#Corse – @Petru_Poggioli « Populu e Nazione corsa »

Depuis les discours tenus à la Collectivité territoriale de Corse par les représentants nationalistes corses élus aux reponsabilités, nombre de médias et hommes politiques français villipendent la Corses “au nom de la Nation française une et indivisible”… Mais au-delà du fait qu’en Droit constitutionnel, un Etat peut être constitué de plusieurs peuples et nations (Grande-Bretagne-Constitution espagnole par exemple) ils oublient que « l’Etat-nation impérial » français (République unie et indivisible : Un peuple, une nation, une langue) s’est construit sur l’annexion (souvent par les armes) d’autres peuples et nations historiques, auxquels il dénie le droit à l’existence… Ce discours rejoint souvent celui du Front national, lequel met en avant « la nation française », préconisant sa prédominance sur les composantes historiques de l’ensemble français… mais en Corse, les nationalistes corses se revendiquent d’une nation historique, reconnue bien avant 1755 (Proclamation de l’independance par Pasquale Paoli )

Réflexion : ÉTAT-NATION, NATION ET NATIONALISME

La nation s’est imposée à partir d’institutions étatiques préexistantes ou a contrario, a favorisé la construction d’États-nations regroupant des populations jusqu’alors séparées sur divers territoires. Le principe de souveraineté nationale a donné naissance à l’idée moderne de nation, et à sa conséquence nationaliste. Son ambition est de donner un sens politique à la nation moderne. Son histoire s’est dessinée lors de l’apparition des États-nations (Espagne, Angleterre, France) avant d’engendrer par un discours intégrateur (école et caserne) son dérivé naturel, le nationalisme. L’action centralisatrice et unificatrice du pouvoir royal a fortement contribué à l’émergence de la nation. Le Roi a renforcé son pouvoir vis-à-vis des seigneurs et de l’Église, réaffirmant ses prérogatives (militaires, judiciaires et fiscales) se dotant d’une bureaucratie. Une intégration culturelle, linguistique et religieuse s’amorce en même temps. La langue permet de véhiculer une culture, tant orale qu’écrite, le langage étant l’un des modes de communication les plus importants (pas le seul).

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La souveraineté

C’est le droit exclusif d’exercer l’autorité politique sur une zone géographique donnée, le Pays, mais le gouvernement est l’institution dirigeant l’État (entité politique). Cette notion complexe peut s’analyser tant sous l’angle sociologique que juridique. Au-delà de cette notion, il faut s’interroger sur son rôle fondateur non négligeable. Avant le processus de démocratisation, elle s’incarne peu à peu dans l’Etat, sous la forme d’un appareil centralisé.

Au-delà des données objectives permettant de la définir (territoire, ethnie, langue, religion, culture, État) la nation apparaît d’abord comme une construction politique dont la fonction est de garantir la cohésion sociale et de faire respecter l’autorité de l’État. Pour ces raisons, son idée est elle-même liée à l’histoire de chaque pays. Selon Miroslav Hroch, à un stade déterminé de son évolution, la « société féodale-absolutiste » entre dans une « période de production marchande »[1]. L’essor du grand commerce oblige à coordonner les relations fournisseurs locaux-marchés étrangers. Le cadre national apparaît vite comme le plus apte à faciliter cette coordination. Par une intensification et une structuration des échanges paysans-marchés urbains, les campagnes et les villes se trouvent de facto en relation d’interdépendance, provoquant une homogénéisation économique du territoire national. Ces processus (coordination et homogénéisation) se complètent en se renforçant réciproquement, pour dessiner peu à peu les contours des nations modernes. Les transformations économiques ont concrétisé le trait marquant déjà leurs frontières nationales. Cependant il concède que les seules évolutions économiques n’expliquent pas la stabilisation finale des frontières nationales : Ces deux logiques (coordination et homogénéisation) ne connaissant à priori aucun frein et, portées à leur terme, auraient du conduire à l’intégration économique et sociale mondiale. Mais avec un blocage au niveau des espaces nationaux, cela ne s’est pas produit. Les obstacles externes, identifiés à postériori, sont formés par les différences linguistiques, culturelles et religieuses entre peuples voisins avant l’essor de la production marchande. Des nations « en pointillés » étaient en quelque sorte constituées. Les nations ne sont donc pas que le fruit d’une logique économique, mais le résultat d’une combinaison structures pré-agraires et frontières « proto-nationales ». Connaissant une existence matérielle, elles peuvent être caractérisées comme des nations objectives. Articulées sur des infrastructures économiques et des traits culturels irréductibles, elles existent en dehors de toute volonté humaine. Mais à cette existence objective ne correspond pas toujours une conscience subjective. Les classes sociales, composantes d’une structure économique nationale, appartiennent objectivement à la nation, mais leurs membres ne s’identifient pas forcément à l’espace national, d’où la création des mouvements « nationalistes ».

Dans le modèle de l’État-nation, la nation se confond avec l’État. Peuple et nation sont liés, l’histoire du 1er mot suit étroitement celle du 2ème, la nation au final sublimant la relation entre l’État et ses sujets, débouchant sur la notion-clé d’État-nation. Mais il ne faut pas confondre sentiment d’allégeance envers l’État-Nation et nationalisme, les deux notions ne coïncidant pas forcément. Le nationalisme ne signifie pas pour autant « loyauté envers l’État »[2], dont les efforts d’homogénéisation de sa population provoquent des nationalismes « réactifs » ou dérivés, Jusqu’au XIXème siècle, la réussite plus ou moins complète des tentatives de centralisation militaro-administrative dépend de trois facteurs :

– Développement d’institutions légales et d’appareils bureaucratiques soutenu par l’Église.

– Essor du commerce et émergence de nouvelles industries qui ont permis l’expansion des machineries militaro-administratives sans destruction de ressources.

– Imposition d’une langue nationale et Standardisation en découlant.

Le développement des systèmes politiques européens est à rapprocher du renforcement de l’État-nation se consolidant et résolvant ses problèmes particuliers d’organisation, avant la naissance des sociétés de masse. Ses premiers conflits se sont circonscrits aux élites locales et nationales, les masses paysannes et urbaines n’étant intégrées dans le processus politique que graduellement, après la mise en place les machineries de contrôle territorial, la monétarisation complète de l’économie, l’alphabétisation massive, et avant que les couches populaires soient en mesure de revendiquer une quelconque participation. Ces élites ont eu ainsi le temps de se renforcer politiquement avant d’affronter les nouveaux défis nés de l’élargissement de l’identité nationale à l’ensemble de la population, du développement d’une solidarité économique au plan national et de l’établissement d’un consensus viable sur la redistribution des ressources et des bénéfices. La dynamique politique des sociétés occidentales résulte de l’intervention des masses dans le processus. Des facteurs nouveaux, pas toujours d’essence politique, provoquent le changement d’équilibres politiques, ne pouvant se référer indéfiniment à leurs éléments fondateurs, mais étant aussi d’origine économique, culturelle, technique ou guerrière. L’Etat-nation du Centre veut contrôler les appareils idéologiques (et la société) pour façonner une identité politique commune à tous ses sujets sur lesquels il exerce sa souveraineté. Le territoire qu’il régit peut englober des populations variées, des formations sociales distinctes, au plan culturel mais aussi territorial. Voulant transformer la société civile en la faisant passer du Statut de Gesellschaft à celui deGermeinschaft[3], il a souvent utilisé des moyens extrêmes (annexion militaire) pour fusionner société politique et société civile.

Cette période fondatrice des grands États-nations est aussi caractérisée par la pression des nations moins importantes se considérant comme des nations, sans pour autant disposer d’un Etat (Allemagne- Italie[4]) aboutissant à leur unification politique parachevée en 1870 et 1871. Cette période cristallise le débat persistant entre les deux conceptions du sens national et du nationalisme qui diviseront l’Europe (fin du XVIIIème et XIXème siècle). Selon Alain Finkielkraut[5], la « nation-contrat », française et anglaise (ou américaine) fondée sur l’adhésion à des principes et valeurs politiques partagés, et la « nation-génie » (nation culturelle : Kulturnation) considérée comme invention allemande, distinction[6] reléguant au rang d’accessoires d’autres distinctions à la signification en fait guère trop différente.

