Corsica Marìttima, le rival évincé, et MCM, la société repreneur de la SNCM sous l’égide de Patrick Rocca, ne font désormais plus qu’un !
Le rival déclaré a commencé par déterrer la hache de guerre économique contre le lauréat choisi par le tribunal de commerce de Marseille. L’ouverture d’une ligne de fret entre Bastia et Marseille, la Corsia Linea, a ainsi déstabilisé le business plan de l’entreprise redéfinie par Rocca et ceux qui, autour de lui, avaient concocté le plan de reprise de la SNCM validé par le tribunal de commerce.
Puis ils ont négocié leur entrée en force au capital du repreneur, Patrick Rocca leur cédant 49% des parts de sa société dans un premier temps, puis le contrôle à terme d’un groupe qui regroupera aussi le troisième larron parmi les candidats repreneurs, Daniel Berrebi de la société Baja Ferries basée à Miami et qui souhaite se spécialiser dans le trafic avec l’Afrique du Nord.
Le calendrier de cette fusion entre le consortium conduit par François Padrona et Patrick Rocca, qui, jusque là, avaient toujours médiatisé leurs divergences, a été extrêmement rapide. Elle a été rendue publique par un communiqué commun daté du 27 janvier dans lequel, pour Patrick Rocca, « cette alliance fera mentir tous ceux qui pensaient que les divergences l’emporteraient. C’est une excellente nouvelle pour la Corse : ses entrepreneurs vont réaliser les dessertes maritimes dont la Corse a besoin », et, selon François Padrona, « cet accord sera historique ; la Corse reprendra en main son destin maritime, avec une stratégie d’entreprise qui sera innovante, et un impact positif et pérenne pour les salariés et le port de Marseille ».
Rendez-vous le 2 février devant le tribunal de commerce de Marseille qui devra valider ces changements, puis le 5 février pour un Comité d’Entreprise devant faire le point de l’évolution des discussions.
Difficile de voir quelles sont les motivations qui ont poussé à ce rapprochement, au delà des déclarations en forme de langue de bois du communiqué officiel. Ce qui est certain c’est que la mise en place d’une ligne concurrente non subventionnée a rebattu les cartes du jeu distribué devant le tribunal de commerce en novembre dernier. Des soutiens bancaires ou financiers du projet se sont-ils retirés ? Ou face à des perspectives économiques très assombries pour son entreprise, Patrick Rocca a-t-il préféré rentrer dans le rang ?
Sur les conséquences aussi, beaucoup d’incertitudes se font jour, notamment pour les salariés. Et aussi pour l’initiative de la Collectivité Territoriale de Corse de création d’une compagnie régionale qui devrait reprendre l’ensemble Rocca/Padrona dans son giron, mais aussi la CMN qui réalise, pour l’heure, la moitié des rotations entre la Corse et Marseille.