précarité familiale se mêle à l indifférence des autorités concernées… Un cas parmi tant d’autres…
Plus généralement, et depuis de nombreuses années, les nationalistes que nous sommes ont toujours porté leur attention – souvent sur le terrain – rappelant non pas à ses habitants que ce « territoire fait partie de la Republique », mais leurs droits dans un esprit d’émancipation sociale et patriote.
Le quartier de Pifano est une démonstration de ce que l’on ne doit plus faire dans le cadre d’un quartier et d’une ville. Il echappe à l’équilibre sociétal qui a toujours été le nôtre. Il s’illustre par un regroupement humain volontairement orienté propice aux repliements communautaristes. Il s’inscrit dans une logique d’abandon et de précarité. Il met en relief la réalité de choix économiques qui engendrent ces distorsions humaines et sociales.
Penser le quartier autrement, c’est penser la ville, les territoires et le pays autrement. A partir de ce que nous sommes. De notre histoire, de notre culture et de notre langue. De notre choix d’avenir aussi. Car la solution n’est surtout pas dans le modèle français – éprouvé et anachronique – dont les habitants de Pifano ont en eu un dernier aperçu avec ce déploiement militaire sans véritable portée, mais dans la vision de ce que nous voulons de la Corse dès aujourd’hui pour demain, en faisant nôtre cette phrase d’un poète et écrivain albanais, Fatos Arapi : » Où que j’aille, je suis un morceau du paysage de mon pays » ( » Adieu »).