Discours du Président de l’Assemblée de Corse – Session du 28 janvier 2016
Chers conseillers,
Bonjour à tous,
Chaque jour, on entend dire que l’Europe n’avance plus, qu’elle est en danger. Mais ceux qui le disent, sont précisément les premiers responsables de cette situation. Ce sont les représentants des Etats qui ont trahi l’Europe pour l’argent. Ils ont voulu faire l’Europe des banques et de la finance, au profit de quelques intérêts particuliers, et ont ruiné l’Europe des peuples, des vraies nations, l’Europe solidaire, l’Europe sociale mais aussi l’Europe de la Culture et des esprits que nous appelons de nos voeux.
Les Etats centralisateurs sont devenus les premiers obstacles à l’avènement de cette Europe des peuples, protectrice de nos réalités culturelles, sociales et humaines. Avec eux il n’y aura jamais d’Europe sûre, soudée, forte, en capacité de nous défendre et de faciliter notre développement économique. Heureusement, un vrai projet européen existe ; il est déjà dans toutes les têtes et soutenu par tous ceux qui ouvrent les yeux aujourd’hui. Ce qui se passe actuellement en Catalogne ou en Ecosse mais aussi chez nous participe à ce mouvement général pour construire l’Europe de demain.
Assemblée de #Corse – Discours du Président de… par antofpcl
Pour le moment, l’échelon étatique demeure encore un passage obligé pour notre île. Le 18 janvier dernier, nous avons rencontré le Premier ministre de la France. Deux heures de rencontre qui nous ont permis :
– De travailler sur les questions du développement économique et social
– De constater nos différences mais également de mettre en oeuvre des groupes de travail pour résoudre de grands enjeux :
o Langue Corse et coofficialité
o Foncier et lutte contre la spéculation immobilière
o Institutions : intercommunalité, collectivité unique et fiscalité
Au-delà de ce qui peut être considéré comme un début de dialogue, plusieurs blocages demeurent sur des questions essentielles pour nous :
– Inscription de la Corse dans la Constitution
– Statut de résident
– Transfert des impôts d’Etat à la CTC en échange des dotations
– Coofficialité de la langue Corse
– Mise en oeuvre du PADDUC
– Amnistie
Disons-le clairement aux Corses comme au Gouvernement, nous ne cesserons jamais de porter le message pour lequel nous avons été élus, jusqu’à la concrétisation de la volonté populaire. Parce que cela s’appelle simplement « la démocratie ». Nous ferons ce que nous avons dit. Tout le reste, c’est le contraire de la démocratie et c’est inacceptable, dans l’Europe d’aujourd’hui, comme dans celle de demain. Nous recommencerons à porter haut, ensemble, la parole de notre peuple. Nous avons été élus pour cela, nous n’y manquerons pas.
Chers conseillers, je vous invite à vous engager dans ces travaux importants pour notre île. Comment admettre, par exemple, cette volonté administrative, un peu folle, d’imposer aux populations et aux territoires une intercommunalité qui n’a aucun sens d’un point de vue géographique, historique et humain ? Les acteurs de terrain ne connaissent-ils pas mieux que les préfets la réalité de nos lieux de vie et des gens qui les habitent ? Comment admettre le sort fait aux prisonniers politiques Corses, sort lié pour toujours à celui de leur peuple et de leur nation ? Nous en avons parlé avec le Premier ministre de la France et nous attendons qu’il prenne enfin des décisions empreintes de bon sens.
Nous pouvons commencer, tous ensemble, à changer le destin de notre pays, en prenant des mesures et en donnant des orientations fortes dans des secteurs stratégiques pour le développement économique, social et culturel de la Corse, sachant que les uns et les autres sont indissociables.
Quelques mots sur le travail qui nous attend lors des prochaines semaines. En ouverture de la dernière session, j’avais évoqué le dispositif d’évaluation des politiques publiques, garantie de transparence et de moralité de la vie publique. Depuis, nous avons travaillé avec les services et d’ici quelques jours, nous vous présenterons un projet finalisé.
Dans quelques jours également, en lien avec les groupes de l’Assemblée et le Conseil Exécutif, j’ouvrirai de larges consultations d’élus et de représentants de la société civile sur les sujets de première importance :
– Le premier thème sera celui de la gestion de la diversité culturelle. Il s’agit ici en particulier d’aborder les notions de peuple corse, d’intégration, de langue, de dialogue interreligieux, de laïcité. Nous l’avons constaté en décembre dernier, il nous revient de nous approprier ces enjeux. La société nous le demande. Notre sens des responsabilités aussi.