Les États-Nations du Centre

Les nations au sens politique du terme, selon les historiens, n’ont commencé à apparaître qu’au XVIIIème, lorsque les progrès de la culture écrite ont permis l’émergence d’une « République des lettres » en Europe. Comme le souligne Anne-Marie Thiesse, « rien de plus international que la formation des identités nationales »[7]. Les luttes et la concurrence entre individus, parlant chacun au nom de sa nation, ont joué un rôle décisif dans le développement de ce processus identitaire. La nation ne se confond pas avec l’État, sauf dans le modèle de l’État-nation. Elle va finalement sublimer la relation entre l’État et ses sujets, débouchant sur la notion-clé d’État-nation.

Les deux notions peuvent s’appréhender dans les perspectives distinctes de l’analyse des sociétés, de la politique et de la réflexion philosophique. Soit l’État préexiste à la nation, et l’on cherche ensuite à développer un sentiment national (cas de pays initialement États qui ont conquis des territoires). Soit les individus se reconnaissant d’une même nation, notamment dans le cas d’une « nation ethnique », manifestent leur volonté de vivre ensemble, en se dotant d’un État. On parlera donc d’une nation-État, dans laquelle un groupe d’hommes donnent naissance à un Etat, ayant pris conscience de son unité nationale (ex en Allemagne). Dès le milieu du XVIIIème siècle, le tissu sociologique de la nation moderne s’esquissait déjà en France et en Angleterre. Mais selon Smith Anthony D.[8] , il fallait couronner le tout « pour le transformer en Etat-nation correspondant totalement à un territoire, des mythes et des souvenirs historiques communs, une culture de masse, une économie moderne et des droits et devoirs communs pour tous ses membres ».

Il convenait de donner à cette nation potentielle sa dimension politique vouée à devenir primordiale à brève échéance, et de la renforcer par la raison légitimante de la philosophie. La nation moderne de l’Etat-nation se caractérise par la primauté de l’allégeance de tous les gouvernés d’un pays à un gouvernement centralisé dont la souveraineté s’applique de manière exclusive à un territoire stable et réputé naturel vis-à-vis de l’extérieur et au plan intérieur. L’Etat-nation est la juxtaposition d’un État(organisation politique) à une nation, c’est-à-dire des individus se considérant liés et appartenant à un même groupe, c’est donc la « fusion » entre une notion d’ordre identitaire, l’appartenance à un groupe, la nation, et une notion d’ordre juridique, l’existence d’une forme de souveraineté et d’institutions politiques et administratives l’exerçant. Sans cette « coïncidence », on parlera plutôt d’un État multinational. Il ne faut pas toutefois confondre État et nation : Une nation peut ne pas être dotée d’un État : les «nations» basque, corse, selon les mouvements de contestation dans ces territoires. Ces «nations» ont bien un territoire, une population, mais pas d’organisation politique apte à assurer leur souveraineté, leur autorité territoriale. Un État peut englober plusieurs nations[9], tel le Royaume-Uni (Anglais, Gallois, Écossais, Irlandais du Nord : Nationalités différentes[10], avec des pouvoirs suite à des Dévolutions). La Constitution espagnole reconnaît les Nationalités (mais refus du Droit à l’Autodétermination aux Basques ou Catalans).

En guise de conclusion

La nation s’est imposée à partir d’institutions étatiques préexistantes ou a contrario, a favorisé la construction d’États-nations regroupant des populations jusqu’alors séparées sur divers territoires. Le principe de souveraineté nationale a donné naissance à l’idée moderne de nation, et à sa conséquence nationaliste. Son ambition est de donner un sens politique à la nation moderne. Son histoire s’est dessinée lors de l’apparition des États- nations (Espagne, Angleterre, France) avant d’engendrer par un discours intégrateur (école et caserne) son dérivé naturel, le nationalisme. L’action centralisatrice et unificatrice du pouvoir royal a contribué fortement à l’émergence de la nation. Le Roi a renforcé son pouvoir vis-à-vis des seigneurs et de l’Église, réaffirmant ses prérogatives au plan militaire, judiciaire et fiscal, se dotant d’une bureaucratie. En même temps, s’amorce une intégration culturelle, linguistique et religieuse. Le langage étant l’un des modes de communication les plus importants (pas le seul) la langue permet de véhiculer une culture, tant orale qu’écrite.

En France

Le sentiment national, présent parmi une élite restreinte, s’est diffusé lentement. Il faut attendre la fin du XVème siècle pour que l’idée de nation s’impose. Communauté mentale et opinion collective censée refléter le sentiment dominant du pays, elle se manifeste déjà avec Louis XV. Au XVIIème siècle, après les guerres de religion et l’Edit de Nantes, la France se dirige vers l’absolutisme. Avec Richelieu (1624-1642) le mot État s’impose pour longtemps dans le langage diplomatique et politique du royaume. La Révolution en quelque sorte met le Peuple à la place du Roi. La loi vient du souverain, elle n’a pas d’autorité propre. La défense de la langue est prise très tôt en charge par le souverain, avec François 1er pour le statut de langue officielle (Edit de Villers-Cotterêts,1539) et Richelieu pour l’Académie française (1635). De là naît, en France et dans la plus grande partie de l’Europe, une tradition liant culture et institutions publiques. De grands écrivains donnèrent au Français classique ses lettres de noblesse (XVIIème). La culture française, parlée dans plusieurs cours princières, s’est développée dans «l’Europe des Lumières». Cette prééminence du Français était due au rayonnement culturel de la France (XVIIIème) et à «l’admiration» des souverains étrangers (Prusse, Russie…) pour les souverains français. Le Français, langue de l’administration et du droit civil (écrits) a le statut de langue officielle[11]. La France est l’un des seuls pays où la langue parlée (et officielle) est soutenue par un système d’académies en contrôlant le bon usage.

La souveraineté, « française » dont le rôle fondateur n’est pas négligeable, est le droit exclusif d’exercer l’autorité politique sur une zone géographique donnée, le territoire français. Elle s’incarne alors dans l’Etat, qui peu à peu prend la forme d’un appareil centralisé.

Une étape supplémentaire s’accomplit en ce sens (1789) «faisant du peuple, le dépositaire de tout le pouvoir politique», la doctrine révolutionnaire établit une quasi-équation peuple/Etat. «L’Etat (des rois) c’est moi» devint «l’Etat, c’est le peuple». La déclaration française des droits de l’homme et du citoyen précise : «La source de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation». La Souveraineté du peuple ainsi incarnée dans l’Etat, dans le même temps son administration va s’employer à homogénéiser la population comprise entre ses frontières et à renforcer le «sentiment national» du peuple.

a)Sous l’Ancien Régime

– Historique

La France se dirige vers l’absolutisme (XVIIème siècle). L’idée de nation, communauté mentale et opinion collective censée refléter le sentiment dominant du pays, se manifeste déjà avec Louis XV. Le mot État s’impose sous Richelieu (1624-1642) et dans le langage diplomatique et politique en France (même si déjà utilisé par Jean Bodin[12]).

Avant la lettre, le « Code Louis » (1667) est une importante étape dans sa construction. L’appareil administratif domine la société et l’économie. Le champ du politique est réduit au seul roi. La « volonté générale » (Jean-Jacques Rousseau ou Robespierre) est toujours cette « Volonté divine qui n’a besoin que de vouloir pour produire une loi ». Cardin Le Bret[13] théorise les principes de l’action étatique (Souveraineté, clé de voûte) fondant le pouvoir absolu du Roi qui dominera l’Ancien Régime. Pour lui, Jean Bodin[14]ou Thomas Hobbes[15], la loi vient du souverain. Sans autorité propre, ce n’est qu’un commandement du pouvoir. Cette vision s’imposera en France, la Révolution mettra lePeuple à la place du Roi.

