Depuis les dernières élections territoriales, chacun se revendique nationaliste, autonomiste, indépendantiste, paoliste, au point de tout confondre !
Je suis nationaliste !
Le libéralisme est une idéologie politique qui permet de voir la société comme un ensemble d’individus. Pour cela, les libéraux fondent tous leurs espoirs dans la ”méritocratie” (on a ce que l’on mérite par son travail individuel) et dans les droits individuels. Le libéralisme, issu des Lumières, a été révolutionnaire en son temps car il a permis de sortir de l’obscurantisme féodal dans lequel notre destin était défini par notre naissance.
Le socialisme, lui, a vocation à construire l’Humanité (journal fondé, par ailleurs, par le socialiste Jean Jaurès) dans le but de créer une société égalitaire entre tous les hommes. C’est aussi une idéologie révolutionnaire au sens où elle considère que la méritocratie a ses limites, car nous n’avons pas tous les mêmes chances à la naissance et la ”justice sociale” est là pour donner une véritable égalité des chances, à tout le monde.
Enfin, le nationalisme considère qu’entre l’individu et l’Humanité, il existe une entité dans laquelle les hommes et les femmes se reconnaissent : la Nation. Cette communauté relie les hommes et les femmes partageant la même culture, la même langue, la même terre. Un nationaliste a pour but l’auto-détermination de son peuple pour in fine atteindre le bonheur de l’ensemble de ses co-nationaux.
Prise indépendamment, chaque idéologie est potentiellement dangereuse. Le libéralisme a engendré, entre autres, les cataclysmes (et ses conséquences) de 1929 et 2008 ; le socialisme a accouché des goulags ou de la Corée du Nord ; le nationalisme a, lui aussi, sa part d’ombre. Mais les libéraux ou les socialistes n’abandonnent pas leur nom parce que des atrocités ont été commises au nom de l’idéal qu’ils défendent. En cela, je n’abandonnerai pas la belle idée ”nationaliste” sous prétexte que des idiots en pervertissent le sens.
Je suis nationaliste et je le revendique ! Je suis un nationaliste corse parce que je pense, je crois, je sais qu’il existe un peuple corse, une nation corse et qu’elle est à construire. Cela ne veut pas dire que je nie le fait que nous soyons des individus, ni que nous formons, avec les autres peuples de la planète, une seule Humanité et encore moins que la Terre-mère ne doit pas être protégée, comme notre plus bel et précieux bien, mais je pense simplement qu’aujourd’hui le combat le plus urgent est celui de la défense de notre peuple, de la construction de notre nation.
Je suis autonomiste !
Un fois le but défini, il faut déterminer les outils qui seront utiles pour l’atteindre. En cela, l’autonomie (c’est-à-dire le transfert massif de compétences administratives, réglementaires, législatives, budgétaires et fiscales) me semble être l’outil le plus adéquat pour parvenir à l’auto-détermination du peuple corse. Il nous permettrait de mener à bien les politiques publiques dont nous avons besoin pour atteindre l’objectif politique. En à peine 30 jours, notre Guvernu Corsu a démontré, qu’à partir du moment où on défend l’intérêt du peuple corse, la faiblesse des outils que nous avons entre les mains permet, malgré tout, un véritable changement politique, comme pour le maritime, par exemple.
Mais est-ce que l’autonomie est le seul outil possible ? Non, l’indépendance est aussi un outil pertinent et l’impossibilité de négocier le premier ou l’incapacité du premier à atteindre le but politique pourrait justifier de changer d’outil afin d’atteindre l’objectif politique.
Mais n’oublions pas que l’outil (le moyen) est au service du but et non l’inverse. En cela, je ne me qualifierai jamais d’autonomiste ou d’indépendantiste mais de nationaliste car le but est la construction de la nation corse, le bonheur de notre peuple dans le cadre d’une amitié fraternelle entre les nations.
Je suis paoliste !
Un fois le but et le moyen définis, il nous faut déterminer la manière ! En cela, la méthode paoliste est la fois bonne et probablement la seule que nous ayons, car jusqu’à aujourd’hui, rares ont été les exemples de gouvernements corses qui ont gouverné notre terre dans l’intérêt de son peuple, ou du moins, sans défendre, d’abord et avant tout, les intérêts français sur notre île.
Oui, je suis paoliste parce que c’est la méthode à suivre pour (re)construire notre nation mais, encore une fois, il pourrait exister d’autres méthodes pour atteindre le but recherché.
Pour peu qu’on reste dans le cadre du débat public et démocratique, on peut diverger sur la méthode, on peut même diverger sur l’outil mais ce qui fait que nous pouvons travailler ensemble, c’est le fait de partager le même but, car ce qui nous sépare (autonomie ou indépendance, par exemple) est infiniment plus petit que ce qui nous relie (auto-détermination).
Alors, n’ayons pas peur de dire ce que nous sommes. Nous sommes des nationalistes (corses) !
Roccu Garoby / Président de l’Alliance Libre Européenne Jeune