– Ensuite, nous mettrons l’éducation au coeur de notre projet de développement de l’île. Nous parlerons de la formation, de l’innovation, de la démocratisation du savoir pour la construction d’une société de la connaissance.
– Le troisième thème englobera le modèle de développement économique et social. En octobre dernier, en adoptant le PADDUC, notre Assemblée a opté en faveur d’un projet fondé sur la justice sociale et la valorisation de notre patrimoine naturel et culturel. Il nous appartient désormais de le décliner dans les différents secteurs : agriculture, tourisme, commerce, activité industrielle, services…
Dans ces trois thématiques, vous retrouvez nos engagements de toujours. Ces grandes consultations appelées « Conférences permanentes » dureront plusieurs mois. A l’issue de ce travail sur chacun de ces sujets, nous vous présenterons un rapport stratégique.
Voici les premières lignes de ma « feuille de route ».
Notre méthode de travail, vous la connaissez désormais. Nous avons eu à traiter dans l’urgence, mais aussi de façon approfondie et concertée de nombreux dossiers importants, comme par exemple celui des transports.
Quand nous avons la compétence juridique, nous assumons entièrement nos responsabilités. Quand nous ne l’avons pas, comme dans l’affaire du quartier de l’Empereur, nous ne nous retranchons pas dans le silence. Parce qu’elle peut changer le cours des choses, notre parole doit être entendue par les Corses. Comme le disait Hannah Arendt, « les mots justes, prononcés au bon moment, valent action ».
Merci
Jean Guy Talamoni
Président de l’Assemblée de Corse
28 janvier 2016
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Discorsu di u Presidente di l’Assemblea di Corsica – Sessione di l’Assemblea di Corsica di u 28 di ghjennaghju di u 2016
Care cunsigliere, cari cunsiglieri,
Salute à tutte, è à tutti.
Un altra idea di l’Auropa
Ogni ghjornu, si sente dì chì l’Auropa ùn avanza più, ch’ella hè in periculu. Ma quelli chì a dicenu, sò precisamente i primi respunsevuli di sta situazione. Sò i rapresententi di i Stati chì anu traditu l’Auropa per u soldu. Anu vulsutu fà l’Auropa di e banche è di a finanza, à prò di qualchì interessu particulare, è anu arruvinatu l’Auropa di i populi, di e vere nazione, l’Auropa sulidaria, l’Auropa suciale, ma dinù l’Auropa di a cultura è di i spiriti, l’Auropa chè no bramemu. I Stati centralizadori sò diventati i primi ostaculi à l’avvenimentu di st’Auropa di i populi, prutetrice di e nostre realità culturale, suciale è umane. Cun elli ùn ci sarà mai un’Auropa sicura, soda, forte, in capacità di difende ci da unepoche di minacce, è di facilità u nostru sviluppu ecunomicu. Ma, ancu di grazia, un veru prugettu auropeanu esiste; ghjè digià ind’è tutti i capi è sustenutu da tutti quelli chì oghje aprenu l’ochji. Ciò chì si passa attualmente in Catalogna o in Scozzia, ma ancu puru ind’è noi, participeghja à stu muvimentu generale pè custruì l’Auropa di dumane.