Selon Hannah Arendt[16]: « Au plan théorique, la déification du peuple durant la Révolution Française fut la conséquence inéluctable de faire découler de la même source la loi et le pouvoir. La prétention de la royauté absolue à reposer sur un « droit divin » avait façonné la souveraineté séculière à l’image d’un dieu à la fois tout-puissant et législateur de l’univers, c’est-à-dire à l’image du dieu dont la Volonté est loi ».

– L’organisation administrative

En 1696, le mot État entre dans la 1ère édition du dictionnaire de l’Académie française, avec les deux significations actuelles : « Gouvernement d’un peuple vivant sous la domination d’un prince ou en République » et « se prend aussi pour le pays même qui est sous une telle domination ». Avant le XVIIIème siècle, pour les historiens français, le terme « nation » est surtout utilisé dans un sens proche de l’étymologie latine « groupe humain de la même origine », non compris obligatoirement dans le sens d’origine de naissance, et souvent sans connotation politique développée. La politique alors est plus du ressort des rois, princes et religions que des sujets.

b) Des évolutions

– La nation, c’est le roi !

Sous Louis XV, l’idée de nation, communauté mentale et opinion collective censée refléter le sentiment dominant du pays, se manifeste déjà nettement. Si « la nation, c’est le roi », l’Etat monarchique se modernise, rationalisant sa bureaucratie (réformes en 1750, Ecole des Ponts et Chaussés). La fiscalité augmente. Les impôts sont prélevés sur les pauvres, les riches, ayant perdu le gouvernement, en sont exemptés (En Angleterre les riches gouvernent et sont imposés). La Noblesse a perdu son pouvoir. Les hommes de lettres, principaux hommes politiques à partir du milieu du XVIIIe siècle, n’ont aucun contact avec la réalité des affaires publiques, monopole de l’administration. Cela les conduit à adopter des « théories générales et abstraites » en matière de gouvernement (Alexis de Tocqueville). Le tournant de l’Etat monarchiste atteint toute l’Europe. Les idées de consentement populaire ou de représentation ne sont pas à l’ordre du jour, mais le processus d’homogénéisation est en route. Cette mise à jour de l’appareil d’Etat n’est qu’une adaptation à l’émergence de sociétés modernes et complexes, où une partie de plus en plus grande de la population échappe à l’isolement des communautés rurales plongées dans l’ignorance politique, pour adopter une vision étendue à tout le pays et au-delà. En France, le patriotisme existe en dehors de l’Etat royal et même contre lui. Le gouvernement du Cardinal Fleury et le Roi sont accusés de défaitisme (et de tous les maux) par le peuple instruit, considérant l’Autriche comme l’ennemi héréditaire (1744-1745). Le terme prend une connotation politique dominante (XVIIIème). Des historiens au service du Roi rapportent les hauts faits de la « nation française ». Anne Gabriel Henri Bernard[17]développe une histoire de la Noblesse (incarnant selon lui la nation) descendant des Francs, peuple victorieux dans ses conquêtes: « La noblesse est un privilège naturel et incommunicable d’autre manière que par la naissance ». Il critique Philippe le Bel qui a anobli des Roturiers, corrompant ainsi la Noblesse. En contrepoint, Gabriel Bonnot de Mably[18] soutient qu’après la conquête franque, les divers peuples soumis, surtout les Gaulois, se sont peu à peu mêlés pour ne faire qu’un. C’est le début de l’opposition entre la conception aristocratique de la nation (qu’on appellerait « ethnique » de nos jours) avec le « droit du sang », et celle des « philosophes des Lumières », plus « assimilationniste ». Cette opposition est aussi très politique, la Noblesse s’identifiant à la nation (au pouvoir) alors que la Bourgeoisie (avec les philosophes identifiant l’ensemble de la population à la nation) affirme la légitimité de l’intervention des Roturiers dans le débat politique. Jean Jacques Rousseau[19] met en avant l’unité du peuple avec le « Contrat social » que ses membres sont appelés à signer. Les mots « nation et peuple » prennent des sens partisans en rapport à la politique intérieure, désignant la population (peuple) revendiquant légitimement le pouvoir. Ses membres seront, pour les historiens d’alors, ceux de l’Aristocratie ou des Roturiers (Bourgeois) discutant respectivement de leur légitimité, de leurs origines, de leur histoire, voire de leur composition.

Les enjeux de politique intérieure, représentants de l’Aristocratie contre ceux de la Bourgeoisie éclairée (adeptes des Lumières) font triompher la définition révolutionnaire de la nation (1789) synonyme de « peuple » ou de « Tiers-Etat » (les Nobles sont des étrangers). La Révolution ouvre un premier front, central jusqu’à la fin du XIXème siècle, opposant Républicains (« gauche » d’alors) défendant la Nation, et monarchistes (« droite ») récusant ce vocabulaire, car contestant la légitimité du suffrage universel et le principe d’égalité entre tous les citoyens. C’est aussi la libération des cultures populaires contre la culture classique diffusée depuis Versailles. Sous la plume des philosophes, la Nation devient l’expression politique du peuple. Après la brochure « Qu’est-ce que le Tiers État ? » d’Emmanuel-Joseph Sieyès, la Révolution l’officialisera, l’incluant dans la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » (1789). Ce sens de la nation, devenue officielle, permet à la Bourgeoisie de justifier l’abolition des privilèges de l’Aristocratie.

c) L’influence de la Physiocratie

Reinhard Bach[20] montre son influence sur Condorcet, Emmanuel-Joseph Sieyès, Mirabeau et autres. Selon lui, il ne s’agit pas pour eux de détruire le pouvoir absolu, mais de le convertir : « Au moment où la Révolution survint, on n’avait presque rien détruit du vieil édifice administratif de la France; on en avait pour ainsi dire, bâti un autre en sous-œuvre ».

Selon lui, en quelque sorte, l’appareil administratif patiemment élaboré depuis Richelieu va apparaître officiellement, incluant l’apport important des Physiocrates, même s’il déplore par ailleurs leur manque de goût pour la liberté, car guère libéraux en politique.

– Une rénovation dans la continuité

Un peuple abstrait remplace le Roi à la tête d’une souveraineté (Cardin Le Bret). La loi de 1792 institue l’état civil moderne, même si les registres restent incomplets ou n’entrent en vigueur qu’à la fin de l’Empire dans certaines régions. Il permet d’accorder la citoyenneté, mettant aussi en place la Conscription. L’appareil administratif, selon les Physiocrates restera le même. Les changements sont plus de forme, les Préfets succédant aux Intendants, le Conseil d’État au Conseil Royal. Une Université impériale étatique est créée avec le monopole de l’enseignement (1806) et des « Ecoles spéciales » sont créées, remaniées, ou refondées pour fournir à l’État le personnel technique de haut niveau (milieu du XVIIIème).

– Évolution de l’école française au début du XIXème siècle

Les conceptions du peuple et de la nation évoluent, s’influençant l’une l’autre (1830-1840). Les historiens français apprécient les nouvelles méthodes de travail (témoignages, archives). Augustin Thierry[21] réhabilite l’explication des particularités historiques par la race plutôt que par le climat, déclarant à propos de l’Irlande : « La persistance de deux nations ennemies sur le même sol […] dérive[nt] comme d’un fond inépuisable de cette hostilité originelle : l’antipathie de race survivant à toutes les révolutions des mœurs, des lois et du langage, se perpétuant à travers les siècles […] ».

