(Libération) Les traditionnelles requêtes nationalistes crispent l’Etat, d’autant que la précédente mandature de gauche en Corse y a adhéré.
A peine élu, le nouveau patron de l’exécutif, l’autonomiste Gilles Simeoni, a eu le nez dans le guidon, contraint de se coltiner deux dossiers hyper chauds : les déchets, dont le système d’enfouissement est saturé, et le transport maritime, objet de divers blocages. Après une dizaine de jours très tendus, l’accalmie – provisoire – est revenue, permettant au nouveau pouvoir, qui dispose d’une majorité relative de 24 élus sur 51, de penser au-delà de l’urgence. Et de revenir au principal souci de l’île : comment y assurer un développement économique ? Le sujet sera sans doute évoqué lundi à Matignon avec le Premier ministre. Peut-être y trouveront-ils matière à s’entendre autour d’un objectif commun. Pour le reste, même si, dans un communiqué du 18 décembre, Matignon avait «réaffirmé son attachement à la place de la Corse dans la nation et dans la République française et sa reconnaissance de la spécificité de l’île», on peut craindre que le contentieux reste figé. Il tient aux revendications traditionnelles des «natios» qui ont pris d’autant plus de force qu’elles ont été adoptées lors de la précédente mandature de gauche.
Amnistie
En mai 2015, 48 élus de l’Assemblée (sur 51) ont voté pour une amnistie des prisonniers dits «politiques» – sans préciser qui elle concernerait, ni si les crimes dits de sang y figureraient. Alors président de l’exécutif, le radical de gauche Paul Giacobbi avait «solennellement» demandé au gouvernement «l’ouverture d’un dialogue démocratique et sans tabou».Sans succès. Mais la question – comme celle du rapprochement des prisonniers détenus sur le continent – va revenir sur le tapis. L’indépendantiste Jean-Guy Talamoni prône une amnistie générale des«prisonniers politiques», y compris Yvan Colonna, reconnu coupable de l’assassinat du préfet Erignac en 1998 : «Cette amnistie existe dans tous les pays du monde quand un problème politique avec une lutte armée est fini», argumente-t-il. Manuel Valls l’a déjà exclue, tout comme des élus de l’île : le député-maire d’Ajaccio Laurent Marcangeli (LR) s’y oppose par principe et parce que de précédentes amnisties dans les années 80-90 «n’avaient pas apporté de réponses» aux problèmes politiques.