U nostru scontru cù u Primu ministru
Per avà, u livellu statale ferma in core à l’inghjochi pulitichi di a nostra isula. U 18 di ghjennaghju scorsu, avemu scontru u Primu ministru di a Francia. Duie ore di cuntrastu ci anu permessu :
– di travaglià nant’à e quistione di u sviluppu ecunomicu è suciale,
– di custattà e nostre sfarenze ma dinù di mette in ballu gruppi di travagliu per a risuluzione di i nostri prublemi fundivi :
o Lingua corsa è cuufficialità
o Fundiariu è lotta contru à a speculazione immubiliare
o Istituzione, intercumunalità, cullettività unica è fiscalità
Al dilà di ciò chì pò esse cunsideratu cum’è un principiu di dialogu, unipochi di blucchimi fermanu nant’à e quistione essenziale per noi :
– Scrizzione di a Corsica in a Custituzione
– Statutu di residente
– Trasferimentu di l’impositi di Statu à a CTC in scambiu di e dutazione
– Cuufficialità di a lingua corsa
– PADDUC
– Amnistia
Ch’ella sia detta franca è chjara, à i Corsi cum’è à u guvernu, ùn pianteremu mai di purtà u missagiu per u quale simu stati eletti, sin’à a cuncretisazione di a vuluntà pupulare. Perchè què, si chjama, simpliciamente, « demucrazia ». Feremu ciò ch’avemu dettu. L’altru restu, ghjè u cuntrariu di a demucrazia, è ghjè inaccettevule ind’è l’Auropa d’oghje cum’è di dumane. Turneremu à purtà altu, inseme, a parolla di u nostru populu. Simu stati eletti per quessa, ùn scaglieremu micca. Cunsigliere è cunsiglieri, v’invitu à impegnà vi à sti travagli impurtanti per a nostra isula. Cumu adimette, per indettu, sta vuluntà amministrativa à pena scema d’impone à e populazione di i rughjoni, intercumunalità chì ùn anu nisun’ sensu di u puntu di vista geugraficu, storicu è umanu ? L’attori di terrenu, ùn sò elli à cunosce megliu chè i prefetti a realità di i nostri lochi è di e nostre ghjente ? Cumu adimette a sorte fatta à i prigiuneri pulitichi corsi, sorte liata per u sempre à quella di u so populu è di a so nazione ? Ne avemu parlatu incù u Primu ministru di a Francia è aspettemu ch’elle sianu infine pigliate decisione assinate.
D’altronde, pudemu cumincià, tutt’inseme, à scambià a sorte di u nostru paese, pigliendu misure è dendu urientazione forte ind’è settori strategichi per u sviluppu ecunomicu, suciale è culturale di a Corsica, sapendu chì l’unu ùn pò esse staccatu da l’altri.
Trè cunferenze permanente di pruspettiva nant’à l’avvene di a Corsica
Qualchì parolla nantu à u travagliu di e settimane à vene. Vi aghju parlatu, quindeci ghjorni fà, di u dispusitivu di valutazione di e pulitiche publiche, guaranzia di trasparenza è di muralità di a vita publica. Dipoi, avemu travagliatu incù i servizii è da quì à qualchì ghjornu vi presenteremu un prugettu finalizatu.
D’altronde, in i ghjorni à vene, inizieraghju, in leia incù i gruppi di l’Assemblea è u Cunsigliu esecutivu, larghe cunsultazione di l’eletti è di a cusì detta « sucetà civile », sopra à sugetti maiò :
– U primu tema serà a gestione di a diversità culturale. Si tratta quì in particulare di e nuzione di populu corsu, d’integrazione, di lingua, di dialogu interreligiosu, di laicità. L’avemu vista di dicembre, ci tocca à impatrunisce ci di ste quistione. A ci dumanda a sucetà è u nostru sensu di e respunsabilità.
– Per u secondu tema metteremu l’educazione in core à u nostru prugettu di sviluppu di l’isula. Parleremu di a furmazione, d’innuvazione, di a demucratisazione di u sapè per a custruzzione d’una sucetà di a cunniscenza.
– U terzu tema sera largu assai : u mudellu di sviluppu ecunomicu è suciale. Qualchì mese fà, vutendu u novu PADDUC, a nostra Assemblea hà sceltu un prugettu fundatu nantu à a ghjustizia suciale è a valurisazione di u nostru patrimoniu naturale è culturale. Ci tocca avà à precisà lu, in li diversi settori : agricultura, turisimu, cummerciu, attività industriale, servizii…
In ste trè tematiche, ricunnoscerete i nostri impegni di sempre. Ste grande cunsultazione, chjamate « Cunferenze permanente », dureranu parechji mesi. Dopu à stu travagliu, nantu à ogni sugettu, vi serà presentatu un rapportu di natura strategica. Eccu i primi filari di u mio « fogliu di strada ».
A manera di travaglià di i novi rispunsevuli di a CTC, avà a cunniscite à pena, chì avemu avutu à trattà in urgenza, ma dinù in u fondu, parechji cartulari pisii, per indettu quellu di i trasporti.
Quandu avemu a cumpetenza ghjuridica, circhemu à piglià tutte e nostre respunsabilità. È quandu ùn l’avemu micca sta cumpetenza, cum’è per l’affare di u quartieru di l’Empereur, ùn stemu micca zitti, perchè a nostra parolla po esse intesa da i Corsi è ancu cambià e cose. Cum’è a dice Hannah Arendt, « E parolle ghjuste, à u mumentu bonu, sò azzione ».
À ringrazià vi.