Voulant identifier la nation au Tiers-État durant la seconde Restauration, il accepte l’origine franque de la Noblesse, et celle gauloise du Tiers-État. Décrivant la France comme « deux nations sur la même terre », il ne nie pas la fusion progressive des différents peuples y vivant, il y a « bien des siècles ». Il appelle les historiens à réconcilier les différentes parties de la nation en racontant la « véritable histoire de France » exaltant son « héros », « la nation tout entière : tous les aïeux [devant] y figurer tour à tour ».

d) Les expériences nationales françaises et allemandes

Le « Principe des nationalités » s’appuie sur la culture pour alimenter les mouvements de libération nationale contre les Régimes impériaux. Cette défense des identités nationales a alors un caractère progressiste. A l’ère romantique, cette conception culturelle s’impose en France. Dans la première moitié du XIXème siècle, l’espace public est mobilisé par une fraction de l’élite vivant à Paris. Le clivage ville/campagne reste alors déterminant. Les paysans (¾ de la population) en règle générale analphabètes, sont exclus de participation à la vie politique. L’exode rural vers Paris s’intensifie, renforçant la menace d’une nouvelle révolution[22] avec accumulation des classes prolétaires dans la capitale, perçues par les riches comme dangereuses. Dans ce contexte, les historiens élaborent les premières définitions de l’identité nationale. Pour Jules Michelet (Tableau de la France, 1832) l’Allemagne est une « race », l’Angleterre un Empire et la France une « personne » ayant pris conscience d’elle-même en 1789. La Révolution a commencé à répandre les « Lumières ». Depuis Paris, elles doivent être diffusées dans tout le peuple, pour que les « nationalités » de Province (appelée aussi « races ») se fondent dans la nationalité française, accédant ainsi à la civilisation. Cette définition de l’identité nationale repose sur l’idée que la lutte des contraires est facteur de progrès. La « nation française ne peut rester elle-même qu’en se révolutionnant sans cesse », d’où la formule « France, patrie de l’universel ». Il ne s’agit plus de conserver les traditions du passé, mais de les éradiquer par un long travail d’assimilation nationale.

e) Une nouvelle « objectivité… patriotique »

– Après 1870 : La constitution de la nation allemande et l’annexion de l’Alsace-Lorraine transforment les intellectuels français en porte-parole de leur communauté nationale. Les notions de peuple et de nation ne sont plus sujet de polémique entre Français. Les historiens se veulent rassembleurs de tous les Français autour de la mémoire collective, contre l’adversaire allemand. Dès 1870, une évolution similaire a lieu chez les historiens allemands. Cette crispation justifiera l’idée de deux définitions de la nation, et la formulation de deux concepts distincts et incompatibles. Une définition française est nommée « subjective », en opposition à la conception « objective » allemande. Dès lors, certains préféreront la distinction entre nation « ethnique » et « civique » (double dimension, dichotomie ethnique/civique). Ernest Renan[23] pose comme critères de l’appartenance nationale : « Le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis […] L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de la vie ». ».

Pour Numa Denys Fustel de Coulanges : « Si l’Alsace est allemande de langue et de race, elle est française par le « sentiment de la patrie », et « depuis 1789 elle a suivi toutes nos destinées…».

– Le rejet de l’universalisme

Les écrits valorisent le déterminisme historique, la continuité des traditions et la monarchie (Thèse d’Hippolyte Adolphe Taine[24] sur les « caractères nationaux », version historisante de la race). Le premier facteur expliquant ce tournant est militaire, avec la déroute face à la Prusse, l’occupation du territoire et l’humiliation du Traité de Francfort mettant fin brutalement à la vision optimiste et progressiste de la nation dominant jusqu’alors. La polémique entre historiens des deux pays (la nation étant acquise) vise à légitimer la revendication de l’Alsace-Lorraine. Plus question dès lors d’encourager l’émergence de nouvelles nationalités, mais de défendre la sienne contre les autres.

– L’État et la troisième République

Les citoyens doivent obéir aux lois qu’ils ont contribué à élaborer, et défendre l’État qui les protège (loi de 1889 sur la Conscription au nom de la solidarité nationale, élargie aux questions économiques et sociales). Les changements économiques provoquent des situations difficiles, détruisant un mode de production de pluriactivités développé depuis le milieu du XVIIIème siècle (de multiples petits pays vivent et prospèrent en quasi-autarcie) et la perte de la sécurité des communautés et individus dans leur environnement immédiat (villages, paroisses, églises…). Les traités inspirés du « libre-échange » sont dénoncés, les mesures protectionnistes se développent. Le droit de douane a pour enjeu le contrôle de l’entrée des marchandises, mais aussi les déplacements des personnes étrangères. Le mot « immigration » s’impose alors dans le dictionnaire. La 1ère « loi sur la nationalité » française (1889) est la conséquence du Protectionnisme. Cette question devient un enjeu fondamental pour « l’identité nationale ». L’Etat-nation constitue un groupe social composé d’individus qui tous, légalement, peuvent participer à l’exercice du pouvoir souverain. La qualité essentielle est la loyauté vis-à-vis de la communauté nationale, dont la survie dépend. Cette définition politique de la nation n’est pas propre à la France. Découlant du « Principe des Nationalités », elle est universelle. Chaque Etat légifère en matière de nationalité, se situant par rapport à ses concurrents, défendant ses intérêts. Le clivage se dessine entre pays d’émigration voulant garder une emprise sur leurs ressortissants à l’étranger (Allemagne, Italie) avec le jus sanguinis (droit du sang) et pays d’immigration (France, USA…) privilégiant l’intégration avec le jus soli (droit du sol). Le contexte est marqué par les antagonismes militaires, le nombre de soldats décidant de la guerre. La nationalité (appartenance à l’État) devient un enjeu politique majeur. Les enfants de parents étrangers, jusqu’alors d’office français à leur naissance, sont privés de la double nationalité (loi de 1889). Fin du XIXème siècle, les écrits de nombre d’écrivains, et l’école gratuite laïque et obligatoire (Jules Ferry) renforcent la démarche centralisatrice et jacobine. Le service militaire, les symboles républicains (drapeau, Marianne, Marseillaise, fête nationale) et la valorisation du patrimoine officiel veulent renforcer l’idée de l’État-nation et du sentiment national français.

– Une identité française figée

Après 1870 et dans les dernières années du XIXème siècle, des historiens modifient la manière d’appréhender le thème de la nation au plan intellectuel. Ils adoptent cependant une «vision ethniste du peuple et de la nation» avec une posture de glorification permanente de la patrie française (en opposition à la pensée allemande). Ils réécrivent l’histoire de la France dans un «souci d’objectivité», suivant la «méthode historique», mais ils ne cherchent pas à définir la nation, voulant «consolider la mémoire nationale». Ernest Lavisse (1842-1922) publie son «Histoire de France» (1901-1914, chronologie jusqu’à Louis XIV) se voulant consensuelle (entre Français) et au service de la Patrie, mais il confond souvent «point de vue national français et universel». La nation apparaît d’abord comme une construction politique. Sa fonction est de garantir la cohésion sociale et de faire respecter l’autorité de l’État : «La France est là dès le départ, avant l’histoire, dans ses contours, son territoire, son caractère» (1er tome du Lavisse). Cette vision statique de l’identité de la France se retrouve dans des considérations sur la persistance du «tempérament national», malgré les bouleversements dus à l’industrialisation et à l’urbanisme. Ces visions, à l’opposé de Jules Michelet, qui voyait la nation comme une dialectique permanente des différences vers un avenir commun, figent ainsi les «ethnies» composant la nation, conduisant André Siegfried[25] à dire qu’en «politique, les Normands ne sont pas Français» (1913) et plus tard que l’assimilation des Slaves et des Méditerranéens est difficile du fait de «la résistance instinctive de civilisations trop différentes, notamment en ce qui concerne la conception même de l’individu, de la famille ou du clan» (1946). Ces thèses alimenteront celles sur les immigrésfaisant peser une menace sur l’identité française.

– Une approche juridique

Maurice Halbwachs (1937) affirme la persistance de «traits d’origine» venant des «êtres collectifs» des diverses populations des «régions françaises»[26]. Fin du XIXème siècle, la nation est un thème brandi par nombre de mouvements et auteurs (Georges Montandon, René Martial et autres) par esprit revanchard contre l’Allemagne, se revendiquant du nationalisme, voire du racisme. Les arguments sont repris par l’extrême-droite sur fond de crise économique frappant le pays. Le thème «à bas les étrangers» apparaît dans les élections (Maurice Barrès[27]). Les dérives raciales et violentes du concept de la nation culminent (1945).

Compléments : Quelques rappels du « passé colonial »

La « décolonisation» du second empire colonial français[28] : La Constitution de 1946 crée l’Union française, qui remplace l’Empire : les colonies deviennent Départements et Territoires d’outre-mer (DOM-TOM). La fin de l’Indochine française et l’indépendance des Royaumes du Cambodge, du Laos et du Viêt Nam (divisé entre État Viêt Nam-Sud et République démocratique Viêt Nam-Nord), concluant la guerre d’Indochine (Accords de Genève – 21 juillet 1954) marquent le début de cetteDécolonisation.

Au Maghreb, période marquée par la guerre d’Algérie aboutissant à l’Indépendance (18 mars 1962-Accords d’Évian). La France accorde l’Autonomie au Maroc et la Tunisie (1956), suite à de nombreuses manifestations indépendantistes : insurrection de Casablanca (1953), exil d’Habib Bourguiba (1952) et de Mohammed Ben Youssef (1953)…Entre-autres évènements violents voire insurrectionnels, la période est marquée par les troubles à Madagascar (12000 morts-répression de 1947-Gouvernement socialiste Paul Ramadier) ou au Cameroun.

La Communauté française (Vème République)

L’Association politique entre la France et les États de son empire colonial, alors “en voie de décolonisation”, est créée en 1958 par la Constitution de la Vème République, remplaçant l’Union française. La Communauté de la Constitution de 1958[29] est une fédération entre la France et certaines de ses anciennes possessions Outre-Mer (1958-1961). Elle devient caduque dès 1960 du fait de l’indépendance de tous les États membres. Les dispositions constitutionnelles la concernant ne seront officiellement abrogées qu’en 1995.

Création: La loi constitutionnelle du 3 juin 1958 confie au gouvernement de Charles de Gaulle un mandat d’établir un Projet de constitution permettant « d’organiser les rapports de la République avec les peuples qui lui sont associés ». Ce mandat est concrétisé par le titre XII de la Constitution du 4 octobre 1958, qui prévoit la création du Communauté au sein de laquelle « les États jouissent de l’autonomie […], s’administrent eux-mêmes et gèrent démocratiquement et librement leurs propres affaires». Il s’agit de facto d’une institution de nature fédérale. L’art. 76 prévoit en outre que les Territoires d’Outre-Mer puissent choisir entre trois possibilités : soit garder leur statut, soit devenir Département d’Outre-Mer (donc l’intgration à la République), soit devenir un État membre de la Communauté (c’est-à-dire plus d’Autonomie, voire d’indépendance). Aucun territoire ne choisit de devenir Département d’Outre-Mer[30]. Dès 1958, la Guinée française refuse la Constitution, refusant le principe de la Communauté française remplaçant l’Union française. La Décolonisation de l’Afrique noire débute avec son accession à l’Indépendance de la Guinée (1958).

Indépendances :

La Communauté ne fonctionne pleinement qu’en 1959 . Dès avril 1960, des accords permettent l’indépendance de Madagascar et de la Fédération du Mali (regroupant alors le Sénégal et le Soudan). Alors que la version originelle de la Constitution prévoyait qu’« un État membre de la Communauté peut devenir indépendant, cessant alors d’appartenir à la Communauté », la Loi constitutionnelle du 4 juin 1960 prévoit qu’un État puisse devenir indépendant et, « par voie d’accords », rester membre de la Communauté. L’amendement prévoit aussi qu’un État déjà indépendant puisse rejoindre la Communauté, mais cette disposition ne sera jamais appliquée. En 1960, l’ensemble des États membres proclament leur indépendance[31] : Bien que certains États ne se soient pas officiellement retirés de la Communauté, celle-ci n’existe de facto plus dès la fin de l’année 1960.

Caducité : Le 16 mars 1961, le 1er ministre français, Michel Debré, et le Président du Sénat de la Communauté, Gaston Monnerville, constatent la caducité des dispositions constitutionnelles relatives à la Communauté. Toutefois, les dispositions de la Constitution relatives à la Communauté ne sont officiellement abrogées que par le chapitre IV de la loi constitutionnelle no 95-880 du 4 août 1995.

En 1960, tous les pays d’Afrique noire deviennent indépendants. La France conservant des liens étroits avec ces anciennes colonies, va dès lors développer avec elles, de nouveaux rapports fondés sur une coopération multiforme, mais d’où n’est pas absente la tentation néo-colonialiste : coopération militaire, (Gendarme de l’Afrique, au Tchad, Zaïre, Centrafrique…) monétaire et financière (Franc CFA) économique et culturelle.. Les territoires restés français forment les DOM-TOM. En 1962, Il ne reste plus de cet ancien empire colonial français que quelques « confettis » correspondant aux Départements et Territoires d’Outre-Mer (DOM-TOM) situés en Amérique, Océanie et dans le Pacifique, où les revendications indépendantistes vont resurgir

En Corse

En Corse, les Français signent le Traité de Compiègne (1756) accordant à Gênes des subsides et des troupes pour occuper Ajaccio, Calvi et St-Florent jusqu’en mars 1759, simple délégation alors, la France devant administrer l’île 10 ans et la pacifier. Le secondTraité de Compiègne est signé (6 août 1764). Les 10 ans écoulés, Gênes, n’arrivant plus à reconquérir l’île, ne peut rembourser ses frais. La France lui rachète ses droits, avec la souveraineté sur l’île, devenant sa propriété. Louis XV met un terme à l’expérience paoliste et à l’indépendance de l’île par une annexion brutale et une conquête militaire (défaite de Ponte Novu -9 mai 1769). Les troupes du Marquis de Chauvelin occupent le Cap corse. Après plusieurs batailles, certaines remportées par les milices populaires paolistes (Borgu, octobre 1768) les troupes françaises renforcées au printemps par le Comte de Vaux (35000 soldats) triomphent le 9 mai à Ponte Novu.

La défaite de Ponte-Novu (9 mai 1769) marque la fin de l’indépendance[32], l’annexion par les armes et le début de la Corse française (pacification). Dès lors coupée de son aire socioculturelle italique et méditerranéenne, l’île est conduite à oublier ses traditions socioculturelles, son héritage politique des «Luminati» italiens, porté par l’œuvre de Pasquale Paoli, son vocabulaire politique, elle qui est déjà une «nazione», de sa conception marquée par l’Italie pré-unitaire (relations avec Garibaldi et les Carbonari) puis par le Risorgimento auquel elle a participé. Extraite de cet univers qui l’a modelée, elle apparaîtra (politique d’intégration française) comme un territoire incompréhensible, rivé à paraître irrationnel et obscur.

La résistance culturelle

La résistance armée ayant été brisée à la fin du 1er Empire, l’opposition corse à la politique française dans l’île va surtout se concrétiser au plan culturel à la fin du XIXème siècle. Le lever de rideau sur la revendication linguistique se fait en 1896, autour du journal «A Tramuntana», 1er journal en langue corse (Santu Casanova) et en 1905, avec «A Corsica», autre journal dont la devise «A Corsica farà da sè» (La Corse se fera d’elle-même). En 1914, Ghjacumu Santu Versini et Saveriu Paoli publient «A Cispra». Sa devise«A Corsica un’ hé micca un dipartimentu francese, ma una nazione chi hà da rinasce» (La Corse n’est pas un département français mais une nation qui va renaître) donne sa dimension à ce nouvel élan, confirmant la propagation d’un nouveau sentiment national que l’histoire retiendra sous le nom de «Corsisme». Ces balbutiements «nationalistes» trouvent leur origine dans les manifestations accompagnant notamment le retour des cendres de Pasquale Paoli (1889) aux cris de «Evviva Paoli, evviva a Nazione» (Vive Paoli, Vive la Nation).

La 1ère Guerre mondiale et ses conséquences

Ces mouvements seront brisés avec la 1ère Guerre mondiale, la Corse payant un lourd tribut. Parmi les quelques 48 000 mobilisés (4 ans de guerre) on compte peu d’engagés volontaires. À ces mobilisés s’ajoutent près de 9000 militaires de carrière, déjà sous les drapeaux, originaires de l’île. L’île doit mobiliser des pères de famille comptant cinq enfants, les Corses étant mobilisés jusqu’à deux générations. La perte de milliers de bras accentue le déclin de l’intérieur et le sous-développement général. L’île, privée de main d’œuvre, les femmes doivent subvenir aux besoins de nombreuses familles, travaillant aux durs labeurs des champs.

Les balbutiements «corsistes» précédant la 1ère guerre mondiale brisée, les mouvements portant leurs revendications vont s’essouffler. Au lendemain de la guerre 14-18, un autre mouvement s’organise autour du journal «A Muvra», permettant à nouveau dans l’entre-deux-guerres, l’expression d’un courant important autour du «Partitu Corsu d’Azzione» devenu ensuite «Partitu Corsu Autonumistu» (PCA) de Petru Rocca.

Mais en 1927, les prétentions de Mussolini voulant annexer l’île (édition corse du journal «Télégrafo » à Livourne qui deviendra «A Voce dell’isula di Corsica ») vont attirer certains corsistes, même si bien d’entre-eux (dont des proches du Parti Communiste ou de la gauche à l’origine, dont les écrits prônent aux débuts l’internationalisme des peuples dans le monde face à l’impérialisme) ne se laisseront pas manipuler. Mais certains vont succomber aux «sirènes irrédentistes», se fourvoyant dans le fascisme, emportés par l’admiration pour l’Italie et la proximité culturelle et linguistique de l’île avec cette Péninsule, longtemps «terra ferma» pour les Corses les siècles précédents, ce qui les conduira à occulter la «réalité» fasciste du régime Mussolinien. Le poète Santu Casanova, un pionnier du Corsisme, s’installera à Livourne (1936) reçu en triomphe (1934) par Mussolini et le chantre de «l’irrédentisme» Francesco Guerri qui avait exposé ses fondements doctrinaux dans «Gli anni e le opere dell’irrédentismo corso». D’autres…parmi leurs détracteurs, se sont aussi laissé contaminer par l’idéologie fasciste (François Coty, Dominique Paoli). Les accointances du chef de clan François Pietri, futur Vichyste notoire, avec le fascisme italien et la fascination envers Hitler sont très partagées durant des années par bien des élus de la classe politique corse ! «Vive l’Italie, vive le Duce» ponctue le télégramme envoyé par le conseil municipal d’Ajaccio après l’expédition italienne en Éthiopie.

La seconde guerre mondiale et la « Libération » de l’Île

L’Italie fasciste prétend annexer Nice, la Savoie et la Corse (30 nov. 1938). Mais la majorité de la population ne veut pas en entendre parler. Les manifestations vont s’organiser et conduire au « Serment de Bastia » (4 déc. 1938) prononcé par Jean Baptiste Ferracci devant 10000 personnes dont la motivation est surtout l’opposition au régime mussolinien et ses prétentions. Ce Serment réaffirme l’attachement de la Corse à laliberté et le rejet de l’irrédentisme mussolinien. Dès le lendemain des «Comités antifascistes» sont créés à Ajaccio et Bastia. À Paris, les étudiants défilent aux cris de «La Corse contre le fascisme ! À mort Mussolini !» La situation va conduire le Président Daladier à s’intéresser au sort de cette pauvre « île oubliée», lors d’une visite sans lendemains (1er janv. 1939).

La guerre 40-45 et l’occupation italienne fournissent aux Corses une nouvelle occasion de montrer leur esprit résistant. Après la défaite et l’armistice (22 juin 1940) l’île est rattachée à la «Zone libre» jusqu’en 1942. L’autorité du «Régime de Vichy» s’installe et la Résistance s’organise autour du «Front national» créé par Henri Maillot (Gaulliste) et Arthur Giovonni (Parti communiste). Un autre réseau, R2 Corse, relié aux «Français libres» du Général de Gaulle, dirigé par Fred Scamaroni, tente aussi de s’organiser, établissant les premiers contacts avec Londres dès 1941.

Les Corses se soulèvent (8 sept. 1943). Le Général Giovanni Magli, Commandant les troupes italiennes en Corse, suite à un ultimatum du Commandant Paulin Colonna d’Istria, rejoint le camp des Alliés à partir du 11 septembre. Le «Comité de Libération» occupe la préfecture d’Ajaccio, contraignant le préfet de Vichy à signer le ralliement de la Corse au CFLN. Bastia est durement bombardée par des avions et des navires allemands. Les Résistants corses, appuyés par les divisions italiennes Cremona et Friuli, neutralisent les éléments fascistes (9 sept.). L’île sera le «1er département de France» libéré par ses propres forces (sept. 1943) et ce grâce à l’action des patriotes corses, sans intervention des Anglo-américains, qui débarquent alors en Italie.

Le nouveau Préfet de Corse nommé par le CFLN, Charles Luizet, arrive sur l’île (14 sept.). Le 17, le Général Henry Martin rencontre le général italien Giovanni Magli à Corte pour coordonner les mouvements des troupes alliées et italiennes. Les troupes marocaines (goumiers) joueront un rôle déterminant, prenant le col de San Stefano (30 sept) puis le col de Teghime (3 octobre) rejoignant ensuite les patriotes harcelant les troupes allemandes le long de la plaine orientale qui évacuent Bastia, détruisant ponts et chemin de fer pour protéger leur retraite (nuit du 3 au 4 oct.). La Corse reçoit la visite du Général de Gaulle (8 oct.). L’île devient une base pour la suite des opérations en Italie puis le débarquement en Provence (août 1944) nombre de résistants et militaires corses poursuivant alors la résistance et les combats sur d’autres territoires jusqu’à Berlin

La traversée du désert de l’après-guerre

La guerre 40-45 et l’occupation italienne ont montré l’esprit résistant des Corses. Mais les velléités d’annexion de Mussolini[33], et le fourvoiement de certains «Corsistes» ont rendu le «Corsisme» suspect. Amalgamé aux positions irrédentistes et fascistes d’une poignée de militants, il sort exsangue du 2ème conflit, suspect et taxé d’irrédentisme après la fin de la guerre, jusqu’aux années 70-80. La Corse s’enfonce alors dans la torpeur. Le dépeuplement et la désertification gagnent du terrain. Les Corses vont être victimes d’une propagande véhiculée par les clans distillant le fatalisme et impulsant une logique de l’exil. Le clanisme triomphant se contentera d’aider à l’exil dans les colonies ou l’administration, de milliers de jeunes pour lesquels la Corse n’a pas d’avenir. La 2ème vague d’émigration qui sert les intérêts de l’Empire français (Extrême-Orient et en Afrique…) se poursuit jusque dans les années 60 (décolonisation du Maghreb).

Le réveil des années 60

Il faudra attendre le milieu des années 50, alors que la langue corse a été quasiment éradiquée des écoles par les «hussards de la République» et que la «Loi Déixonne» en faveur des langues régionales l’a oubliée, pour voir apparaître le journal bilingue «U Muntese», fondé par Petru Ciavatti, où se retrouvent, aux côtés d’une nouvelle génération, nombre d’anciens corsistes, et les balbutiements d’un discours et d’une nouvelle revendication «régionaliste».

Depuis, la Corse n’a cessé d’occuper la une de l’actualité, posant à la France un problème de fond, que ses responsables politiques ont toujours tenté de nier, de camoufler ou de dénaturer pour ne pas avoir à s’interroger sur la nature des relations entre l’Etat français et l’île de Corse depuis son annexion militaire, puis économique et politique…

La « conscience nationale »

Selon Miroslav Hroch[34], dans ses travaux comparatifs de petits mouvements nationaux européens, la « conscience nationale » se développe inégalement parmi les groupes sociaux et les diverses régions d’un pays. La plupart des spécialistes seraient incidemment d’accord pour dire que quelle que soit la nature des groupes sociaux accédant en premier à la « conscience nationale », les masses populaires (ouvriers, paysans, serviteurs) sont les dernières touchées.

D’où selon Miroslav Hroch35] l’utile division de l’histoire des mouvements nationaux en trois phases (étudie de l’Europe du XIXème siècle) :

La phase A, culturelle et folklorique, sans conséquence particulière au plan politique, ni même national.

La phase B, avec l’apparition d’un groupe de pionniers et de militants de « l’idée nationale » (patriotes) et le début d’une campagne politique autour de cette idée (composition, répartition de cette minorité agissante).

La phase C, moment où les programmes nationalistes ont acquis, ce qui n’était pas le cas avant, un soutien de masse ou d’une partie des masses que les nationalistes ont toujours prétendu représenter. La transition de la phase B à C constitue un moment crucial dans la chronologie des mouvements nationaux. En Irlande, cette transition s’est effectuée avant la création d’un Etat national.

Au départ, les fondements de la lutte sur lesquelles s’appuie le mouvement nationaliste contestataire, toutes tendances confondues, s’organisent autour de groupes, organisations et structures-partis mettant en avant les revendications fondamentales communes pour l’essentiel (langue, culture, religion, peuple (voire race) nation, identité, nation, souveraineté …) qui sous-tendront leur action les années qui suivent. Un clivage s’opère autour de la revendication institutionnelle (autonomie/indépendance). Puis un clivage s’opère autour des moyens d’action (lutte armée ou non) avec la création des structures armées [36]. Les concepts-référents du début, avec la prédominance de la question culturelle, et de la langue (voire de la religion) évoluent. Les questions de la lutte armée et du choix de société vont alors diviser le mouvement créant un clivage définitif entre les deux démarches (radicaux et modérés)37].

Pierre Poggioli

[1] HROCH Miroslav, Une logique d’émancipation sociale, chap 3, p. 40-57. Cf. ROGER Antoine, Les grandes théories du nationalisme, op. cit.

[2] WALKER Connor, Nationalism and Political Illegitimacy, Daniel Converse, Ethno-nationalism in the Contemporary World. Walker Connor and the Study of nationalism, Londres, Routledge, 2002, p. 24.

[3] Catégories sociologiques désignant deux types d’associations d’humains, introduites par le sociologue allemand Ferdinand Tönnies (ouvrage Gemeinschaft und Gesellschaft-1887). La Gemeinschaft, signifiant communauté, représente une communauté privilégiant la prépondérance du tout. La Gesellschaft, signifiant société représente une association d’individus.

[4] L’idée de nation s’y est développée en l’absence d’un cadre étatique unitaire, l’existence d’une langue et d’une culture commune permettant de concevoir la nation allemande en l’absence de toute unité politique avant 1871. En Italie, avec le Risorgimento (où les évolutions auront une grande influence sur la Corse incluse dans l’aire italique) le sentiment national a servi de ciment idéologique préalable à l’unification de l’Etat.

[5] FINKIELKRAUT Alain, La défaite de la pensée, Paris, Gallimard, 1987, p. 39.

[6] PLAMENATZ John, (Two types of nationalism, in E. Kamenka edit.) Nationalism, Londres E. Arnold, 1973), sur la différentiation entre les nationalismes universaliste et ethnique, ou territorial et culturel, ou la distinction de Hans Kohn entre le “nationalisme occidental” politique, et sa version “orientale”, ethnoculturelle (The Study of nationalism, New-York, Macmillan, 1946, p. 334-346)

[7] THIESSE Anne Marie, La création des identités nationales : Europe XVIIIème-XXème siècle, op. cit.

[8] SMITH Anthony D, National Identity, Londres, Penguin book, 1990, p. 10.

[9] Les royaumes d’Angleterre et d’Écosse ont cohabité comme nations souveraines et indépendantes avec leurs propres monarques et structures politiques depuis le IXème siècle. Le Royaume d’Angleterre constitua une entité distincte jusqu’au 1er mai 1707. Avec «l’Acte d’Union», l’Angleterre (incluant déjà le Pays de Galles) et l’Écosse, déjà unis depuis «l’Union des Couronnes» (1603), instituèrent une union politique sous la forme d’un «Royaume de Grande-Bretagne». La principauté indépendante de Galles tomba aux mains des monarques anglais (Statut de Rhuddlan-1284).

[10] En sports, le football (le plus populaire) le rugby, le cricket et le golf sont originaires du Royaume-Uni, qui ne joue pas en tant que tel, chaque pays possédant sa propre équipe. Représentées au sein du tournoi des six nations, les Irlandais du Nord jouant dans la même équipe que les joueurs de la République d’Irlande.

[11] Après la 2ème Guerre, en réaction à «l’impérialisme linguistique» anglais, elle va établir des liens culturels avec les pays de langue française dans le monde par le biais de la «Francophonie». La protection de la langue française est aujourd’hui intégrée dans le droit : art 2 de la Constitution (loi Toubon) au grand dam des défenseurs des langues des territoires périphériques, pointant du doigt la non signature de la charte des langues européennes par l’Etat français.

[12] COUZINET Marie Dominique, Histoire et Méthode à la Renaissance, une lecture de la Methodus de Jean Bodin, Paris, Vrin, Coll. Philologie /Mercure, 1996, 382 p.

[13] LE BRET Cardin, Traité de la souveraineté du roi, de son domaine, et de sa couronne, 1632. Conseiller juridique de Richelieu.

[14] BODIN Jean, La Méthode pour étudier l’Histoire (1556, en latin)

– BODIN Jean, Les Six Livres de la République (6 livres, Paris, 1576).

BODIN Jean (1529-1596) jurisconsulte, philosophe et théoricien politique français, qui influença l’histoire intellectuelle de l’Europe par la formulation de ses théories économiques et de ses principes du « bon gouvernement ». Considéré comme l’introducteur du concept moderne de souveraineté. En outre, il se fit l’avocat de la tolérance religieuse dans une époque particulièrement intolérante. On cite souvent de lui l’aphorisme « Il n’est de richesses que d’hommes ».

[15] HOBBES Thomas (5 avril 1588-Westport, Angleterre –4 déc. 1679– Hardwick Hall-Derbyshire-Angleterre) Philosophe anglais. Son œuvre majeure, le Léviathan, eut une influence considérable sur la philosophie politique moderne, par sa conceptualisation de l’état de nature et du contrat social, conceptualisation qui fonde les bases de la souveraineté. Quoique souvent accusé de conservatisme excessif (Hannah Arendt par exemple), ayant inspiré des auteurs comme Maistre et Schmitt, le Léviathan eut aussi une influence considérable sur l’émergence du libéralisme et de la pensée économique libérale du XXe siècle, et sur l’étude des relations internationales et de son courant rationalistedominant : le réalisme.

[16] HANNATH Arendt, Essai sur la révolution, Paris, Gallimard, 1967.

[17]BERNARD Anne Gabriel Henri, Marquis de Boulainvilliers (1658–1722) historien français, théoricien de l’aristocratie française sous l’Ancien Régime.

[18] DE MABLY Gabriel Bonnot (1709–1785) philosophe français. Issu d’une famille de noblesse parlementaire, l’abbé Mably était le frère de Condillac, lui aussi philosophe. Il dénonça le « despotisme légal » (Doutes proposés aux philosophes et aux économistes sur l’ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, 1768). Critiqua aussi le système politique anglais qui selon lui, subordonnait le pouvoir législatif au pouvoir exécutif. Présenté comme précurseur du socialisme utopique et de la Révolution., il fait une critique moralisante de la société de l’Ancien Régime, dénonçant l’inégalité des conditions et la propriété privée, cause des maux de la société. Il voit dans la propriété commune et l’égalité, moins un moyen d’atteindre le bonheur qu’un moyen d’atteindre la vertu (Observations sur l’histoire de France, 1765 ; De la législation ou Principe des lois, 1776). Admirateur des sociétés antiques, modèle de frugalité et de vertu, (Sparte), il choisit le vertueux et ascète Phocion pour modèle de sa société (Entretiens de Phocion sur le rapport de la morale et de la politique, 1763).

[19] Admiratif de la Constitution de la Corse indépendante de Pasquale Paoli.

[20] Revue française d’Histoire des idées politiques, N° 20, 2ème semestre 2 : Les Physiocrates et la Révolution française de Reinhard Bach et Collectif (Broché – 1er déc. 2004), p. 235 et suiv.

[21] THIERRY Jacques Nicolas Augustin (1795–1856) français, un des premiers historiens à travailler sur les sources originales pour construire son œuvre.

[22] Elle éclatera en 1848, Karl Marx va s’appuyer sur elle pour annoncer le renversement du capitalisme et l’avènement du communisme.

[23] RENAN Ernest, Qu’est-ce qu’une nation ?, Conférence-Sorbonne-11 mars 1882.

[24] TAINE Hippolyte Adolphe, philosophe et historien français (1828–1893).

[25] SIEGFRIED André (1875-1959) sociologue, historien et géographe français, pionnier de la sociologie électorale.

[26] HALBWACHS Maurice, sociologue français de l’école durkheimienne (1877-mort en déportation à Buchenwald le 16 mars 1945). Auteur d’une thèse sur la classe ouvrière et les niveaux de vie. Son œuvre étudie le concept de mémoire collective, qu’il a créé.

[27] BARRES Maurice (1862– 1923) écrivain et homme politique, figure de proue d’extrême-droite française.

[28] Second empire colonial contemporain, second espace colonial français, ou encore empire républicain français : Ensemble des colonies de l’empire colonial français, possédé par la France à partir de 1815, mais essentiellement constitué sous la Troisième République.

[29] La Communauté comprend à sa création :

– La République française, elle-même composée de la France métropolitaine

Les départements d’Algérie, du Sahara, et ceux d’outre mer : Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion

– Les Territoires d’outre-mer choisissant de conserver ce statut : Côte française des Somalis, Comores, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Terres australes et antarctiques françaises, St-Pierre-et-Miquelon ;

– États membres : Les Républiques : Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Dahomey, Gabon, Haute-Volta, République islamique de Mauritanie, République malgache, Fédération du Mali (République soudanaise et République du Sénégal), le Niger, Tchad, Cameroun français,

– Le Togo français (sous mandat des Nations unies) et les Nouvelles-Hébrides (condominium franco-britannique) ne font pas partie de la Communauté.

Organisation et Compétences : La Constitution, (notamment art. 77-78), prévoit que les États jouissent d’une large autonomie et puissent s’administrer librement et élire leurs propres institutions internes. Les compétences restantes à la Communauté sont la politique étrangère, la défense, la monnaie, la politique économique et financière commune et la politique des matières premières stratégiques. Le contrôle de la justice, l’enseignement supérieur, les transports extérieurs et communs et les télécommunications relèvent aussi de la Communauté mais peuvent être délégués aux États. N’étant plus membre de la République française, les États ne sont pas représentés au Parlement français. Institutions :La Communauté soit dotée d’un Président, d’un Conseil exécutif, d’un Sénat et d’une Cour arbitrale. Le président de la Communauté est ex officio le président de la République française. Les États de la Communauté participent au collège électoral chargé de son élection. Le Conseil exécutif de la Communauté est présidé par le Président de la Communauté et comprend le 1er ministre français, les chefs de gouvernement des États membres et les ministres chargés des affaires communes de la Communauté. Le Sénat de la Communauté est l’organe législatif. Il est composé de délégués du Parlement français et des législatures des États. La Cour arbitrale est chargée de statuer sur les litiges entre les différents membres de la Communauté. Un décret du 17 février 1959 donne à la Communauté les mêmes symbôles que la République française (marseillaise, drapeau, fête du 14 juillet).

[30] Les Comores, la Polynésie française, la Côte française des Somalis, la Nouvelle-Calédonie et St-Pierre-et-Miquelon choisissent de garder leur statut de territoire. À l’inverse, Le Tchad, le Dahomey, le Soudan français, la Côte d’Ivoire, Madagascar, la Mauritanie, le Moyen-Congo, le Niger, le Sénégal, l’Oubangui-Chari et la Haute-Volta deviennent des États.

[31] En juin, la Fédération du Mali et la République malgache deviennent indépendants au sein de la Communauté. En août, le Dahomey, le Niger, la Haute-Volta et la Côte-d’Ivoire deviennent indépendants et quittent la Communauté alors que le Tchad, la République centrafricaine et le Congo deviennent indépendants au sein de la Communauté. Le 20 août, le Sénégal se retire de la Fédération du Mali puis, en septembre, le République soudanaise devient la République du Mali, quittant la Communauté. En novembre, la Mauritanie devient indépendante et quitte la Communauté.

[32] Les étudiants de Corté, mobilisés au nom du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, y périssent.

[33] POLI Jean-Pierre, Autonomistes corses et irrédentisme fasciste (1920-1939) Ajaccio, DCL, 2ème trimestre 2008, 338 p.

[34] Schéma N° 6 : La dynamique des mouvements nationalistes,HROCH Miroslav, chap 3 : une logique d’émancipation sociale, in ROGER Antoine, Les grandes théories du nationalisme.

Hroch Miroslav, historien tchèque, de l’université de Prague, s’est intéressé aux nationalismes. Il a notamment écrit « les pré-conditions sociales du renouveau national en Europe ». Il y décrit un schéma que suivent toutes les nations dans leur évolution et surtout dans leur construction. Il s’agit d’un schéma descriptif qui organise en 3 phases la création des nations. Tous les pays respectent cette évolution, selon leur propre rythme, mais les phases apparaissent systématiquement, se chevauchant plus ou moins selon les pays et le contexte. Elles ne sont pas bien distinctes, mais le schéma est toujours identique

Phase1: Le nationalisme n’existe pas. Le peuple n’a pas de conscience nationale, mais les élites intellectuelles et artistiques font apparaître une nation oubliée. On va redécouvrir les mythes fondateurs ou supposés fondateurs d’une nation qui aurait préexisté. On assiste généralement à un développement de la philologie et de l’histoire, mais toutes les formes artistiques et scientifiques contribuent à ce pré-sentiment national.

Phase 2: La conscience nationale commence à se répandre et l’on assiste à la montée de minorités agissantes qui commencent à proposer un programme politique. Il y a un développement des associations et autres groupes qui font de l’essor national un objectif prioritaire.

Phase 3: Elle intervient quand les États-nations sont créés. Il s’agit de l’inculcation à l’ensemble de la population de l’idée nationale. C’est une volonté étatique qui passe par les institutions (armée, école…).

NB: Cette reflexion est tirée de la thèse en Sciences politque comparée que j’ai soutenue en juin 2011, à Sciences po Aix-Marseile”IRA-ETA-FLNC, analyse comparative” dont j’ai publié l’essentiel dans un ouvrage paru en novembre 2012 “IRA-ETA-FLNC, trois mouvements armés en Europe”…puis d’un nouvrage que j’ai publié en Juillet 2015 “Irlande, Pays Basque, Corse: Après l’adieu aux armes”

@Petru_Poggioli

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